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AGN

rien, on trouve un arbre de la figure & de la grandeur du Poirier, toujours couvert de feuilles d’un vert & d’une beauté extraordinaires. Il porte un fruit semblable à la poire, qui est vert lors même qu’il est mûr. Sa pulpe est de la même couleur, douce, grasse, & du même goût que le beurre. Ce fruit passe pour exciter & porter violemment à l’amour. Dict. de Jam.

AGNADEL, ou AGNADELLO. Village du Milanez, en Italie. Agniadellum. Il est dans la Gierra d’Adda, entre Lodi & Bergame. La journée d’Agnadel, la bataille d’Agnadel a rendu ce lieu célebre. Louis XII y remporta une grande victoire sur les Vénitiens en 1509.

AGNAN. s. m. Anianus. Nom propre d’homme, qui s’est formé du mot latin Anianus, Anian ; puis en mouillant l’n, au lieu d’y mettre un i, Agnan. Il ne faut pas cependant appeler Agnan tous ceux qui s’appellent en latin Anianus. Ce mot n’est en usage que pour S. Agnan. Evêque d’Orléans, & ceux qui portent son nom. S. Agnan, au commencement de son épiscopat, ayant guéri Agrippin, Gouverneur d’Orléans, il lui accorda la liberté de tous les prisonniers, avec lesquels le Saint entra comme en triomphe dans Orléans ; & c’est là, dit-on, l’origine du privilége qu’ont les Evêques d’Orléans, de délivrer les prisonniers dans leur entrée. M. de Cordemoi dit cependant Anian dans son Histoire de France, T. I, p. 118 & 119. Anian, Evêque d’Orléans, qui avoit prévu que cette ville seroit attaquée, l’avoit fait fortifier… Attila faisoit battre la ville de toutes parts ; & comme il avoit cinq cent mille hommes, il y faisoit donner des assauts si continuels, qu’après une résistance incroyable, que l’espérance d’être secourus avoit fait faire aux assiégés, ils perdirent enfin courage, & envoyerent Anian au camp des Huns demander miséricorde. Cordem. Mais l’usage est de dire Agnan. Agnan étoit natif de Vienne, & de noble race. Fleury. D’ailleurs ce n’est pas la coutume de tourner en ian les noms latins terminés en ianus. Ainsi nous disons, Tertullien, Cyprien, Gordien, Volusien, &c. & non pas Tertullian, Cyprian, &c. comme on faisoit autrefois. Les autres Anianus doivent s’appeler Anien. Anien Moine d’Egypte, Anien Diacre de Célède, Anien Jurisconsulte du temps d’Alaric, Anien Abbé de Cartel, &c. & non pas Agnan.

☞ AGNANIE. Ancienne ville épiscopale d’Italie, proche de la voie latine, dans la Campagne de Rome, patrie du Pape Boniface VII, où il fut fait prisonnier par Nogaret.

AGNANO. Les Bains d’Agnano. Bagni d’Agnano. Anianæ Thermæ. Ce lieu est dans la terre de Labour, au royaume de Naples, entre Cumes & Bayes. Les eaux d’Agnano sont fort renommées & fort fréquentées. Le lac d’Agnano est un lac de la terre de Labour, dans le royaume de Naples. Lacus Anianus. Ce lac n’est pas éloigné de Naples. Il est fort profond & plein de serpens. Près de ce lac est la caverne du chien : si l’on y fait entrer un chien, ou quelque autre animal, il est, dit-on, tout-à-coup suffoqué & perclus de tous ses membres ; mais si on le jette dans l’instant dans les eaux du lac Agnano, il revient subitement en son premier état. On l’appelle caverne du chien, parce que l’on fait communément cette épreuve sur un chien.

Agnano, est encore un lieu de la Terre d’Otrante, au royaume de Naples : il est à deux milles de Nardo, en tirant à peu près vers le couchant.

☞ AGNANS. s. m. pl. Terme de rivière. Morceaux de fer en triangle, percés par le milieu, qui servent à river les clous à clains qui entrent dans la composition d’un bareau foncet. Encyc.

AGNANTHE. s. m. Espèce de plante dont Vaillant fait mention. Ses fleurs sont placées aux extrémités des tiges & des branches en forme de grappes. Chaque fleur, qui ressemble beaucoup à celle de l’Agnus-castus, forme un petit tuyau, dont le bord antérieur est divisé pour l’ordinaire en portions inégales, trois supérieures disposées en forme de trèfle, & trois inférieures, dont celle du milieu est la plus grande des six, & les deux latérales les plus petites. L’ovaire naît du fond du calice qui est découpé. Cet ovaire est attaché au fond du tuyau de la fleur, & lorsque celle-ci est tombée, il se change, à ce que rapporte Plumier, en une baie qui renferme une seule semence.

