Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 1.djvu/181

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« Nous voici encore, Christophe, vous voyez, dit M. Garland avec un sourire.

— Oui, monsieur, » dit Kit.

Et en parlant ainsi il regarda sa mère, pour savoir la raison de cette visite.

« Monsieur a eu la bonté, dit la mère, faisant droit à cette question muette, de me demander si vous avez une bonne place, ou même si vous en avez une. Je lui ai répondu que non, que vous n’en avez pas. Alors il a eu la bonté de me dire que…

— Que nous avons besoin chez nous d’un brave garçon, dirent à la fois le vieux monsieur et la vieille dame, et que nous pourrions nous arranger ici, dans le cas où nous trouverions tout à notre satisfaction. »

À l’idée qu’il s’agissait de lui, que c’était lui qu’on voulait engager, Kit partagea l’anxiété de sa mère et devint tout troublé ; car le bon vieux couple était si méthodique, si prudent, et multipliait tellement les questions, que le jeune homme commença à craindre de n’avoir aucune chance de succès.

« Vous comprenez, ma bonne dame, dit mistress Garland à la mère de Kit, qu’il est nécessaire d’apporter beaucoup de précaution en semblable matière ; car nous ne sommes que trois dans la famille, tous trois gens très-réguliers dans nos habitudes, et il serait très-pénible pour nous de nous voir déçus dans notre attente, et obligés de renoncer à nos espérances. »

À quoi la mère de Kit répliqua que c’était très-juste, très-raisonnable, très-convenable assurément ; à Dieu ne plut qu’elle voulut empêcher, ou qu’elle eût intérêt à empêcher aucune enquête sur sa moralité ou celle de son fils ; un si bon fils, elle osait le dire quoique sa mère ; et même elle ne craignait pas d’ajouter qu’il ressemblait à son père, qui n’avait pas été seulement un bon fils pour sa mère à lui, mais le meilleur des maris et le meilleur des pères ; Kit suivrait cet exemple, elle le savait à n’en pouvoir douter ; et non seulement Kit, mais le petit Jacob et le poupon aussi, quand ils seraient plus grands ; mais malheureusement les autres ne l’étaient pas assez encore, et ils ignoraient même quelle perte ils avaient faite, et peut-être valait-il mieux pour eux qu’ils fussent trop jeunes pour la connaître. Tout cela, la mère de Kit l’accompagna d’une longue histoire en essuyant ses yeux avec son tablier et frappant doucement la pe-