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se nommoit d’abord Chabazzaba ou Chapharbaza. Hérode la bâtit l’an 4705 de la période Julienne, dix ans avant la naissance de Jésus-Christ & la nomma Antipatride en l’honneur d’Antipater son pere. Du temps de S. Jérôme ce n’étoit qu’un bourg nommé Arsus ou Assur.

ANTIPÉRISTALTIQUE. adj. Terme de Médecine, qui se dit d’un mouvement des boyaux. Le mouvement péristaltique des intestins se fait par la contraction de leurs fibres du haut en bas, comme le mouvement antipéristaltique arrive par leur contraction de bas en haut. Dionis.

Ce mot grec, composé d’ἀντὶ, contre, περὶ autour, & σταλτιϰός, qui signifie, ce qui a la force de comprimer, de στέλλω, dans le sens de comprimer. Ce mouvement est contraire au péristaltique, c’est-à-dire, à celui qui comprime les boyaux, non pas que l’antipéristaltique ne les comprime, mais il se fait d’une manière différente.

ANTIPÉRISTASE. s. f. Terme Didactique. Action de deux qualités contraires, dont l’une par son opposition excite la vigueur de l’autre. Le froid, le chaud, le sec, l’humide. Antiperistasis. La moyenne région de l’air est froide en été, & les foudres s’y forment par antipéristase, par le combat du froid & du chaud. C’est par antipéristase que la chaux s’allume en y jetant de l’eau. Les Philosophes modernes se moquent de l’antipéristase & de tous les effets qu’on lui attribue.

Ce mot vient du grec ἀντιπερισταμαι, qui signifie undique, circumobsisto.

ANTIPESTILENTIEL, ELLE. adj. m. & f. qui est contraire à la peste, qui prévient ou guérit la peste. Alexilocmus, a, um. Le Pere Maurice de Toulon, Capucin, dans son Capucin charitable, & le Pere André-François de Tournon, dans l’abrégé qu’il a fait de ce livre en 1710, traitent de la composition du parfum antipestilentiel, & de la manière de s’en servir pour purifier les maisons. Journ. des S. 1724. p. 120.

☞ ANTIPHLOGISTIQUES. s. m. pl. Terme de Médecine, par lequel on désigne les remèdes propres à diminuer l’effervescence du sang, causée par sa disposition inflammatoire. Voyez Phlogistique.

☞ il est aussi adj. Remède antiphlohistique.

ANTIPHONE. s. m. Antiphonum. Terme de Liturgie. L’Antiphone, dans l’office de l’Eglise grecque, consiste en plusieurs versets d’un Pseaume, à chacun desquels on répond par une antienne. Ce mot vient d’ἀντὶ, & de ϕωνὴ. Voyez l’Eucologe, avec les notes du P. Goar, & l’Ordre de l’office des Grecs, au second tome des actes des Saints du mois de Juin.

ANTIPHONIER. s. m. ou ANTIPHONAIRE. Antiphonarium, ou Antiphonarius. Livre qui a pris son nom du mot grec ἀντιφωνη, Antienne. C’est un grand livre où tout l’office de l’Eglise avec les antiennes, est noté, à l’exception des messes qui sont dans un autre livre que l’on appelle Graduel, & où on trouve tout ce qui règle le chant des matines, des laudes, & des autres heures. Ce livre se met sur le grand pulpitre, ou lutrin, & est écrit en gros caractères avec les notes du plein-chant. Saint Grégoire le Grand en fut l’Auteur, comme dit Jean le Diacre en sa vie. Du temps de Jean le Diacre, 300 ans après S. Grégoire, on gardoit encore à saint Jean de Latran l’original de son Antiphonier. Id.

ANTIPHRASE. s. f. Terme de Grammaire. Contre vérité, figure ironique, par laquelle en disant une chose on entend tout le contraire. Anciphrasis. Ce mot vient d’ἀντὶ, & φράσις, qui vient de φραζω, je parle.

