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desorte que ce peuple a été appelé ainsi, à cause qu’il étoit composé de plusieurs nations, comme témoigne Agathias, de même que les anciens habitans du même pays, avoient été appelés autrefois Germains, parce qu’ils vivoient entre eux en paix, sans haine, ni jalousie.

ALLEMANDE. s. f. Terme de Danse. Saltatio germanica. ☞ Cette danse nous est venue d’Allemagne & de Suisse où elle est fort en usage. L’air doit en être gai, & se bat à deux temps. Danser une Allemande.

Allemande. s. f. Pièce de Musique qui est grave, & de pleine mesure, qu’on joue à quatre temps lents sur les instrumens, & particulièrement sur le luth, le tuorbe, l’orgue, & le clavecin. Elle commence par une croche hors de mesure. Les Musiciens s’en servent peu aujourd’hui.

ALLENDORF. Ville d’Allemagne. Allendorfium. Elle est dans le Landgraviat de Hesse-Cassel sur la rivière de Werre. Les salines d’Allendorf rendent ce lieu considérable, & lui ont donné son nom qui signifie Village au sel.

ALLENÉE. s. f. Pour haleine, respiration. Gloss. sur Cl. Marot. Tout d’une allenée, d’un seul trait d’haleine, sans reprendre haleine. Cl. Marot. Voyez Alénée.

ALLENSTEIN. Nom d’une ville de Warmie, dans la Prusse royale. Allensteinum. Elle est sur la rivière d’Alla, dont elle prend le nom, au-dessus de la ville de Gotstad.

ALLER. v. n. Se transporter d’un lieu à un autre, soit par son propre mouvement, soit par le secours d’une voiture. Ire, pergere, vadere, proficisci. Allons à l’église, au sermon. Il est allé en voyage. Il est plus sûr d’aller par terre que par mer. Le verbe aller est le seul irrégulier de la première conjugaison. Il se conjugue ainsi : je vais, ou je vas, tu vas, il va. Nous allons, vous allez, ils vont. Il a à l’imparfait j’allois : au prétérit, je fus, j’ai été, je suis allé : au futur j’irai. Dans le subjonctif, il a que j’aille, pour le présent : j’irois, j’allasse, pour l’imparfait : que je sois allé, que j’aie été, pour le prétérit : je serois allé, je fusse allé, j’aurois été, pour le plus que parfait : je serai allé, j’aurai été, pour le futur. Dans l’impératif : on dit va, qu’il aille, allez, qu’ils aillent.

Il seroit trop long de rapporter ici les diverses occasions où il se faut servir tantôt de l’un, & tantôt de l’autre des prétérits de ce verbe. On peut consulter pour s’en instruire tous ceux qui ont fait de nouvelles remarques sur la langue Françoise. On dira seulement, que quand on veut exprimer que quelqu’un est en chemin pour aller en quelque lieu, ou qu’il est dans ce lieu-là, il faut dire qu’il est allé : mais si l’on veut exprimer qu’il est de retour, il faut dire, il a été. Il est allé à Rome ; pour dire, il est à Rome, ou en voyage pour y aller. Il a été à Rome, pour dire, il en est de retour, ou il en est parti. Il faut dire encore pour parler régulièrement : il alla trouver son ami ; & non pas il fut trouver son ami. On dit, le courier est allé de Paris à Rome en dix jours ; & il est venu de Rome à Paris en huit jours. Il est bon de remarquer cette différence. Ménag.

☞ Il faut encore observer qu’on met un s après l’impératif va, quand il est suivi de la particule y. Ainsi l’on dit vas-y, pour éviter l’hiatus que causeroit la rencontre des deux voyelles. Cependant s’il se trouve un verbe après la particule y, on ne met point d’s après va. Tes affaires vont mal ; va y mettre ordre.

☞ Autrefois le verbe aller se joignoit avec les gérondifs des verbes, soit en vers, soit en prose, desorte que tous deux ne signifioient que la même chose que le gérondif. Ainsi l’on disoit qu’un ruisseau va serpentant. Cet homme va disant par-tout. Il les alloit chassant comme des troupeaux de moutons. Ces façons de parler ne sont plus que du discours familier. On dit qu’un homme s’en va mourant ; pour dire, qu’il est sur le point de mourir.

