Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tion avec ses historiettes ; chez Mme  Le Camus, autre femme aimable et lettrée, parente du cardinal de ce nom, épouse d’un conseiller d’État ; chez la duchesse d’Épernon ; chez la comtesse de Grammont ; enfin chez les grandes dames de Versailles que, selon une expression de Mme  de Coulanges, rapportée par Mme  de Sévigné (6 août 1677), on mitonnait avec des contes de fées.

Mais le conte de fées n’en était pas moins un genre méprisé et regardé par les gens graves comme tout à fait indigne de la littérature. Les critiques qui reprochaient ses historiettes à Boccace, « prétendant qu’il ne convenait nullement à un homme de son âge de se livrer à de semblables bagatelles, » sont de tous les siècles et surtout du XVIIe. On était alors sous l’influence du mot de Louis XIV sur les tableaux de Téniers, et Voltaire nous a appris que le roi Soleil traitait les fables de La Fontaine comme les tableaux de Téniers. Que devait-il penser des contes de Perrault ?

En 1669, dans sa Dissertation sur Joconde, Boileau s’écriait : « Qu’auroit-on dit de Virgile, bon Dieu ! si, à la descente d’Énée dans l’Italie, il lui avait fait conter par un hôtelier l’histoire de Peau d’Âne, ou les contes de Ma Mère l’Oye ? »

À cette question, qui prouvait d’ailleurs que Boileau avait lu le Virgile travesti de Scarron, on aurait pu répondre que l’auteur de l’Énéide eût