Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/281

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ménage tressaillit un moment sur le seuil de sa prison, puis s’envola vers les cieux, sans connaître seulement sa captivité.

« Quand je pourrai recommencer à courir comme autrefois, ma tante, disait Dora, je ferai sortir Jip ; il devient trop lourd et trop paresseux.

— Je soupçonne, ma chère, dit ma tante, qui travaillait tranquillement à côté de ma femme, qu’il a une maladie plus grave que la paresse : c’est son âge, Dora.

— Vous croyez qu’il est vieux ! dit Dora avec surprise. Oh ! comme c’est drôle que Jip soit vieux !

— C’est une maladie à laquelle nous sommes tous exposés, petite, à mesure que nous avançons dans la vie. Je m’en ressens plus qu’autrefois, je vous assure.

— Mais Jip, dit Dora en le regardant d’un air de compassion, quoi ! le petit Jip aussi ! Pauvre ami !

— Je crois qu’il vivra encore longtemps, Petite-Fleur, » dit ma tante en embrassant Dora, qui s’était penchée sur le bord du canapé pour regarder Jip. Le pauvre animal répondait à ses caresses en se tenant sur les pattes de derrière, et en s’efforçant, malgré son asthme, de grimper sur sa maîtresse. « Je ferai doubler sa niche de flanelle cet hiver, et je suis sûre qu’au printemps prochain il sera plus frais que jamais, comme les fleurs. Vilain petit animal ! s’écria ma tante, il serait doué d’autant de vies qu’un chat, et sur le point de les perdre toutes, que je crois vraiment qu’il userait son dernier souffle à aboyer contre moi ! »

Dora l’avait aidé à grimper sur le canapé, d’où il avait l’air de défier ma tante avec tant de furie qu’il ne voulait pas se tenir en place et ne cessait d’aboyer de côté. Plus ma tante le regardait, et plus il la provoquait, sans doute parce qu’elle avait récemment adopté des lunettes, et que Jip, pour des raisons à lui connues, considérait ce procédé comme une insulte personnelle.

À force de persuasion, Dora était parvenue à le faire coucher près d’elle, et quand il était tranquille, elle caressait doucement ses longues oreilles, en répétant, d’un air pensif : « Toi aussi, mon petit Jip, pauvre chien !

— Il a encore un bon creux, dit gaiement ma tante, et la vivacité de ses antipathies montre bien qu’il n’a rien perdu de sa force. Il a bien des années devant lui, je vous assure. Mais si vous voulez un chien qui cours aussi bien que vous, Petite-