Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/16

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cette phrase : « Les fables milésiennes sont si puériles que c’est leur faire assez d’honneur que de leur opposer nos contes de Peau d’Âne et de la Mère l’Oye. »

La Porte, dans ses Mémoires, relate qu’en 1645, quand Louis XIV sortit des mains des femmes, « ce qui lui fit le plus de peine étoit qu’on ne lui pouvoit fournir des contes de Peau d’Âne, avec lesquels les femmes avoient coutume de l’endormir. » En 1651, Scarron, dans son Roman comique, dit en parlant de Ragotin : « On changea de discours deux ou trois fois pour se garantir d’une histoire que l’on croyoit devoir être une imitation de Peau d’Âne, » Peau d’Âne était alors le maître conte, le conte type, et on disait indifféremment des contes de Peau d’Âne ou de la Mère l’Oye.

Un peu plus tard, de la chambre des nourrices, les contes de Peau d’Âne passèrent dans les salons. Ce fut, comme l’a fort bien indiqué M. Giraud dans la préface de l’édition Perrin, le genre à la mode, durant le dernier quart du siècle, chez la marquise de Lambert, qui habitait le bel hôtel occupé aujourd’hui par le cabinet des médailles, et où se réunissait une société spirituelle et choisie, dont Fontenelle était le principal personnage ; chez la comtesse de Murat, femme de beaucoup d’esprit, qui écrivit elle-même des contes de fées ; chez Mme d’Aulnoy, amie de Saint-Évremond, et qui se fit une réputa-