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AN
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Anni à Christo nato. Ans du monde, ceux qui sont écoulés depuis la création du monde. Anni ab orbe condito.

On le dit aussi des autres époques des temps. Un tel an de la fondation de Rome, de l’hégire, de Nabonnassar, &c. Voyez la différence de ces années au mot Époque, & les Tables de Du Cange pour la réduction de toutes ces années différentes à notre supputation commune.

l’An bissextil, est celui où de quatre ans en quatre ans on insère un jour pour le faire de 366 jours. Annus intarcalaris. Comme l’année Julienne est de 365 jours & 6 heures, César ordonna que l’on composât des 6 heures qui excédent, un jour en quatre ans, & il fit intercaler ce jour après le 23 de Février, qui étoit le 6 des calendes de Mars. Ainsi, parce qu’on comptoit cette année-là bis sexto calendas, on l’appela bissextus ; & de-là vient l’an bissextil. Mais parce que dans la réformation du calendrier par les ordres du Pape Grégoire XIII, on s’apperçut en supputant, qu’il manquoit 11 minutes aux 6 heures dont se formoit le bissexte, & que ces 11 minutes en 134 ans, ou environ, composoient un jour, l’on arrêta qu’en 400 ans l’on retrancheroit trois bissextes. Par conséquent les années 1700, 1800 & 1900 ne sont point bissextiles, parce que l’an 1600 a été bissextil : l’an 2000 le sera.

Année anomalistique, ou périodique. C’est le temps qui répond à la révolution de la terre autour du soleil. Cette année a été conclue de 365 jours 6 heures 9’, 14”.

An de viduité, ou An de deuil ; c’est l’année pendant laquelle une veuve doit s’abstenir de passer à un second mariage. Annus viduitatis. Les lois ont voulu qu’elle rendit ce respect aux cendres de son mari, & que du moins elle honorât son tombeau de ses larmes, & de ses regrets, pendant la première année de son veuvage. Par le droit Romain les veuves qui convoloient à de secondes noces dans l’an de deuil, étoient privées de tous les avantages qu’elles avoient reçus de leurs maris, afin de les obliger à conserver le souvenir de l’amitié conjugale. Cela s’observe encore dans les provinces où le Droit écrit est en usage. Ailleurs on suit plus communément le Droit canonique ; & l’an de viduité n’est qu’une loi de bienséance. Seulement s’il y a soupçon de grossesse, la veuve ne doit pas précipiter son mariage, pour éviter la confusion du sang.

On dit, une prescription de dix ans, de vingt ans, de trente ans, de quarante ans, de cent ans. Denarii, vicenarii, tricenarii, quadragenarii, centenarii anni præscriptio ; denaria, vicenaria, tricenaria, quadragenaria, centenaria usucapio. On dit aussi, an & jour ; pour dire, un an entier & accompli, desorte qu’il y ait même un jour de l’année suivante.

An & Jour, en matière de retrait, est le temps accordé aux lignagers pour retraire un héritage propre qui a été aliéné, & mis hors de la famille. Ce temps court contre toutes sortes de personnes, sans espérance de restitution.

An & Jour, se dit aussi du temps accordé pour former la complainte, & se compte depuis le temps du trouble.

☞ On appelle service du bout de l’an, ou simplement le bout de l’an, le service qu’on fait dans une église pour une personne, un an après sa mort.

☞ On dit le jour de l’an, pour dire, le premier jour de l’an ; & bon jour & bon an, est une façon de parler proverbiale & familière, dont on se sert pour saluer les personnes la première fois qu’on les voit dans les premiers jours de chaque année.

Souhaiter la bonne année, une heureuse année, c’est un devoir de civilité que les amis se rendent mutuellement au commencement de l’année. Cette cérémonie est très-ancienne. On ne s’en tenoit pas seulement aux complimens chez les Romains ; on offroit aussi des présens ou des étrennes, comme nous faisons encore ; & l’on faisoit des vœux aux Dieux pour la conservation de ses amis. Lucien dit que c’étoit une très-ancienne coutume, & que Numa en étoit l’auteur. Ovide indique la même cérémonie au commencement de son premier livre des Fastes.

