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A

tion naturelle i ; ce qui forme pé i san, comme s’il y avoit pai i san. Voy. I & Y.

A devant i avec lequel il forme une diphthongue, a différens sons ; quelquefois il se prononce comme un e ouvert, par exemple, dans maison, &c… quelquefois il se prononce comme un e muet, par exemple, dans faisois, & les autres personnes du même temps, faisant, &c. prononcez fesois, fesant.

A devant o ou devant e, & ne faisant qu’une même syllabe avec l’o ou l’e & la consonne qui suit, conserve le son qui lui est propre, & absorbe celui de l’o & de l’e : Exemples, Faon, Laon, Paon, Caen ; prononcez Fan, Lan, Pan, Can.

A devant u se prononce presque comme o : exemple, auteur, autorise, authentique. Dans la dernière syllabe d’un mot cet au, suivi d’une consonne, se prononce souvent comme un o long, animaux, chevaux, badaut, saut, haut, &c.

On a fait quelques usages de la lettre a, qu’il est utile d’observer.

A Dans les anciens monumens : cette lettre seule avec un point, A. est pour Aulus, Aula, Augustus ou Augusta, noms propres ; pour Augustalis, impérial ; annus, année ; argentum, aurum, argent, or ; ager, champ ; amicus, amica, ami, amie ; anima, ame ; album, registre ; æs, monnoie, argent ; ærarium, trésor public ; ædes, temple, maison ; ædilis, ædilitas, édile, édilité.

Cette lettre doublée AA est pour Augusti, deux Augustes ; Augustales de la maison de l’empereur. Cette lettre triplée AAA, pour tres Augusti, trois Augustes, ou enfin pour aurum, argentum & æs, or, argent, airain ou monnoie.

A seul ou avec une l après le mot miles, de cette manière, miles A ou miles Al, signifie miles alæ, soldat d’une des ailes de l’armée.

☞ A étoit une lettre numérale chez les Grecs & les Romains. Chez les premiers, A ne marquoit qu’une unité ; chez les seconds, il marquoit cinq cens. Si cette lettre, étoit surmontée d’une ligne droite, de cette façon Ā, elle signifioit cinq mille.

☞ A chez les Romains étoit un signe d’absolution. Quand il s’agissoit d’un jugement pour condamner quelqu’un ou le renvoyer absous, on distribuoit à chaque magistrat ou à chaque opinant trois bulletins, dont l’un portoit un A qui vouloit dire absolvo, j’absous ; l’autre un C qui marquoit condemno, je condamne ; & sur le troisième, il y avoit une N & une L ; ce qui signifioit non liquet, c’est-à-dire, le fait ou le crime en question ne me paroît pas évident.

☞ A signifioit encore, chez les Romains, antiquo, c’est-à-dire, je rejette la loi qui a été proposée. Lorsque dans les assemblées du peuple on proposoit une loi, ceux qui opinoient à la rejetter, se servoient d’un bulletin marqué A, c’est-à-dire antiquo ; & ceux qui approuvoient la loi, se servoient d’un bulletin marqué UR qui signifioit utì rogas, comme vous demandez.

☞ A dans le Calendrier Julien, est la première des sept lettres dominicales. Les Romains s’en étoient servi bien avant le temps de Notre-Seigneur. Cette lettre étoit la première des huit lettres nundinales, & ce fut d’après cet usage qu’on introduisit les lettres dominicales.

☞ A dans les écrivains modernes, veut dire l’an, comme A. D. anno Domini, l’an de Notre-Seigneur.

☞ A (un grand) au revers des médailles antiques, est la marque de la monnoie d’Argos.

☞ A est la marque de la monnoie de Paris. AA est la marque de la monnoie de la ville de Metz.

☞ A dans les régles scholastiques du syllogisme, désigne une proposition générale affirmative : asserit A.… verùm generaliter ; A affirme, mais généralement, disent les logiciens.

☞ A, ã ou ãã. Abréviation dont on se sert en médecine pour ana, c’est-à-dire, pour désigner une égale quantité des différens ingrédiens énoncés dans une formule : par exemple, prenez d’eau de lis & de syrop capillaire ãã une once, c’est-à-dire, de chacun une once.

☞ AAA chez les chimistes, signifie une amalgame, ou l’opération d’amalgamer.

