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ALV

ALVELDE, ou ALFELDE. Ville d’Allemagne. Alfelda. Elle est dans la basse Saxe & de l’évêché d’Hildesheim, sur la Leyne, au midi d’Hildesheim.

ALVÉOLAIRE. adj. m. & f. Qui appartient à un alvéole, ou petit canal semblable à un alvéole. Alveolaris, e. On dit en Anatomie, le bord alvéolaire de la mâchoire inférieure. Winslow. Nerf alvéolaire. Artère alvéolaire, qui fournit le sang aux dents.

ALVÉOLE, s. m. qui se dit des trous des petites cellules que les abeilles construisent dans les rayons ou gâteaux de miel.Alveolus. Les abeilles vont recueillir la cire sur les fleurs, la pétrissent & en forment les rayons & les alvéoles. Maraldi, Mém. de l’Acad, 1712, p. 301. Une des premières occupations des abeilles, après qu’on a mis l’essaim dans la ruche, c’est de former les alvéoles. Elles s’appliquent à ce travail avec tant de diligence, qu’on leur a vu faire en un jour un rayon qui avoit un pied de long & six pouces de large, & qui suivant la grandeur ordinaire des alvéoles, en pouvoit contenir près de 4000. Elles commencent leur travail en l’attachant à ce qu’il y a de plus solide dans la partie supérieure de la ruche, & elles le continuent du haut en bas & de côté & d’autre. Pour l’attacher plus solidement, elles emploient quelquefois une cire qui est une espèce de glu. Les abeilles portent chacune entre leurs serres une petite particule de cire, & elles accourent aux endroits où l’on travaille aux rayons. Lorsqu’elles y sont arrivées, elles attachent leur cire à l’ouvrage par le moyen des mêmes serres, qu’elles appliquent tantôt à droite, tantôt à gauche. Chaque abeille n’est occupée à ce travail qu’un temps fort court, après quoi elle s’en va ; mais il y en a un si grand nombre qui se succèdent les unes aux autres, & avec tant de vîtesse, que le rayon ne laisse pas d’augmenter assez sensiblement. A mesure que les unes travaillent aux alvéoles, il y a d’autres abeilles qui passent & repassent plusieurs fois en battant des ailes, & de la partie postérieure du corps sur l’ouvrage, sans doute pour le rendre plus solide & plus ferme.

Voici l’ordre qu’elles observent dans la construction de l’alvéole. Elles commencent par la base, qui est composée de trois rombes ou losanges. Elles bâtissent d’abord un de ces rombes, & tracent deux plans sur deux des côtés de ce rombe : elles ajoutent un second rombe au premier avec une certaine inclinaison, & tracent deux nouveaux plans sur les deux côtés de ce rombe : enfin elles ajoutent un troisième rombe aux deux premiers, & élevent sur les deux côtés intérieurs de ce rombe deux autres plans, qui avec les quatre autres, forment l’alvéole, qui par cette disposition de la base, résulte nécessairement de figure hexagone.

Pendant qu’une partie des abeilles est occupée à construire des alvéoles, il y en a d’autres qui s’appliquent à la perfection de ceux qui sont nouvellement ébauchés ; ce qu’elles font par le moyen de leurs serres, avec lesquelles elles contournent les angles d’une manière recherchée, & finissent les côtés & les bases avec une si grande délicatesse, que trois ou quatre de ces côtés, posés les uns sur les autres, n’ont pas plus d’épaisseur qu’une feuille de papier ordinaire ; & parce qu’à raison de cette délicatesse, l’ouverture seroit trop fragile & aisée à se rompre, lorsque les abeilles entrent & sortent des alvéoles, pour y remédier, elles fortifient les ouvertures de chaque alvéole avec un rebord de cire.

Les abeilles qui bâtissent les alvéoles, n’y sont occupées que fort peu de temps ; mais celles qui les polissent, y travaillent long-temps & avec beaucoup de vîtesse, & ne se détournent de leur travail que pour porter hors de l’alvéole les particules de cire qu’elles ôtent en polissant. Afin que cette matière ne soit pas perdue, il y a d’autres abeilles qui sont attentives à la recevoir de celles qui polissent, ou à l’aller prendre dans l’alvéole même, d’où celles qui polissent se retirent un moment, & à aller la mettre en œuvre en un autre endroit. Il y a encore d’autres abeilles destinées à aider ou à servir celles qui polissent ; car on en voit souvent qui se présentent pour leur donner, soit du miel, soit une autre liqueur, qui leur est nécessaire pour leurs ouvrages, ou pour leur propre nourriture.