Postera lux oritur : linguistique animisque favete :
Nunc dicenda bono sunt bona verba die.

Et Pline encore plus clairement, Liv. XXVIII. ch. I. Primum anni incipientis diem lætis precationibus invicem faustum ominamur. Nous voilà donc à l’année qui vient, comme disoit M. de M. Je vous la souhaite heureuse. Me de Sév. écrivant le premier de Janvier 1676.

On dit, qu’une terre rapporte tant, bon an, mal an, lorsqu’on fait compensation des bonnes & des mauvaises années, & qu’on en fait un prix mitoyen, ou une année commune. Ainsi on dit, une bonne année, une méchante année, selon que les moissons ont été abondantes ou défectueuses, ou qu’une charge a été lucrative.

Année, se dit aussi du revenu d’une année. Son fermier lui doit deux années.

On dit, les belles années, pour dire, les années de la jeunesse. Ac. F.

On dit proverbialement, il nous en a donné pour la bonne année, quand on a donné quelque chose en abondance, & plus qu’on n’en avoit de besoin.

Année de Méthon. Voyez Nombre d’or.

Année sabbatique, est la septième année, pendant laquelle les Juifs laissoient reposer les terres, selon la loi de Moyse. Annus Sabbathi. L’an du Jubilé étoit la 49e année. Comme elle étoit la septièmme année sabbatique, les Juifs la célébroient avec beaucoup de solemnité.

Année de probation, est celle du noviciat des religieux, dans laquelle on les éprouve, pour savoir s’ils pourront supporter les austérités de la règle. Annus probationis.

On appelle année d’exercice, celle où l’on exerce actuellement une charge, que plusieurs officiers ont droit d’exercer l’un après l’autre.

On appelle bonne année, une année abondante en blé, en vin, &c.

Année climactérique. C’est celle qui dans la vie de chaque homme revient de 7 en 7 ans, ou de 9 en 9. Voyez Climactérique.

En Jurisprudence on dit, que l’année commencée est tenue pour complète.

A Rome, on appelle l’Année Sainte, celle où on fait l’ouverture du grand Jubilé. Annus Jubilæi. L’année sainte commence le jour de Noël au temps de Vêpres, où se fait l’ouverture de la Porte-Sainte. Les années saintes se célébroient autrefois tous les cent ans. Clément VI les réduisit à 50 ans, Urbain VI à 33 ans, & Paul II à 25 ans, comme elles sont encore aujourd’hui. Ces réductions se sont faites afin que chaque homme pût une fois en sa vie profiter des grâces de l’année sainte. Celles dont on a mémoire, sont l’année sainte célébrée par Boniface VIII en 1300. L’année sainte célébrée par Clément VI en 1350. L’année sainte célébrée par Boniface IX l’an 1390. L’année sainte célébrée par le même Pape l’an 1400. L’année sainte célébrée par Martin III l’an 1423. L’année sainte remise à l’an 50, & célébrée par Nicolas V l’an 1450. L’année sainte fixée à 25 ans par Paul II & célébrée par Sixte IV l’an 1475. L’année sainte célébrée par Alexandre VI l’an 1500. L’année sainte célébrée par Clément VII l’an 1525. L’année sainte désignée par Paul III, & célébrée par Jules III l’an 1550. L’année sainte sous Grégoire XIII l’an 1575. L’année sainte sous Clément VIII en 1600. L’année sainte sous Urbain VIII l’an 1625. L’année sainte sous Innocent X en 1650, sous Clément X l’an 1675, sous Innocent XII l’an 1700, sous Benoit XIII l’an 1725. Voyez l’Histoire des années saintes, par le P. Alfani, Dominicain, à Naples, 1725.

La grande année des Platoniciens, est une révolution de trente-six mille ans, après laquelle ils prétendent que les planètes & les étoiles se retrouveront au même point, & dans le même ordre, ou dans leur première disposition.