☞ A dans le commerce. A mis seul, après avoir parlé d’une lettre de change, signifie accepté. A. S. P. accepté sous protêt. A. S. P. C. accepté sous protêt, pour mettre à compte. A. P. à protester.

On dit de quelqu’un qui n’a rien fait, rien écrit, qu’il n’a pas fait une panse d’a ; pour dire, qu’il n’a pas fait la moitié d’une lettre. Panse signifie ici ventre, partie de la lettre qui avance.

On dit dans la conversation familière, il ne sait ni A ni B, c’est-à-dire proprement, il ne sait pas lire, & au figuré, il est fort ignorant.

Ci-dessous gît M. l’Abbé
Qui ne savoit ni A ni B.
Dieu nous en doit bientôt un autre
Qui sache au moins sa patenôtre. Menag.


☞ A, considéré comme mot, est la troisième personne du présent de l’indicatif du verbe avoir, & alors on ne doit le marquer d’aucun accent. Il a peur, il a honte. On l’emploie avec le supin des verbes : elle a entendu, elle a vu, à l’imitation des Latins, habeo persuasum.

Dans cette façon de parler, il y a, a est verbe : il qui lui sert de nominatif, est un de ces termes abstraits, que l’on a été obligé d’établir pour donner à l’activité continuelle de l’imagination un objet feint, quand on n’en a pas de réel à lui présenter. Ainsi, quand vous ignorez l’auteur d’un bruit qui se répand, ou d’une action qui s’est passée, vous dites : On dit telle chose, on a abattu cette maison. On est ici un mot qui exprime un être fantastique qui suffit à l’imagination pour lui représenter une personne qui parle ou qui a agi. Dans la façon de parler il y a, le mot il est un de ces termes vagues dont on vient de parler, & sert de nominatif au verbe a. Ainsi au lieu de dire des hommes sont qui, comme on le dit, par exemple, en latin sunt homines qui ; la langue Françoise a établi un être vague désigné par le mot il qui offre à l’imagination un sujet quelconque qui possede, qui a les hommes dont on veut parler ; & le mot y, placé entre ce verbe & son nominatif, désigne le lieu, le point où existe la chose possédée par cet être qu’indique le mot il. Ainsi cette phrase, il y a des hommes qui, analysée, signifie qu’un être métaphysique, que l’on appelle il, possede dans un lieu quelconque des hommes qui, &c.

On désigne souvent le lieu où est cette chose possédée, en ajoutant nommément la dénomination de ce lieu, sans néanmoins retrancher l’y qui devient alors inutile, il y a, dans Paris, des hommes qui, &c.

Si l’on a osé créer un être purement imaginaire pour lui attribuer une possession, on a pu faire la même chose en faveur des êtres moraux : ainsi on a dit, la vertu a de grands avantages, le vice a des suites fâcheuses.

☞ A, pris comme mot, est aussi une préposition, & on doit le marquer avec un accent grave, à. Cette préposition vient du latin à, à dextris, & plus souvent encore de la préposition latine ad, loqui ad.

Il faut remarquer que à, considéré comme mot, n’est jamais que la troisième personne du présent de l’indicatif du verbe avoir, ou une simple préposition. On ne doit jamais le regarder comme adverbe, quoiqu’en aient dit plusieurs Grammairiens. Tout adverbe est un mot qui en contient deux ; savoir une préposition & son complément ; c’est-à-dire, le nom relatif à cette préposition, & qui en détermine le sens : ainsi sagement est un adverbe, parce qu’il signifie la même chose que, avec sagesse. Y est un adverbe : J’y suis ; c’est comme si l’on disoit, je suis dans tel lieu. Or jamais à n’est dans le cas de pouvoir être ainsi converti en une préposition & un nom qui signifient la même chose ; & pour peu que l’on fasse attention à sa juste valeur, dans toutes les circonstances où il se rencontre, on trouvera toujours qu’il est ou la troisième personne du verbe avoir, ou qu’il est une préposition précédant un nom.

C’est encore à tort que l’on a regardé à comme une particule qui n’a, dans certaines circonstances, d’autre propriété que de marquer le datif. La langue Françoise n’a ni déclinaisons ni cas. Ce qu’on appelle datif, dans