Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/243

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mistress Strong, et je me demandais si ce n’était pas par hasard la femme de son fils plutôt que celle du docteur, quand il leva lui-même tous mes doutes.

« À propos, Wickfield, dit-il en s’arrêtant dans un corridor, et en appuyant sa main sur mon épaule, vous n’avez pas encore trouvé une place qui puisse convenir au cousin de ma femme ?

— Non, dit M. Wickfield, non, pas encore.

— Je voudrais bien que ce fût fait le plus tôt possible, Wickfield, dit le docteur Strong, car Jack Maldon est pauvre et oisif, et ce sont deux fléaux qui engendrent souvent des maux plus grands encore. Et c’est ce que dit le docteur Watts, ajouta-t-il en me regardant et en branlant la tête ; « Satan a toujours de l’ouvrage pour les mains oisives. »

— En vérité, docteur, dit M. Wickfleld, si le docteur Watts avait bien connu les hommes, il aurait pu dire avec autant d’exactitude : « Satan a toujours de l’ouvrage pour les mains occupées. » Les gens occupés ont bien leur part du mal qui se fait dans ce monde, vous pouvez y compter. Qu’ont fait, depuis un siècle ou deux, les gens qui ont été le plus affairés à acquérir du pouvoir ou de l’argent ? Croyez-vous qu’ils n’aient pas fait aussi bien du mal ?

— Jack Maldon ne sera jamais très-affairé pour acquérir ni l’un ni l’autre, je crois, dit le docteur Strong en se frottant le menton d’un air pensif.

— C’est possible, dit M. Wickfleld, et vous me ramenez à la question dont je vous demande pardon de m’être écarté. Non, je n’ai pas encore pu pourvoir M. Jack Maldon. Je crois, ajouta-t-il avec un peu d’hésitation, que je devine votre but, et ce n’est pas ce qui rend la chose plus facile.

— Mon but, dit le docteur Strong, est de placer d’une manière convenable un cousin d’Annie, qui est en outre pour elle un ami d’enfance.

— Oui, je sais, dit M. Wickfield, en Angleterre ou à l’étranger !

— Oui, dit le docteur, s’étonnant évidemment de l’affectation avec laquelle il prononçait ces paroles « en Angleterre ou à l’étranger ! »

— Ce sont vos propres expressions, dit M. Wickfield, « ou à l’étranger. »

— Sans doute, répondit le docteur, sans doute, l’un ou l’autre.