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cevoir que dans ces espèces une foule de combinaisons se font dès le premier moment avec la même incroyable rapidité qu’elles n’acquièrent en nous que par l’exercice.

Quoi qu’il en soit, il est avéré que, par leur fréquente répétition, nos mouvemens et nos opérations intellectuelles deviennent plus rapides, plus faciles et moins sensibles, jusqu’à un degré vraiment prodigieux.

CHAPITRE XV.
Du perfectionnement graduel de nos Facultés intellectuelles.

Cette capacité de nos organes de recevoir une disposition permanente à l’occasion d’une impression passagère, est la source de tous nos progrès et de toutes nos erreurs.

Elle est la cause de tous nos progrès, car sans elle nous n’aurions absolument aucuns souvenirs.

En effet, on sent bien que si nos perceptions, lors de leur disparition, nous laissaient absolument comme nous étions avant de les avoir éprouvées, il nous serait impossible de nous les rappeler. Or, sans souvenirs, tout progrès ultérieur serait impossible.

Cependant ces progrès seraient encore bien faibles sans l’accroissement de facilité qui a lieu dans nos fonctions. Quand on songe combien toute opération nouvelle est pour nous pénible et lente, on reconnaît bien vite que l’homme brut et l’esprit cultivé diffèrent encore bien plus par l’aptitude à faire des combinaisons que par le nombre de leurs connaissances.

Mais cette disposition qui demeure dans nos