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nouit, et reparaissent de même dès qu’il se reproduit ; car alors nous jugeons avec sûreté que ces impressions sont autant d’effets des qualités de cet être dont la principale propriété est toujours d’être résistant à notre désir d’éprouver la sensation de mouvement.

En un mot, quand un être organisé de manière à vouloir et à agir sent en lui une volonté et une action, et en même temps une résistance à cette action voulue et sentie, il est assuré de son existence et de l’existence de quelque chose qui n’est pas lui. Action voulue et sentie d’une part, et résistance de l’autre, voilà le lien entre notre moi et les autres êtres, entre les êtres sentans et les êtres sentis.

Il suit de là que si la matière avait été non résistante nous n’aurions pu éprouver aucune sensation, et quand nous en aurions éprouvé, nous n’aurions pu connaître que notre propre existence ; et que même la matière étant douée de résistance au mouvement, un être qui ne ferait point de mouvement, ou qui en ferait sans le sentir et le vouloir, ne connaîtrait encore rien hors de lui.

Enfin, il suit de là encore qu’un être totalement immatériel et sans organes ne pourrait rien connaître que lui-même, et que nous, si nous n’étions pas, au moins en partie, composés de matière, nous ne pourrions pas penser comme nous faisons, et nous ne saurions rien de tout ce que nous savons.

CHAPITRE VIII.
Comment nos Facultés intellectuelles commencent-elles à agir ?

Ce chapitre est destiné à réfuter une opinion que j’ai émise autrefois. Je disais, tant que nous ne con-