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Chant pour l’Amante
(fragments)


Mais Ô toi qui n’étais pas encore dans ma couche,
Mais Ô toi qui m’apportas les fruits clairs de tes seins
Et qui devais plus tard faire saigner ma bouche
Lutée à la blancheur perverse de tes reins.

Tu devais m’enseigner qu’il n’est pas de dictame
Plus amer et plus doux que l’ardente blessure
Ouverte dans la chair fragile de la Femme
Quand l’orage des sens fait tonner la[sic] luxure.

Beaux yeux embus de pleurs, doigts annelés de bagues,
Corps ivre du[sic] vin noir des pampres enchantés,
Vous deviez m’entraîner, roulé de vague en vague,
Vers le rivage en feu d’une autre éternité !

Capturé tout entier aux multiples liens
Que tresse sur mon cou ta chevelure torse,
Toi seule as su dompter en des jours anciens
Les fauves qui peuplaient les jungles de ma force.

Sur tes seins divergents qui fleurissaient ma bouche,
Maîtresse ! j’ai trouvé le refuge et l’asile,
Et je t’ai enlacée en un élan farouche,
Comme un python s’enlace au torse nu d’un psylle.

Par les aubes d’étain et les midis de plomb,
Ma poitrine ajustée à ton ventre convexe
Que semble couronner la mousse d’un vin blond,
Avidement, j’ai bu la coupe de ton sexe.