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CHAPITRE XIII.


J’éprouvai une vive contrariété, le lendemain matin, en voyant Joe revêtir ses habits du dimanche, pour m’accompagner chez miss Havisham. Cependant, je ne pouvais pas lui dire qu’il était beaucoup mieux dans ses habits de travail, puisqu’il avait cru nécessaire de faire toilette, car je savais que c’était uniquement pour moi qu’il avait pris toute cette peine, et qu’il se gênait horriblement en portant un faux-col tellement haut par derrière, qu’il lui relevait les cheveux sur le sommet de la tête comme un plumet.

Pendant le déjeuner, ma sœur annonça son intention de nous accompagner à la ville, en disant que nous la laisserions chez l’oncle Pumblechook, et que nous irions la reprendre « quand nous en aurions fini avec nos belles dames. » Manière de s’exprimer, qui, soit dit en passant, était d’un mauvais présage pour Joe. La forge fut donc fermée pour toute la journée, et Joe écrivit à la craie sur sa porte (ainsi qu’il avait coutume de le faire dans les rares occasions où il quittait son travail) le mot « sorti, » accompagné d’une flèche tracée dans la direction qu’il avait prise.

Nous partîmes pour la ville. Ma sœur ouvrait la marche avec son grand chapeau de castor, elle portait