Page:Deschamps, Émile - Œuvres complètes, t3, 1873.djvu/27

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UNE SOIRÉE EN 1775. 17 nages monotones d’aspect et de brutalité, il n’attendra pas la fin et laissera tomber sur tout cela le rideau de l’éternité. UNE SOIREE EN 177 5 Dans ce bon vieux temps que nous aimons, dans notre ancienne monarchie (jusqu’à Louis XVI, exclusivement, dont la vie fut si pure qu’elle a fini sur l’échafaud), les choses en étaient venues, on ne peut le dissimuler, à un tel point d’habitudes galantes sur le trône, que les rois se faisaient gloire de tous leurs genres de bon- heurs, et qu’il n’aurait tenu qu’aux reines d’être fort malheureuses. Espérons qu’elles ne l’étaient pas trop. — Là-dessus, grandes clameurs de nos jeunes puritains. Ils sont dans leur droit. Il ne faut pas transiger avec le mal. Seulement, il ne faudrait pas anathématiser en masse les princes convaincus du péché d’amour. Nous ferons observer que parmi ces grands criminels se trouvent Philippe-Auguste, François 1", Henri IV et Louis XIV, et que (la chance du saint excepté, chance trop rare!) on pourrait citer de plus mauvais rois à qui on n’a point à faire de semblables reproches. Au surplus ces irrégularités, si elles ne peuvent s’excuser, s’expliquent du moins par un mot tout-puissant en France : la mode. Dans un certain monde, une chose est parce que la mode veut qu’elle soit. Si la mode exige le mal, on fait le mal sans être mauvais; si elle commande le bien, on fait le bien sans être bon, de même qu’on adopte un habillement ou une coiffure sans examiner si cela vous sied, mais tout simplement pour se mettre à la mode. Ainsi la noblesse de cour, dans les époques dont nous parlons, arrangeait sa vie et ses moeurs régis ad exem-