Page:Deschamps, Émile - Œuvres complètes, t4, 1873.djvu/116

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106 OEtIVRES D^ÉMILE DESCHAMPS. avez vu comment ils ont partagé avec des malades la chambre, sans meubles, déjà trop petite pour leur famille; faites voir, à votre tour, que la main qui con- duit un char ou dompte un fier coursier peut aussi rele- ver un infirme; cherchez le sou de l’aumône parmi Tor de vos fantaisies, et que du moins il y ait, pour Thospi- talité, presque autant de place dans vos palais que dans la mansarde d’une ouvrière ou dans l’échoppe d’un tisse- rand. ( Muse française, 1823) LES ROMANCES DU CID Les grands poëtes du grand siècle nous ont laissé des modèles de poésie didactique et narrative, et des satires, des épîtres, des apologues, qui feront sans cesse le charme et le désespoir de leurs successeurs. Voltaire tient encore, et tiendra toujours, le sceptre de la poésie fugitive et du discours philosopliique ; plus tard, l’ode pindarique ou horalienne et le poëme descriptif ont retrouvé parmi nous des lyres qui semblaient avoir sommeillé depuis les beaux âges de la Grèce et de Rome, pour ne se réveiller que sous la main des Delille et des Lebrun ; la fin du dernier siècle a vu naître aussi quelques poésies mélancoliques et des élégies amou- reuses que notre siècle ne verra pas mourir. II semble qu’on ne puisse faire un pas dans les différents sentiers du Parnasse français sans y rencontrer une foule de chefs-d’œuvre devant lesquels doit reculer le poète le plus intrépide; mais aussi, pourquoi courir après des palmes déjà cueillies, lorsqu’il existe encore des lau- riers qu’on a touchés à peine? Nos grands maîtres ont reculé la borne de la perfection dans tous les lieux où ils se sont présentés; il faut, sous peine de mort littô-