Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/139

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— Mon cher Copperfield, me répondit-il, pour un homme doué d’une imagination transcendante, les études de droit ont un très-mauvais côté : elles le noient dans les détails. Même» dans notre correspondance d’affaires, dit M. Micawber en jetant les yeux sur des lettres qu’il écrivait, l’esprit n’est pas libre de prendre un essor d’expression sublime qui puisse le satisfaire. Maigre ça, c’est un grand travail ! un grand travail ! »

Il me dit ensuite qu’il était devenu locataire de la vieille maison d’Uriah Heep, et que mistress Micawber serait ravie de me recevoir encore une fois soue son toit.

« C’est une humble demeure, dit M. Micawber, pour me servir d’une expression favorite de mon ami Heep ; mais, peut-être nous servira-t-elle de marchepied pour nous élever à des agencements domiciliaires plus ambitieux. »

Je lui demandai s’il était satisfait de la façon dont le traitait son ami Heep. Il commença par s’assurer si la porte était bien fermée, puis il me répondit à voix basse :

« Mon cher Copperfield, quand on est sous le coup d’embarras pécuniaires, on est, vis-à-vis de la plupart des gens, dans une position très-fâcheuse, et ce qui n’améliore pas cette situation, c’est lorsque ces embarras pécuniaires vous obligent à demander vos émoluments avant leur échéance légale. Tout ce que je puis vous dire, c’est que mon ami Heep a répondu à des appels auxquels je ne veux pas faire plus ample allusion, d’une façon qui fait également honneur et à sa tête et à son cœur.

— Je ne le supposais pas si prodigue de son argent ! remarquai-je.

— Pardonnes-moi dit M. Micawber, d’un air contraint, j’en parle par expérience.

— Je suis charmé que l’expérience vous ait si bien réussi, répondis-je.

— Vous êtes bien bon, mon cher Copperfield, dit M. Micawber, et il se mit à fredonner un air.

— Voyez-vous souvent M. Wickfield ? demandai-je pour changer de sujet.

— Pas très-souvent, dit M. Micawber d’un air méprisant ; M. Wickfleld est à coup sûr rempli des meilleures intentions, mais… mais… Bref, il n’est plus bon à rien.

— J’ai peur que son associé ne fasse tout ce qu’il faut pour cela.

— Mon cher Copperfield ! reprit M. Micawber après plusieurs