Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
AFR

Borel dit qu’affertir veut dire appartenir.

AFILIATION. Voyez Affiliation.

AFILIER. Voyez Affilier.

AFIN. Conjonction qui dénote l’intention, & signifie, pour, à dessein. Ut, ad. Elle est toujours suivie d’un de, ou d’un que. Quand elle est suivie d’un de, elle régit l’infinitif. Cet Abbé prêche afin d’obtenir un Evêché, afin de parvenir à l’épiscopat. Et quand cette conjonction est suivie d’un que, elle régit le subjonctif : afin que vous y mettiez ordre. Afin que je voie la fin de mon procès. Elle régit même bien souvent deux constructions différentes dans une même période : j’ai tenu cette conduite, afin de faire voir mon innocence à mes Juges, & que l’imposture ne triomphe pas de la vérité. Vaug. Il est vrai que M. Corneille, dans ses notes, n’approuve pas tout-à-fait cette dernière façon de parler ; mais elle est trop usitée & trop utile, pour la rejeter. Je veux vous le donner chez vous, afin de le guérir avec plus de commodité, & qu’il soit vû de moins de monde. Mol. Au reste, pour avec l’infinitif, est bien plus en usage qu’afin de & qu'afin que. Quand on est obligé de se servir d’afin que, & qu’on veut le répéter dans une même période, on ne répète que la seconde partie, la première étant sous-entendue. Ils livreront le Fils de l’homme aux Gentils, afin qu’ils le traitent avec outrage, & qu’ils le fouettent & le crucifient. Port-R. Ménage dérive ce mot de ad finem.

☞ Ces deux conjonctions, pour, & afin, dit M. l’Abbé Girard, sont synonymes dans le sens où elles signifient qu’on fait une chose en vûe d’une autre : mais pour marque une vûe plus présente ; afin en marque une plus éloignée. On se présente devant le Prince pour lui faire sa cour. On lui fait sa cour afin d’en obtenir des grâces.

Pour regarde plus particulièrement un effet qui doit être produit. Afin regarde proprement un but où l’on veut parvenir.

☞ Les filles d’un certain âge font tout ce qu’elles peuvent pour plaire, afin de se procurer un mari.

AFIOUME. s. m. Sorte de lin qui vient du Levant par la voie de Marseille.

AFR.

AFRA. Château de Barbarie en Afrique. Afra. Il est dans le royaume de Darka.

☞ AFRAISCHER, ou AFRAÎCHER. v. n. Terme de Marine dont les Matelots se servent, pour dire, que le vent devient plus fort. Le vent afraische. Et pour marquer le désir qu’ils ont qu’il s’élève un vent frais, ils disent afraische.

AFRICAIN, AINE. s m. & f. & adj. Qui est d’Afrique, qui appartient à cette partie du monde. Afer, Africanus. Annibal, Asdrubal, Térence, Tertullien, S. Cyprien, S. Augustin, sont d’illustres Africains.

Africain a été le surnom de P. Cornélius Scipion, qui prit Carthage, la détruisit, & défit pour jamais Rome d’une si terrible ennemie. C’est en récompense d’un service si considérable, qu’on lui donna le surnom d’Africain, comme on donna à son frere celui d’Asiatique. Nous avons des médailles où l’on voit d’un côté la tête de Scipion nue, avec ces mots : P. Scipio Afric. & de l’autre, Scipion dans un char à quatre chevaux, & Cart. Subact. Africain a encore été le surnom d’un Historien & Chronologiste fameux du IIIe siècle, natif de Palestine, dont nous n’avons plus rien que les fragmens que nous en ont conservé Eusébe & Syncelle. Il se nommoit Julius Africanus, qu’il ne faut point confondre avec Sextus ou Cestus Africanus, comme ont fait Eusébe, & après lui Photius & Syncelle. Quand on parle de Scipion, on ajoute toujours l’article, Scipion l’Africain. Quand on parle des deux autres, on ne met jamais d’article, Jules Africain, ou seulement Africain ; le plus souvent même en parlant françois on retient leurs noms latins, Julius Africanus, ou seulement Africanus. Quand on dit simplement Africain, ou Africanus, c’est de Jules qu’on parle, & non pas de Sextus. Voyez Marmol, Liv. I. Ch.1, 2, 3, 4, 5.

Il y a aussi un Saint nommé Africain. Voyez Afrione.

Africain. s. m. Terme de Fleuriste. Renoncule jaune doré, marqueté de nacorat, sur un fond jaune.