Aller, exprime quelquefois le mouvement de certaines choses vers quelque endroit. Toutes les rivières vont à la mer. Les nuages vont de l’orient au couchant. Tendere, deferri, moveri.

Aller au combat, c’est s’avancer pour combattre. Aller à l’ennemi, s’avancer pour le charger : ce qui paroît supposer que les deux armées sont en présence. Aller au feu, en termes de guerre, s’exposer à essuyer le feu des ennemis. On dit familièrement d’un homme brave, qui s’y expose de bonne grâce, qu’il va au feu comme à la nôce.

Aller aux opinions, aux avis, c’est les recueillir. Suffragia cogere. Aller au conseil, consulter, demander conseil. Consulere. Aller au devin, consulter le devin.

Aller à quelqu’un, quand il s’agit de choses qui sont de sa compétence, de sa juridiction, qui dépendent de son autorité, c’est s’adresser à lui. Il faut aller à l’Evêque pour obtenir des dispenses. Il faut aller au Roi pour telle chose.

Aller, se dit aussi en parlant de la manière dont on se meut. Aller vite, aller bon train. Pleniore gradu incedere. Aller lentement, à pas de tortue. Testudineo gradu. Aller devant. Anteire. Aller après. Subsequi.

Aller bon train, avancer beaucoup en peu de temps, se dit au propre & au figuré, d’un homme par exemple qui fait fortune en peu de temps, d’un auteur qui compose aisément, qui met peu de temps à composer un ouvrage, d’un orateur qui prononce un discours fort vite : alors il est du style familier.

☞ On dit aussi qu’un homme va à pied. Incedit pedes. Aller à cheval. Equitare, equo vehi. Aller en chaise. Gestatoriâ sellâ vehi. En carrosse. Rhedâ. En litière. Lecticâ, &c.

☞ En termes de Manége, on dit en parlant des allures d’un cheval, aller le pas, l’amble, le trot, le galop, &c. Asturco, gradarius, solutarius, succussator equus. Voyez ces mots.

Aller étroit, c’est s’approcher du centre du Manége. Aller large, s’en éloigner. Aller par surprise.

Aller par surprise, c’est se servir des aides, de façon qu’on surprend le cheval au lieu de l’avertir. Aller à toutes jambes, à toute bride, c’est pousser le cheval aussi vite qu’il peut aller.

☞ On dit d’un cheval, qui boîte, qu’il va à trois jambes ; & de celui qui fait une inclination de tête à chaque pas, qu’il va de l’oreille.

☞ En termes d’Escrime, aller à l’épée, c’est faire des mouvemens trop précipités avec son épée pour trouver celle de son adversaire. L’escrimeur qui va à l’épée, en voulant parer un coup, en découvre un autre.

Aller, joint avec les infinitifs des verbes, sert quelquefois à marquer qu’on se met en mouvement pour faire une chose, quelquefois qu’une chose est sur le point d’être faite. Dans la première acception on dit, nous allons nous promener. Allons travailler, allons étudier. Dans la seconde, un tel va partir. Ce malade va mourir. Le jour va finir.

Aller, en parlant de certaines choses artificielles, sert à marquer leur mouvement & leur effet. On fait aller un moulin. Une montre va bien ou mal. Cette pendule va huit jours. Ce ressort ne va pas.

Aller, en parlant du temps, est synonyme de s’écouler. Effluere. Rien ne va plus vite que le temps. Il sert aussi à marquer la durée du temps qu’on emploie à faire quelque chose. Son discours n’ira qu’à une heure. Cet ouvrier va lentement. Cet ouvrage est allé fort vîte.

Aller, servant à marquer l’étendue de certaines choses. Cette montagne va jusqu’aux nues. La forêt va jusqu’à tel endroit. Sa robe va jusqu’à terre.

Aller, servant à marquer la manière dont une chose est figurée. Cette pyramide va en pointe. Desinit in. Une allée qui va en pente. Declivis. Un chemin qui va en tournant. Tortuosus.

Aller, servant à marquer où conduit, où aboutit un chemin. Ce chemin va à la ville. Ducit.

Aller, en matière de comptes, de supputations, est synonyme de monter ou se monter. Sa dépense ira plus loin qu’on ne l’avoit cru. Major erit. Les nouvelles levées vont à plus de vingt mille hommes.

Aller, est aussi employé, tant au propre qu’au fi-