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dence dans le monastère de Pavie, qui doit être regardé comme le Chef-d’ordre. Elle tenoit des Chapitres généraux, & envoyoit dans les provinces trois Visitatrices. Cette forme de gouvernement fut approuvée par Nicolas V. Depuis, Pie V ayant voulu la changer, & les changemens n’ayant point été introduits, elles se sont soumises aux Ordinaires. Elles sont habillées de couleur tannée, & suivent la règle de S. Augustin. P. Hélyot. T. IV.C.X.

AMBROSIES. s. m. plu. Ambrosia. Nom d’une fête que les Ioniens célébroient à l’honneur de Bacchus, & qu’ils appeloient encore Lenæa, ou Choa. Voyez Rhodigin. Antiq. Lect. Liv. XXVII, chap. 24, & Liv. XXVIII, ch. 15, & Rosinus Antiq. Rom. Liv. IV, ch. 25. Elle se célébroit au mois appelé Lenæon. Elle avoit été mise en ce mois, apparemment parce qu’il étoit aussi consacré à ce Dieu, & qu’il portoit un de ses noms.

AMBRUN. Ebredunum Caturigum, Eberodunum, Epredunum. Quelques-uns écrivent Embrun, qui n’est pas moins en usage que l’autre, & qui a plus d’analogie au latin, dont il est formé. Ville archiépiscopale de Dauphiné, sur la Durance. Ambrun est une très-ancienne ville, & je crois que son nom est celtigue composé de עבר, eber, passage, & dun, qui signifioit montagne, hauteur ; desorte que Ebredunum est la même chose que la montagne du passage. En effet Ambrun est sur un rocher haut & inaccessible du côté de la Durance, qui avoit apparemment là un passage. Ambrun étoit la capitale des Caturiges. Chorier.

AMBRUNOIS. s. m. Ebrodunensis ager. Bailliage d’Ambrun, partie du Dauphiné qui dépend du Bailli d’Ambrun. L’Ambrunois est tout entier dans les Alpes. Le comté d’Ambrunois fut d’une telle considération, qu’il fut dans la maison des Dauphins, le titre d’honneur de leurs aînés, héritiers présomptifs de leur principauté. Chorier.

AMBRUNOIS, OISE. adj. Qui est d’Ambrun, ou de l’Ambrunois. Les Ambrunois seuls avoient forcé les Romains dans leur camp, & leur avoient tué 80000 soldats & 4000 valets. Chorier. Il y a eu la Bourgogne Viennoise, la Bourgogne Ambrunoise. Id.

AMBUBAIE. Ambubaia. AMBUBAIES, plur. Ambubaiæ. Ce mot, que quelques-uns de nos Dictionnaires ont fait françois, est pris d’Horace, Liv. I. Sat. 2, & de Suétone dans Néron. Un Commentateur d’Horace a cru que les Ambubaies étoient des femmes & des coureuses, que l’on avoit ainsi appelées à cause des sottises qu’elles disoient en bégayant dans l’ivresse. Torrentius sur Suétone, Turnébe, Liv. XI, ch. 23, & Pulmannus dans ses notes sur Suétone, ont pensé que ce mot venoit de ambu, ou am, vieille préposition latine, qui signifioit circùm, autour, & de Baiæ, Baies, lieu délicieux proche de Naples ; & que c’étoient des femmes débauchées qui se trouvoient aux environs de Baies ; que ambu a été dit pour am, de même que indu a été dit pour in ; que c’est de-là qu’on a dit ambalvare, & ambedo, & de même ambubaia. Cruquius, dans son Commentaire sur Horace, croit qu’ambubaia s’est dit pour ambubeja, & qu’il signifie proprement un vendeur d’ambubeja, herbe dont Dioscoride, Celse, Panthin, Matthiole & d’autres ont parlé, & qui dans Pline s’appelle Ambugia, par la faute des copistes, qui ont substitué ce mot à ambubeja, parce que ces vendeurs d’ambubeja étoient des Charlatans ; qu’ensuite on a transporté ce mot à toutes sortes de charlatans, & que c’est là ce qu’il signifie. Mais toutes ces étymologies ne paroissent pas vraies ; la dernière sur-tout n’a pas d’apparence. Il faut dire avec Acron, ancien commentateur d’Horace, avec Mercérius cité par Lambin, avec Scaliger, Casaubon, Beroald, Sabellicus, Caninius sur Suétone, & Lambin, dans ses notes sur Horace, Buxtorf, Schindler, Bechart, & tous ceux qui savent les langues, que ce nom est syriac. En effet, de אביב, abib, qui signifie une tige de blé, on a fait אבוב, abbub, qui revient au calamus des Latins & signifie originairement un petit instrument de musique fait avec un chaume, une tige de blé, en un mot un chalumeau ; & parce que les flûtes ont commencé par-là, quoiqu’elles se soient perfectionnées dans la suite, & qu’elles n’aient point été de simples chalumeaux ; ou parce qu’elles leur ressembloient, on les a toujours appelées אבוב, abbub, avec la terminaison syriaque, אבובא, abbuba, ou אבוביא, abbubaia ; & comme le syriac met un נ nun, au lieu de Dagesch, aussi bien que l’arabe, pour אבוביא, abbubaja, on dit אנבוביא, anbubaia, une flûte, dont les Romains ont fait ambubaia, en changeant seulement l’n en m, sans changer rien dans le son, ni la prononciation ; & ils ont donné le nom de l’instrument à celui qui en jouoit, appelant Ambubaia, joueur ou joueuse de flûte, comme nous appelons flûte, haut-bois, violon, trompette, non-seulement ces instrumens, mais encore ceux qui en jouent. J’ai dit joueur ou joueuse de flûte, parce que Lambin croit que c’étoient des hommes ; mais la plus ancienne & la plus commune opinion, est que c’étoient des femmes syriennes ; & dans Suétone, il paroît que ce sont des femmes. Nous dirions en françois des Joueuses d’instrumens, des Chanteuses, des Comédiennes.