Le mot Agnanthe est dérivé du grec ἀγνός, chaste, ἄνθος, fleur, à cause que la fleur de cette plante ressemble à celle de l’Agnus-castus.

AGNAT. s. m. Agnatus. Terme de Droit. Ce nom signifie les mâles descendans de même pere, mais dans une autre ligne, où si l’on veut, les collatéraux descendans par mâles d’une même souche masculine. Tous les biens qui appartiennent au Prince de Salm & aux Rheingraves, & Valgraves ses agnats. Traité de Riswich. art. XXVI. M. le Cardinal de Furstemberg jouira avec ses agnats & cognats & domestiques, ou ayans cause, d’une pleine amnistie, &c. Ib. Art. XLIII. Le gn se prononce comme en latin agnus.

AGNATION. s. f. Terme de Jurisprudence. Agnatio. Le gn se prononce comme dans agnat. C’est, selon le Droit Romain, le lien de consanguinité entre les mâles descendans de même pere ; comme cognation est le lien de parentage entre les mâles & les femelles ensemble descendans aussi de même pere. On doit observer qu’il y avoit cette différence entre la cognation, & l’agnation ; c’est que la cognation étoit le nom universel sous lequel toute la famille, & les agnati eux-mêmes, étoient renfermés ; & que l’agnation étoit une espèce particulière de cognation, qui ne comprenoit que les descendans par le sexe masculin. Par la Loi des 12 tables, les femmes étoient appelées à succéder avec les mâles, sans distinction de sexe, & selon leur degré de proximité. La Jurisprudence changea dans la fuite, & par la Loi Voconia les femmes furent exclues des priviléges de l’agnation, à moins qu’elles ne fussent dans le degré de consanguinité ; c’est-à-dire, excepté la sœur de celui qui étoit mort ab-intestat. De-là vient que les descendans en ligne masculine étoient seuls appelés agnati ; & en vertu de l’agnation ils succédoient, à l’exclusion des descendans en ligne féminine. Justinien, Inst. Liv. 3 T. 18, abolit cette distinction, & rétablit les femmes dans les droits de l’agnation, ensorte qu’abrogeant cette différence, il ordonna qu’indistinctement, soit mâles, soit femelles, tous les descendans du côté paternel viendroient à la succession, suivant l’ordre de leur proximité ; d’où il s’ensuit que l’agnation est restreinte aux parens paternels, & que la cognation s’étend aussi aux maternels. Les enfans adoptifs jouissoient aussi des prérogatives de l’agnation, que l’on appeloit civile à leur égard, par opposition à l’agnation naturelle. Grotius a observé que dans la Famille Royale de France on suit l’agnation, en n’admettant que les mâles descendus des mâles, de branche en branche.

AGNATIQUE. adj. Qui concerne les Agnats. Le choix que les Rois de Rome faisoient des Sénateurs, prouve que cette dignité ne dépendoit point d’une succession linéale & agnatique ; c’est-à-dire, en ligne masculine. De Vertot.

AGNEAU. s. m. Jeune animal engendré d’une brebis & d’un belier. Le petit du belier & de la brebis. Agnus. Agneau de lait. Lactens. Après six mois il devient belier, ou brebis, si c’est une femelle : mouton, s’il est châtré. La plûpart des Parisiens prononcent anneau. Mais il faut nécessairement dire agneau, en conservant au gn, le son qu’il a dans ignorant, & on ne doit prononcer anneau, qu’en parlant d’une bague. Restaut. Le P. Buffier, p. 138 de sa Gr. F. in-12. 1714, dit que l’usage semble partagé ; que les gens de lettres prononcent plus souvent agneau, & les personnes de la Cour plus souvent anneau. Il faut croire que M. Restaut, qui avoit lû cette remarque, a eu de bonnes raisons de n’y pas souscrire, & que son sentiment conforme à celui de tant d’autres doit prévaloir. Quoi qu’il en soit, il faut faire sentir le g en parlant de l’Agneau Paschal que les Juifs mangeoient en mémoire de la délivrance que Dieu avoit procurée à leurs peres, & qui devoit être immolé vers la fin du quatorzième jour du mois de Nisan. Ils le mangeoient solennellement avec des pains sans levain, &