AFRICAINE. s. f. Flos Africanus. Fleur d’Afrique, œillet d’Inde. Il y a un grand nombre d’espèces de cette plante. Gérard en compte quatre espèces. Dictionn. de James. Voyez Œillet d’inde.

AFRICANISME. s. m. Terme dont on se sert pour signifier des expressions barbares & des mots forgés dont quelques auteurs Africains se sont servis. On trouve quantité de ces sortes d’Africanismes dans les ouvrages de S. Augusin ; il dit lui-même qu’il le faisoit exprès, pour se mieux faire entendre du peuple. M. Bingham croit que l’on doit attribuer à cette condescendance le grand nombre d’Africanismes qui se trouvent dans les ouvrages de S. Augustin. De la Roche.

AFRIGNE. s. m. Nom propre d’homme. Africanus. S. Africain, vulgairement S. Afrigne, plus communément encore S. Efrique, & par corruption S. Frique & San-Frique, étoit Evêque de la ville de Comminge en Gascogne au VIe siècle. Baill.

AFRIQUE. Africa. Troisième partie du monde, au midi de l’Europe. Elle est bornée au septentrion par la mer Méditerranée ; à l’occident & au midi par l’Océan ; & à l’orient par le détroit Arabique. Les Anciens Géographes la bornent tous à l’orient par le Nil ; & ce qui est entre le Nil & la mer-Rouge, ils le donnent à l’Asie, Africa ab orientis parte Nilo terminatur, pelago à cæteris. Mela. L.1.ch.4. Voyez Marmol Liv. I, ch. 1, 3, 4, 5. Diego de Torrez. Hist. des Chérifs, ch. 12, & la description d’Afrique de Jean Léon l’Africain, qui se trouve dans les Navigations & Voyages recueillis en Italie par Ramusio. On n’est point d’accord sur l’origine & sur la signification de ce mot. Quelques Auteurs prétendent qu’elle est ainsi nommée du mot Arabe Iphrik, qui vient du verbe Faraka, divisit, il a divisé, ou séparé ; & l’on apporte deux raisons de cette étymologie : la première, est que cette partie de la terre est séparée de toutes les autres, soit par la mer, soit par le Nil, qui, comme je l’ai dit, en faisoit autrefois les bornes du côté de l’orient. L’autre est, qu’un certain Iphric, qui a regné dans ces contrées, lui a laissé son nom. Marmol, L 1, ch. 1. se déclare pour cette étymologie. D’autres disent que ce nom vient du mot hébreu עפר aphar, qui signifie poussière, parce que le pays est extrêmement aride & sabloneux. Josephe, au Liv. I de ses Antiquités Judaïques, c. l6, prétend que ce nom lui vient d’Ophre, fils de Mandane, & petit-fils d’Abraham, qui s’empara, dit-il, de la Lybie, & dont les descendans la posséderent, & la nommerent de son nom, Afrique. Servius & Isidorius disent que Africa, ou Aphrica, est la même chose que Aprica, comme qui diroit, exposée au soleil. Quelques Grammairiens dérivent ce nom de l’α privatif, & de φρίχη Horreur, comme qui diroit, une terre qui ne fait point frissonner, qui n’a jamais de froid, ni d’hiver. Dans Eusèbe, Liv. IX, de la Prép. & dans Josephe, Liv. I des Ant. ch. 16. Alexandre Polyhistor rapporte le sentiment d’un certain Cléodémus, qui prétendoit que parmi les enfans qu’Abraham avoit eus de Cetthura, il y en avoit un nommé Apher, & un autre nommé Aphran ; que l’un avoit donné son nom à la ville d’Afra, & l’autre à l’Afrique. Solin & Cédrénus prétendent que ce nom lui vient d’Afer fils d’Hercule. D’autres prétendent qu’il lui vient d’Ophir fils de Jectan, ou de l’autre Ophir dont parle l’Ecriture, & que l’Afrique est la terre d’Ophir si fameuse par le commerce qu’y faisoit Salomon. Bochart, dans son Chanaan, L. I, ch. 15, rejette toutes ces étymologies, & prétend que ce nom vient de פרך pharach, qui, en Syriac & en Arabe signifie Frotter ; & d’où s’est formé פרוך pheruch ou פרוך pherich, qui signifie un épi de blé ; que de-là est venu le nom Africa, comme si l’on avoit voulu dire, une terre d’épis, parce que ce pays est fertile en blé. Quoiqu’il n’y ait rien d’assuré sur l’origine de ce nom, j’aimerois beaucoup mieux le faire venir d’Ophir, non pas de celui qui donna son nom à la terre où Salomon envoyoit ses flottes, mais d’un autre que l’Ecriture place à l’entrée de l’Afrique, &