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ALB — ALC

qu’elle couvre entièrement la cornée transparente, d’où il arrive que le malade ne distingue plus les objets. S. Yves. Plusieurs confondent cette maladie avec l’abcès ; mais l’abcès est toujours accompagné d’inflammation & de douleurs. Id. Pour empêcher l’augmentation de ce mal, il faut faire une diète exacte, faisant usage tous les matins d’une eau de veau altérée avec des herbes rafraîchissantes, ou à son défaut d’une chopine de petit lait mêlée avec une once de sirop violat, & pendant la journée on prendra quelques bouillons à l’ordinaire, & des potages dans l’intervalle.

On observera ce régime pendant les cinq ou six premiers jours, après quoi on permettra au malade de manger quelques morceaux de pain sans viande, usant pour boisson ordinaire d’une tisane simple. On mettra pour cela en usage des saignées du bras, du pied, ou de la gorge selon le besoin. On pourra même employer le bain domestique aussi-bien que les emplâtres vésicatoires appliqués à la nuque du cou, que l’on entretiendra quelque temps.

On guérira le mal déjà formé par l’usage des topiques spiritueux & résolutifs, tels que l’infusion d’anis & de fenouil dans de bonne eau-de-vie, dont on versera une cuillerée dans les eaux distillées d’eufraise, de fenouil & de plantin, deux cuillerées de chacune ; évitant soigneusement les eaux vitrioliques, comme très-pernicieuses & propres à faire dégénérer cette maladie en abcès ou en ulcère.

Lorsque l’inflammation est passée, une eau ophthalmique achève d’éclaircir parfaitement la vue, en en faisant couler plusieurs fois le jour quelques gouttes dans l’œil sur l’endroit de la blancheur. Le malade voit pour l’ordinaire très distinctement les objets dans l’espace de six semaines. Si le mal devient rebelle aux remèdes indiqués, & qu’il paroisse quelque vaisseau sanguin sur la conjonctive, qui soit variqueux, on ne fait point difficulté de le couper. Id.

ALBUM. s. m. Terme purement latin, qui a été francisé par l’usage, faute d’autre, qui signifie la même chose en françois. On y joint ordinairement le mot amicorum. Album amicorum. C’est le nom qu’on a donné à un petit registre ou livret que les savans portent avec eux en voyage. Lorsqu’ils se trouvent dans quelques villes, ils vont visiter les savans du pays, & ils leur présentent leur Album amicorum & les prient d’y écrire quelque chose, afin d’avoir de l’écriture de leur main. Ce qu’on écrit sur l’album est ordinairement sa devise, ou quelque sentence, ou quelque chose d’obligeant pour celui qui présente l’album. Ménage dit que Sorbière ayant présenté son album à Vossius, celui-ci le prit & le feuilletant pour voir les différentes sentences des savans, il y trouva celle de Grotius en grec, dont le sens étoit qu’il faut apprendre les belles lettres, mais qu’il faut que celui qui les apprend ait du jugement. Le mot d’album en latin est neutre, mais en tant que francisé il est masculin.

☞ ALBUMINEUX. adj. Suc albumineux, dans l’économie animale, est une espèce d’huile fort fixe, tenace, glaireuse & peu inflammable, qui forme le sang & les lymphes des animaux. Ses propriétés sont assez semblables à celles du blanc d’œuf, ce qui lui a fait donner le nom de Suc Albumineux.

ALBUNÉE. s. f. Albunea. Déesse qui avoit un temple à Tibur, ou Tivoli. Quelques Auteurs disent que c’étoit la Nymphe qui présidoit aux eaux minérales de Tivoli. D’autres la prennent pour la dixième Sybille, appelée Tiburtine, c’est-à-dire, de Tibur ; & d’autres la confondent avec Ino, fille d’Athamas.

☞ ALBUQUERQUE. Ville d’Espagne, dans le royaume de Léon, & dans la province d’Estramadure, sur les Frontières de Portugal.

ALBURNE. s. m. Alburnus. C’étoit le nom d’une montagne de la Lucanie. On en fit ensuite un Dieu ; ou plutôt on donna le même nom au Dieu de cette montagne ; & Tertulien, dans son Apologétique, ch. 5, & dans son premier Livre contre Marcion, ch. 18, nous apprend que c’étoit M. Emilius Metellus qui introduisit ce nouveau Dieu.

