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d’octobre 1628[1] ; il ne l’a donc pas revu depuis l’hiver de 1619 ; et l’on s’était quitté en termes tels, que si Descartes était repassé si tôt après, en 1621-1622, par la Hollande, il n’eût pas manqué de revoir son ami, comme ce fut sa première pensée beaucoup plus tard, après un intervalle de neuf ans, en 1628. Peut-être aussi l’aventure des côtes de Frise eut-elle lieu fin d’avril 1619 ? On s’expliquerait ainsi le changement d’itinéraire de notre philosophe : s’il avait choisi le trajet par mer, d’Amsterdam à Copenhague, puis à Dantzig, pour se rendre par le long détour de la Pologne et de la Hongrie, jusqu’en Autriche, c’est que le trajet direct par terre lui paraissait peu sûr ; mais si, expérience faite, on se trouvait menacé de dangers semblables pendant une traversée, ne valait-il pas mieux y renoncer, et revenir à la voie de terre, où les risques ne pouvaient pas être pires ? Et Descartes aurait abandonné son voyage à Copenhague, où une lettre de Beeckman ne put le rejoindre, ce qui explique qu’il n’y fit point réponse[2], et il se serait dirigé sur Francfort, puis Ulm, et la Bavière. Mais ce n’est là qu’une conjecture, sur laquelle nous n’avons garde d’insister.

Descartes revint en France, en février 1622, dit Baillet, et y demeura jusqu’en septembre 1623 environ[3]. On est sûr en tout cas qu’après son long voyage, il vint se reposer chez les siens en Bretagne : il était à Rennes, le 3 avril 1622[4] ; puis il alla en Poitou, où il se trouvait le 22 mai de cette même année. Il passa probablement ensuite l’hiver de 1622-1623 à Paris : une lettre paraît datée de là, le 21 mars 1623, qu’il écrivit à la veille de se remettre en route, cette fois pour l’Italie[5]. Ce nouveau voyage était occasionné par des intérêts de famille : un sien parent, mari de sa marraine, et devenu commissaire général des vivres pour l’armée du côté des Alpes, venait de

  1. Tome X, p. 331-332.
  2. Ibid., p. 167-169, et p. 169, note b.
  3. Baillet, t. I, p. 166.
  4. Tome I, p. 1-3.
  5. Ibid., p. 3-4. — Baillet, t. I, p. 118.