Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/336

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

je cherchai à établir non sans peine, une série d’investigations secrètes, remontant si je ne me trompe, à une période de plus de douze mois. » Il lut ce passage comme si c’était un acte du parlement, et parut singulièrement charmé de la majesté des expressions. « Voici ce dont j’accuse… Heep, » dit-il en regardant Uriah, et en plaçant sa règle sous son bras gauche, de façon à pouvoir la retrouver en cas de besoin. Nous retenions tous notre respiration, Heep, je crois, plus que personne.

« D’abord, dit M. Micawber, quand les facultés de M. W… devinrent, par des causes qu’il est inutile de rappeler, troubles et faibles, Heep s’étudia à compliquer toutes les transactions officielles. Plus M. W… était impropre à s’occuper d’affaires, plus Heep voulait le contraindre à s’en occuper. Dans de tels moments, il fit signer à M. W… des documents d’une grande importance, pour d’autres qui n’en avaient aucune. Il amena M. W… à lui donner l’autorisation d’employer une somme considérable qui lui avait été confiée, prétendant qu’on avait à payer des charges très-onéreuses déjà liquidées ou qui même n’avaient jamais existé. Et, en même temps, il mettait au compte de M. W… l’invention d’une indélicatesse si criante, dont il s’est servi depuis pour torturer et contraindre M. W… à lui céder sur tous les points.

— Vous aurez à prouver tout cela, Copperfield ! dit Uriah en secouant la tête d’un air menaçant. Patience !

— Monsieur Traddles, demandez à… Heep qui est-ce qui a demeuré dans cette maison après lui, dit M. Micawber en s’interrompant dans sa lecture ; voulez-vous ?

— Un imbécile qui y demeure encore, dit Uriah d’un air dédaigneux.

— Demandez à… Heep s’il n’a pas, par hasard, possédé certain livre de mémorandum dans cette maison, dit M. Micawber voulez-vous ? »

Je vis Uriah cesser tout à coup de se gratter le menton.

« Ou bien, demandez-lui, dit M. Micawber, s’il n’en a pas brûlé un dans cette maison. S’il vous dit oui, et qu’il vous demande où sont les cendres de cet agenda, adressez-le à Wilkins Micawber, et il apprendra des choses qui lui seront peu agréables. »

M. Micawber prononça ces paroles d’un ton si triomphant