Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/451

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à jour une situation. Savez-vous quelle est, mon cher monsieur Copperfield, la conclusion à laquelle je suis amenée d’une manière irrésistible ? La voici, vous me direz si j’ai tort : c’est qu’il faut pourtant que nous vivions.

— Pas du tout, répondis-je, vous n’avez pas tort, et Traddles répondit : « Pas du tout. » J’ajoutai ensuite gravement tout seul : Il n’y a pas là d’alternative, il faut vivre ou mourir.

— Justement, repartit mistress Micawber ; c’est précisément cela. Et le fait est, mon cher monsieur Copperfield, que nous ne pouvons pas vivre, à moins que les circonstances actuelles ne viennent à changer complètement. Je suis convaincue, et j’ai fait remarquer plusieurs fois à M. Micawber depuis quelque temps, que les bonnes chances n’arrivent pas toutes seules. Il faut, jusqu’à un certain point, y aider soi-même. Je puis me tromper, mais c’est mon opinion. »

Traddles applaudit hautement ainsi que moi.

« Très-bien ! dit mistress Micawber. Maintenant, qu’est-ce que je conseille ? Voilà M. Micawber, avec des facultés variées, de grands talents…

— Vraiment, ma chère… dit M. Micawber.

— Mon ami, permettez-moi de conclure. Voilà M. Micawber, avec des facultés très-variées, de grands talents, je pourrais ajouter du génie, mais on dirait peut-être que c’est parce que je suis sa femme… »

Ici Traddles et moi nous murmurâmes ensemble : « Non. »

« Et pourtant voilà M. Micawber sans position et sans emploi qui lui conviennent. Sur qui en retombe la responsabilité ? Évidemment sur la société. Voilà pourquoi je voudrais divulguer un fait aussi honteux, pour sommer hardiment la société de réparer ses torts. Il me semble, mon cher monsieur Copperfield, dit mistress Micawber avec énergie, que M. Micawber n’a rien autre chose à faire que de jeter le gant à la société, et de dire positivement : « Voyons qui le ramassera ? Y a-t-il quelqu’un qui se présente ? »

Je m’aventurai à demander à mistress Micawber comment cela pourrait se faire.

« En mettant une réclame dans tous les journaux dit mistress Micawber. Il me semble que M. Micawber se doit à lui-même, qu’il doit à sa famille, et je dirai même à la société qui l’a laissé de côté pendant si longtemps, de mettre une réclame dans tous les journaux, de décrire clairement sa personne et ses connaissances, en ajoutant : « À présent, c’est à vous à m’employer