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aussi parce qu’ils supportent sans impatience qu’on les arrête sur des détails que les hommes plus avancés en âge croient tous connaître, quoique souvent ils ne les aient pas examinés suffisamment.

Je crois les jeunes gens très-capables d’étudier cette science, qui n’est pas plus difficile que bien d’autres, et qui est même nécessaire à la pleine et facile intelligence de beaucoup de choses qu’on enseigne aux enfans.

Seulement il faut partir de ce qu’ils connaissent, les prendre au point où ils sont, et sur-tout ne pas commencer par vouloir leur définir les termes les plus généraux et les plus abstraits ; car quand ils seront en état de bien comprendre ces définitions, c’est-à-dire de bien voir toutes les idées comprises dans la signification de chacun de ces mots, ils sauront complètement la science.

Ce ne doit donc pas être là le début des leçons. La première chose à faire est de faire remarquer aux élèves ce qui se passe en eux lorsqu’ils pensent et qu’ils raisonnent, soit qu’ils jouent, soit qu’ils étudient.

CHAPITRE PREMIER.
Qu’est-ce que penser ?

La faculté de penser consiste à éprouver une foule d’impressions, de modifications, de manières d’être dont nous avons la conscience, et qui peuvent toutes être comprises sous la dénomination générale d’idées ou de perceptions.

Toutes ces perceptions, toutes ces idées, sont des choses que nous sentons. Elles pourraient être nom-