C’est une erreur allez commune de faire consister l’antiphrase dans un seul mot, comme quand on dit que le mot de Parque est une antiphrase, parce que les Parques n’épargnent personne. Parcæ, quia nemini parcunt. S. Jérôme, dans son épître à Riparius contre Vigilance, dit que l’on doit plutôt appeler Dormitantius par une antiphrase, que Vigilantius, parce qu’il s’opposoit aux veilles que les Chrétiens faisoient sur les tombeaux des Martyrs. Sanctius, dans sa Minerve, p. 431, condamne cette antiphrase, qui ne tombe que sur un mot, parce que phrasis ne signifie pas un seul mot, mais une partie d’un discours, orationem aut loquendi modum. Ce n’est pas que ce savant Grammairien nie absolument qu’il y ait de véritables antiphrases ; mais il prétend que l’antiphrase est une espèce d’ironie, lorsqu’on exprime par une négative ce qui a dû être exprimé affirmativement : Antiphrafis est ironiæ quædam forma, cum dicimus negando id quod debuit affirmari : comme quand on dit, il ne me déplaît pas, il ne dispute pas mal, au lieu de, il me plaît, il dispute bien. ☞ Sanctius auroit encore mieux fait de ne pas supposer que l’antiphrase doit être exprimée par une négative. Car si en voyant une femme laide, je dis, voila une jolie femme. Si en montrant un fripon, je dis, voila un honnête homme ; ce sont de vraies antiphrases, ou contre-vérités. On doit donc placer l’antiphrase entre les figures qui regardent les sentences & non entre celles qui regardent les mots, non inter figuras verborum, sed sententiarum. Cela étant, Erasme ne parle pas en bon Grammairien, quand il donne pour exemple de ces antiphrases, dans sa remarque sur la lettre de S. Jérôme, le mot de bellum, guerre, parce que la guerre n’a rien de beau, bellum, quod nihil habeat belli.

ANTIPHTHISIQUES. s. m. pl. Terme de Médecine. Remèdes contre la phtisie. D’ἀντὶ, contre, & φθίσις, la phthisie, ou consomption. Il est aussi adjectif. Remède antiphthisique.

☞ ANTIPHISIQUE. adj. de t. g. Terme qui signifie dans le sens propre & littéral, ce qui est contre nature. Alienus, abhorens à naturâ. Du grec ἀντὶ, contre, & φύσις, nature. Amour antiphysique. Voyez les Epigrammes de Rousseau.

ANTIPODAGRIQUES. s. m. pl. Terme de Médecine. Remède contre la goutte, principalement contre la podagre, d’où ils ont pris leur nom. Tels sont le chamædrys, le lait, la teinture d’antimoine, l’urine appliquée extérieurement, le baume anodyn de Batéus, &c. Il est aussi adjectif. Remède antipodagrique.

ANTIPODAL. adj. m. Qui est antipode. Le méridien antipodal. Anonyme, dans les Mém. de Trév.

ANTIPODE. s. m. Terme relatif, qui se dit des habitans de la terre, diamétralement opposés les uns aux autres. Antipodes, qui adversa nobis urgent vestigia. Ils sont sous des cercles parallèles, également éloignés de l’équateur, & sous différentes moitiés du même méridien. Ils sont de part & d’autres en pareille situation ; ils ont le même degré de froid & de chaleur ; la même longueur de jours & de nuits : mais ils ont en même temps toutes choses directement contraires, parce qu’ils sont séparés du diamètre entier de la terre. ☞ Desorte que, pendant qu’un lieu a l’été, les antipodes ont l’hiver ; & quand il compte midi, les antipodes comptent minuit. Plusieurs Anciens, & entre autres Lactance & S. Augustin, se sont mocqués de ceux qui croyoient les antipodes. Si l’on en croit Aventin, Boniface, Archevêque de Mayence, & Légat du Pape Zacharie, déclara hérétique l’Evêque Virgilius, pour avoir soutenu qu’il y avoit des antipodes. Mais on ne convient pas entièrement de ce fait. Quelques-uns rapportent cette histoire d’une autre manière. S. Augustin ne pouvoit comprendre que des hommes ou des arbres fussent pendans en l’air, comme il concevoit qu’ils devoient être sous l’autre hémisphère.

Ce fut Platon, qui le premier eut quelque idée des antipodes. Comme il concevoit la terre d’une figure ronde, il comprit aussi qu’il falloit qu’il y eût des antipodes, & en imagina le nom. Quelques-uns ont cru que l’Amérique n’ayant point été inconnue à ce Philosophe, qui l’a décrite sous le nom d’Atlantide dans son Timée, il lui avoit été aisé de conclure qu’il y avoit des antipodes. Mais d’autres soutiennent que ce qu’il dit de l’Atlantide est une fable. Quoi qu’il en soit, on ne peut plus douter qu’il n’y ait des antipodes. Sébastien Cano en 1519, jusqu’en 1522 ; François Drack Anglois en 1580, & Obvier de Nord Hollandois en 1601, & plusieurs François depuis quelques années ont fait le tour du monde. Les observations & les dé-