Page:Dickens - Barnabé Rudge, tome 2, Hachette, 1911.djvu/23

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nés que leurs mères viennent d’exposer sans abri. Vous m’entendez ? dit Gashford faisant une pause et se pressant doucement les mains l’une contre l’autre.

— Vous comprendre ? notre bourgeois ! cria Hugh. Vous vous expliquez assez clairement à présent ; à la bonne heure, voilà qui s’appelle parler !

— Je savais que cela vous ferait plaisir, dit Gashford en lui donnant une poignée de main, j’en étais sûr. Allons, bonsoir. Ne vous levez pas, Dennis, je trouverai bien mon chemin tout seul. Ce n’est peut-être pas la dernière fois que je reviendrai vous faire visite, et j’aime mieux aller et venir sans vous déranger. Je trouverai parfaitement bien mon chemin. Bonsoir. »

Et il était parti ; il avait fermé la porte derrière lui. Les deux camarades s’entre-regardèrent avec un signe de satisfaction. Dennis, ranimant le feu :

« Ça m’a l’air, dit-il, de prendre tournure.

— Oui-da ! cria Hugh. Ça me va.

— J’avais toujours entendu dire que maître Gashford, dit le bourreau, avait de la mémoire et une constance surprenante, qu’il ne savait pas ce que c’était qu’oubli et pardon…. Buvons à sa santé. »

Hugh ne se fit pas prier ; et, sans verser une goutte du liquide sur le plancher, en manière de libation, ils trinquèrent à la santé du secrétaire, de l’homme selon leur cœur.



CHAPITRE III.

Pendant que les passions les plus perverses des hommes les plus pervers travaillaient ainsi dans l’ombre, et que le manteau de la religion, dont ils se couvraient pour cacher les difformités les plus hideuses, menaçait de devenir le linceul de tout ce qu’il y avait d’honnête et de paisible dans la société, il y eut une circonstance qui changea la position de deux de nos personnages, dont nous nous sommes séparés