Jeunes gens, vous savez tous que les mots que nous prononçons sont les signes de nos idées, et n’ont de valeur que par le rapport qu’ils ont avec elles ; sans cela ils ne seraient qu’un vain bruit. L’assemblage des mots dont se sert une nation constitue ce qu’on appelle une langue : on ne connaît aucune société d’hommes, quelque peu avancée qu’elle soit en civilisation, qui n’ait un langage de cette espèce plus ou moins grossier.
C’est sans doute cette observation, jointe à l’impossibilité de se rendre raison de la manière dont les hommes avaient pu commencer à se faire un langage, et étaient parvenus à en avoir de si perfectionnés, qui avait porté Rousseau à croire que ce ne pouvait être là une invention humaine, et que la création des langues exigeait nécessairement l’intervention de la Divinité, c’est-à-dire d’un être supérieur à l’homme. Une