Chaque rayon a deux ordres d’alvéoles opposés l’un à l’autre, qui ont leurs bases communes. L’épaisseur de chaque rayon est un peu moins d’un pouce : ainsi la profondeur de chaque alvéole sera d’environ cinq lignes. On a trouvé dans différens rayons, qui ont un pied de long, depuis soixante jusqu’à soixante-six rangs d’alvéoles ; on aura donc un peu plus de deux lignes pour la largeur de chacun, ce qui est un peu plus d’un tiers de toute la longueur.

Presque tous les rayons sont construits avec des alvéoles de cette grandeur, excepté un petit nombre d’autres en quelques endroits de la ruche, qui en ont de plus grands. La largeur de ces alvéoles est de trois lignes quelque chose de plus, & la longueur est de six lignes environ. Ces alvéoles sont faits pour y placer les vers qui viennent en bourdons. On trouve encore en divers endroits de la ruche trois ou quatre alvéoles plus grands que les autres, & faits d’une manière différente. Ils ont la figure d’un sphéroïde ; ils sont ouverts dans la partie inférieure, & attachés aux extrémités des rayons. On n’a pu connoître jusqu’ici à quoi ces alvéoles sont destinés. On les suppose le berceau ou la demeure des rois.

Les bases de tous les rayons sont posées à telle distance les unes des autres, que quand les alvéoles sont finis, il ne reste entre un rayon & l’autre, qu’un espace suffisant pour le passage de deux abeilles de front. Ces rayons ne sont pas continués du haut en bas, mais ils sont souvent interrompus, & outre cela ils ont de distance en distance des ouvertures qui donnent une communication plus facile & plus courte des uns aux autres.

Chaque base de l’alvéole est formée par trois rombes presque toujours égaux & semblables, qui ont les deux angles obtus, chacun de 110 degrés, & par conséquent les deux aigus, chacun de 76 degrés. Ces trois rombes sont inclinés l’un sur l’autre, & se joignent ensemble par les côtés qui comprennent l’un des angles obtus, & ils forment par leur inclinaison mutuelle un angle solide, qui à cause des rombes presque toujours égaux, se rencontre dans l’axe, & répond au milieu de l’alvéole. Les six autres côtés des mêmes rombes, outre les trois angles obtus, forment encore trois autres angles par l’inclinaison mutuelle où ils se joignent ensemble par les deux angles aigus. Ces six mêmes côtés des trois rombes sont autant de bases sur lesquelles les abeilles élevent des plans qui forment les six côtés de chaque alvéole. Chacun de ces côtés est un trapèze qui a un angle aigu de 70 degrés, l’autre obtus de 110 degrés, & les deux angles du trapèze qui sont du côté de l’ouverture, sont droits. L’angle aigu du trapèze est égal à l’angle aigu du rombe de la base, & l’angle obtus du même rombe à l’angle obtus du trapèze.

Les six trapèzes qui forment les six côtés de l’alvéole, se touchent deux à deux par les côtés égaux, & se joignent aux rombes ; ensorte que les angles obtus des rombes sont contigus aux angles obtus des trapèzes, & les aigus des trapèzes aux semblables des rombes.

Pour connoître la connexion que les alvéoles ont ensemble, & comment se forment les deux ordres d’alvéoles opposés, il faut s’imaginer plusieurs autres bases semblables à la précédente, c’est-à-dire composées de trois rombes avec les mêmes angles & la même inclinaison l’un sur l’autre. Ces bases sont appliquées les unes aux autres, encore que leurs angles analogues se répondent. Pat la jonction de deux de ces bases avec une troisième, trois rombes de ces trois différentes bases, forment une base d’un nouvel alvéole, semblable aux premières, avec cette différence, que la concavité de l’angle solide est tournée vers l’autre face du rayon, où il se fait un autre ordre d’alvéoles opposés aux premiers ; & par la jonction de six bases à une septième, il se formera trois nouvelles bases qui ont la concavité de l’angle solide, tournée aussi du sens contraire à celle des sept bases. De même par l’op-