ALBUS. s. m. Petite monnoie de Cologne, qui vaut douze deniers ou deux creustzers. Il faut 78 albus pour la richedale, valant 60 sous de France.

ALC.

☞ ALCAÇAR CEGUER, ou ZEGUER, ou ALCAÇAR MAZMODA, ou CAZAR-EZAGHIR. Ville d’Afrique, dans le Royaume de Fez, à mi-chemin de la Ville de Ceuta & de celle de Tanger, vis-à-vis de Terif.

Alcaçar dosal, Salacia, ou Alcarium Salinarum. Petite Ville de Portugal, dans l’Estramadure, aux confins de l’Alantajo, sur la rivière de Cadaon, à huit lieues de Sétubal. On y fait du sel fort blanc.

Alcaçar-Quivir, ou Alcaçar-d’Albusquerim. Ville d’Afrique, dans la Province d’Asgar, au Royaume de Fez, avec un beau château. On lui a donné le nom d’Alcaça-Quivir, qui signifie, grand palais, pour le distinguer d’Alcacar Ceguer, qui veut dire le petit.

ALCADE. s. m. Judex, Prætor. C’est le nom d’un Juge Espagnol. Les Espagnols ont pris ce nom des Maures. Voyez Alcaïde. On trouve dans les Dictionnaires Espagnols, dont quelques-uns sont fort reçus, Alcalde, au lieu d’Alcade.

Alcade de Justice. C’est un Juge, un Prévôt. Alcade de la Cour ou de la Maison Royale, c’est ce que nous appelons Grand-Prévôt de l’Hôtel. F. Rolland commença à jouir de l’Office d’Alcade Major, & étant arrivé à S. Dominique avec ses gens, il y arriva d’autres Alcades qui étoient-là. De la Cost. Traduct. de Herrera. Alcadie, en Espagnol alcadia, c’est la charge de ce Magistrat. Prætura. On trouve aussi, & l’on dit alacide & alcaïdia, comme le prononcent les Maures. Diégo Torrès, dans sa Relation ou Histoire des Chérifs, dit que les puînés du Roi de Maroc, ses frères & ses parens, sont au nombre des principaux alcaïdes ; que ce Roi a un Alcaïde qui a charge de commander aux Ministres de la Justice, & de faire les exécutions secrètes, comme d’arrêter quelque Alcaïde, ou Seigneur ; qu’il y a un autre Alcaïde, qui est comme Maître des cérémonies ; un autre qui a l’Office de Grand-Ecuyer ; un Alcaïde des chameaux, qui a soin de les faire panser, &c. Un autre qui est comme pourvoyeur général ; Alcaïde des Cetaires, qui sont les laquais, ou valets de pied : un Alcaïde qui commande à 50 hommes de cheval, nommés Almaharèques, qui sont comme des Sergens, qui commandent de la part du Roi aux Alcaïdes & Gentils-hommes, ce qu’ils doivent faire ; & qu’il y a un Alcaïde du charroi, qui a charge de dresser, plier, porter les tentes du Roi.

ALCAHEST. s. m. Est un nom arbitraire, qui n’est dérivé d’aucune langue, & que Paracelse a forgé pour exprimer, à ce que prétend Van-Helmon, un menstrue ou dissolvant universel. Dict. de James. ☞ Les Alchimistes se servent communément de ce mot, pour désigner cette matière propre à dissoudre, non-seulement les métaux, mais encore tous les corps de la nature.

ALCAÏDE. s. m. Judex, Prætor, Civitatis Rector, Gubernator. Juge & Gouverneur d’une ville, dans la Barbarie ; car on ne le dit que de ceux de ce pays-là. La Juridiction de l’Alcaïde est souveraine, tant au civil qu’au criminel, & les amendes lui appartiennent. On trouve aussi dans quelques Dictionnaires Espagnols Alcalde dans le même sen, ainsi que je l’ai dit.

Ce mot vient de l’article al, du verbe arabe אקד Kad, & Akad, qui signifie gouverner, régir, administrer, être gouverneur. Son participe est Kaid, dont on a fait aussi un nom appellatif, qui chez les Arabes signifie Gouverneur, Chef, Préteur, Président, Juge, petit Roi. Voyez Alcade.

ALCAÏQUE. adj. Terme de Poësie grecque & latine. Les vers Alcaïques sont des vers lyriques, composés de quatre pieds & une césure ; le premier est spondée ou ïambe ; le second ïambe ; ensuite vient la césure, puis deux dactyles ; le dernier peut être un am-