AMBUILA, AMBOILA. Contrée du Congo en Afrique. Ambuila. Elle est entre le lac d’Aquilunda, & la ville de San Salvador.

AMBULANCE. s. f. Terme usité dans les Aides, dans les Domaines, &c. C’est l’emploi d’un Commis ambulant. On dit, une Ambulance dans les Aides, dans les Domaines.

AMBULANT, ANTE. adj. Souvent employé substantivement du verbe inusité ambuler, ou du latin ambulare ; aller, se promener. Erro, erroneus, errabundus. Il se dit particulièrement d’un Commis des Fermiers, qui va visiter les bureaux des contrôles établis dans chaque province, pour voir si les Contrôleurs font leur devoir, si leurs rôles ou sommiers sont en état, & pour recueillir l’argent du contrôle. Ambulator. On le dit aussi des Comédiens errans, qui vont de ville en ville jouer la Comédie. On l’applique aussi à un homme qui est toujours par voie & parchemin. C’est un homme fort ambulant, qui mene une vie ambulante. Ambulator.

Ambulant, se dit aussi à Amsterdam, des courtiers ou agens de change, qui n’ont pas fait serment par-devant les Magistrats de la ville. Ils travaillent comme les autres, mais ils ne sont point crus en Justice.

Ambulant, en Manége, se dit d’un cheval qui va l’amble. Ambulator equus.

AMBULATOIRE. adj. m. & f. Qui se dit des Juridictions qui ne sont point fixes en certain lieu, mais qui se tiennent tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre. Fixam & certam sedem non habens. Le Grand-Conseil est ambulatoire. Les Parlemens ont été rendus sédentaires ; ils n’étoient auparavant qu’ambulatoires. Larrey a dit des Parlemens courans, ou ambulatoires. Il falloit ôter courant, qui n’est point en usage ; on ne dit que Parlement ambulatoire.

On dit aussi proverbialement, que la volonté des hommes est ambulatoire ; pour dire, inconstante, sujète à changer.

Mais comme son humeur est fort ambulatoire,
Ne perdez point de temps, si vous me voulez croire.

Rousseau.

☞ AMBULON. s. m. Arbre qui croît dans l’île Aruchit, & porte un fruit semblable à celui de la canne à sucre, & de la grosseur de la graine de Coriandre.

AMPURBAL, ou plutôt AMBURBIAL, IALE. adj. m. & f. Qui appartient aux Amburbies, ce qui en fait partie. Le sacrifice amburbial, Amburbiale sacrum. Les victimes amburbiales, Amburbiales victimæ, sont celles que l’on conduisoit dans cette cérémonie autour des murs de la ville, & que l’on immoloit ensuite. Lucain l’a décrit, Liv. I.

AMBURBIES. f. pl. Amburbia, Amburbialia. Cérémonie, ou fête des anciens Romains, qu’ils célébroient en faisant des processions, & en promenant la victime autour de la ville, avant que de faire le sacrifice. Ce mot