Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/318

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voir, s’ils étaient au logis. Minnie ne sort presque jamais, à cause de son père, comme elle dit ; aussi ce soir, je lui avais juré que si elle n’allait pas au bal, je me coucherais à six heures ; et elle est allée au bal avec Joram ! » M. Omer secouait son fauteuil, tout joyeux d’avoir si bien réussi dans sa ruse innocente.

Je lui serrai la main en lui disant bonsoir.

« Encore une demi-minute, monsieur, dit M. Omer ; si vous vous en alliez sans voir mon petit éléphant, vous perdriez la plus charmant de tous les spectacles. Vous n’avez jamais vu rien de pareil ! Minnie ! »

On entendit une petite voix mélodieuse, qui répondait de l’étage supérieur: « Me voilà, grand-père ! » Et une jolie petite fille, aux longues boucles blondes, arriva bientôt en courant.

« Voilà mon petit éléphant, monsieur, me dit M. Omer, en embrassant l’enfant ; pur sang de Siam, monsieur. Allons, petit éléphant ! »

Le petit éléphant ouvrit la porte du salon, qu’on avait transformé en une chambre à coucher pour M. Omer, parce qu’il avait de la peine à monter ; puis il appuya son joli front, et laissa tomber ses longs cheveux contre le dossier du fauteuil de M. Omer.

« Les éléphants vont tête baissée quand ils se dirigent vers un objet, vous savez, monsieur, me dit M. Omer en me guignant de l’œil. Petit éléphant un, deux, trois ! »

À ce signal, le petit éléphant fit tourner le fauteuil de M. Orner, avec une dextérité merveilleuse chez un si petit animal, et le fit entrer dans le salon, sans l’accrocher à la porte, tandis que M. Omer me regardait avec une joie indicible, à la vue de cette évolution, comme s’il était tout glorieux de finir par ce tour de force les succès de sa vie passée.

Après avoir erré dans la ville, je me rendis à la maison de Ham. Peggotty y habitait avec lui ; elle avait loué sa propre chaumière au successeur de M. Barkis, qui lui avait acheté le fond de clientèle, la charrette et le cheval. Je crois que c’était toujours le même coursier pacifique que du temps de M. Barkis.

Je les trouvai dans une petite cuisine très-bien tenue, en compagnie de mistress Gummidge, que M. Peggotty avait amenée du vieux bateau. Je doute qu’un autre eût pu la décider à abandonner son poste. Il leur avait évidemment tout dit. Peggotty et mistress Gummidge s’essuyaient les yeux avec