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Sous la forêt, où glisse une pâle lumière,
Ô voyageur, hâtez vos pas vers la chaumière ;
L’Angelus des hameaux retentit dans les airs.
Le filet alongé pend sur les flots déserts.
L’agneau, devant les chiens, vers le bercail se sauve,
Le troupeau des grands bœufs, au front large, au poil fauve,
S’arrache, en mugissant, aux délices des prés ;
Il s’avance, couvert de festons diaprés,
Le lourd char des moissons, criant sous l’abondance,
Et les gais moissonneurs s’échappent vers la danse.
Cependant tous les bruits meurent dans la cité ;
Près de l’ardent foyer, par l’aïeul excité,
S’arrondit la famille, et quelque vieille histoire
Enchante, en l’effrayant, l’immobile auditoire.
La porte des remparts se ferme pesamment.
Sous son aile, l’oiseau courbe son front dormant.
La nuit, qui des méchans éveille le cortége,
Du citoyen que l’ordre et que la loi protége,
N’épouvante jamais le sommeil innocent.
Ordre sacré, tes nœuds, joug aimable et puissant,
Resserrent les anneaux de l’égalité sainte ;
Tu traças des cités et tu défends l’enceinte,