Page:Dickens - Barnabé Rudge, tome 2, Hachette, 1911.djvu/174

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c’était bien fait, que, s’ils avaient délivré d’abord les autres prisonniers, cela ne serait pas arrivé. Un homme se mit à crier de toutes ses forces : « Qui est-ce qui veut me suivre à Newgate ? » Tout le monde lui répondit par une acclamation bruyante, en se précipitant vers la porte.

Mais Hugh et Dennis s’adossèrent contre elle pour les empêcher de sortir, attendant que la clameur confuse de leurs voix se fût apaisée et permît de faire entendre des observations raisonnables. Ils leur représentèrent que de vouloir s’en aller faire ce beau coup en plein jour à présent, ce serait un trait de folie ; tandis que, s’ils attendaient la nuit, et qu’ils combinassent auparavant un plan d’attaque, non-seulement ils pourraient reprendre tous leurs camarades, mais encore délivrer les prisonniers, et mettre le feu à la prison par-dessus le marché.

« Et encore pas à la prison de Newgate seule, leur cria Hugh, mais à toutes les prisons de Londres, pour qu’ils n’aient plus d’endroits où mettre les prisonniers qu’ils pourraient nous faire. Nous les brûlerons toutes, nous en ferons des feux de joie. Tenez, dit-il en saisissant la main du bourreau, s’il y a des hommes ici, qu’ils viennent croiser leurs mains avec les nôtres, en gage d’alliance. Barnabé en liberté, et à bas les prisons ! Qui est-ce qui le jure avec nous ? »

Tous, jusqu’au dernier, vinrent tendre leurs mains. Tous jurèrent avec des serments effroyables d’arracher, la nuit suivante, leurs amis, à Newgate, d’enfoncer les portes, de mettre le feu à la geôle, ou de périr eux-mêmes dans les flammes.


CHAPITRE XIX.

Cette nuit-là même, car il y a des temps de bouleversement et de désordre où vingt-quatre heures suffisent pour embrasser plus d’événements émouvants qu’une vie tout entière, cette nuit-là même M. Haredale, ayant garrotté son prisonnier, avec l’aide du petit sacristain, le força à monter sur