Page:Dickens - Barnabé Rudge, tome 2, Hachette, 1911.djvu/169

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vez pas quelque jeune beauté à faire enlever pour votre compte ?

— N-o-n, répondit le gentleman passant sa main sur sa barbe grise, longue au moins de deux pouces, je ne vois pas que j’en aie une qui me tienne au cœur.

— Très-bien ! dit Simon ; alors nous trouverons quelque autre moyen de vous indemniser. Quant à vous, mon brave garçon (en se tournant vers Hugh), vous aurez Miggs, vous savez, celle que je vous ai promise, et cela avant qu’il soit trois jours. Comptez là-dessus : je vous en donne ma parole ; c’est comme si vous la teniez. »

Hugh le remercia de tout son cœur, et de tout son cœur aussi se mit à rire, si bien et si fort qu’il s’en tenait les côtes, et qu’il était obligé de s’appuyer sur l’épaule de son petit capitaine, pour ne pas se rouler par terre, car il n’aurait pas pu s’en empêcher sans cela.


CHAPITRE XVIII.

Les trois honorables compagnons se dirigèrent du côté de la Botte avec l’intention de passer la nuit dans ce lieu de rendez-vous, et de chercher, à l’abri de leur antique repaire, le repos dont ils avaient tant besoin : car, maintenant que l’œuvre de destruction qu’ils avaient méditée se trouvait accomplie, et qu’ils avaient mis, pour la nuit, leurs prisonnières en lieu de sûreté, ils commençaient à se sentir épuisés, et à éprouver les effets énervants du transport de folie qui les avait entraînés à de si déplorables résultats.

Malgré la fatigue et la lassitude à laquelle il succombait alors, comme ses deux camarades, et, on peut dire, comme tous ceux qui avaient pris une part active à l’incendie de la Garenne, Hugh retrouvait encore toute sa verve de tapageuse gaieté, chaque fois qu’il regardait Simon, et, à la grande colère du petit capitaine, il la manifestait par de tels éclats de rire qu’il s’exposait à attirer sur eux l’attention de