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Judith, III. 14. Apamia, Apamene. Il étoit dans la Cœlésyrie.

Bochard, Phaleg. Liv. II. ch. 2, remarque que presque toutes les Apamées sont entourées d’eau, & il en tire une preuve pour l’étymologie de ce nom, qu’il fait venir de l’hébreu אפף, entourer, & מים, eau ; Jonas II, 6. אפפבוני מים, Circumdederunt me aquæ. Il est plus probable que c’est un nom de femme donné à ces villes, comme nous l’avons dit.

Pamiers, ville de France en Languedoc, s’appelle aussi Apamée, en latin, Apamia ou Apamiæ.

APANAGE, autrefois APENNAGE. s. m. Terres que les Souverains donnent à leurs puînés pour leur partage, lesquels sont réversibles à la Couronne, faute d’enfans mâles dans la branche à laquelle ces terres ont été données, &c. Usuaria bonorum attributio ; Fructuaria prædii assignatio ; e regiá stirpe natis assignatæ in usum terræ, ne regnum dividatur ; vulgò apanagium. Sous les Rois de la première & de la seconde race, le droit d’aînesse, ni les apanages, n’étoient point connus. Clovis partagea ses états entre ses quatre enfans ; & Louis le Débonnaire fit la même chose sous la seconde race. Mais on reconnut bientôt l’inconvénient de ces partages, & l’on s’attacha au droit d’aînesse, qui donne la préférence à l’aîné seul pour la succession à la Couronne. Les cadets eurent, pour leur partage ou des duchés, ou quelque portion du royaume en souveraineté ; à la réserve de la foi & hommage, & à condition de la réversion au défaut d’enfans mâles. Cela est arrivé à l’égard de la première & de la seconde branche royale des Ducs de Bourgogne. Enfin, pour ne point démembrer le royaume, & pour abaisser les cadets, l’on s’est contenté de leur donner des apanages ; c’est-à-dire, le domaine utile, & le revenu annuel ; la souveraineté demeurant toujours au Roi. Le Duché d’Orléans est l’apanage des seconds fils de France. Les terres données en apanage sont réversibles à la Couronne à perpétuité au défaut d’enfans mâles, au moins depuis Philippe Auguste ; car jusqu’à lui les filles avoient succédé aux apanages.

Nicod & Ménage dérivent ce mot de panis, qui se prend souvent pour toute sorte d’alimens & de subsistance, vû que plusieurs se sont servis de panagium, pour dire, apanage. Du Cange dit qu’il vient de apanare, apanamentum & apanagium, mots de la basse latinité, qui signifient une pension ou un revenu annuel qu’on donne à des cadets, pour leur entretien & pour leurs alimens, au lieu de la portion qu’ils ont en une Seigneurie qui ne se doit point partager. Cette étymologie retombe dans la première ; car apparemment apanare, apanamentum & apanagium, ont été faits de panis. D’autres, comme Hofman & Monet, le dérivent d’un vieux mot celtique ou allemand, qui veut dire, exclure, forclore de quelque droit : ce qui arrive à ceux qui ont des apanages, qui sont exclus de la succession paternelle. Antoine Loisel, cité par Ménage, croit que apanager vouloit dire autrefois, donner des pennes ou plumes, & des moyens aux jeunes Seigneurs qu’on chassoit du lit & de la maison de leurs peres, pour aller faire fortune ailleurs, soit par guerre, soit par mariage. Paul Emile remarque que les apanages n’ont été connus en France que depuis les voyages d’outremer.

Quoiqu’il en soit de l’origine des apanages, les rois de France ont toujours donné à leurs freres des fonds pour leur entretien, & ces fonds se sont nommés dans la suite apanages. D’abord ils les donnoient pour les héritiers mâles & femelles. Le Roi Jean commença à ne les donner que pour les mâles. Philippe III règla les apanages à dix mille livres ; Philippe IV à vingt mille ; Charles IX les fit monter jusqu’à cent mille ; & le Roi Louis XIII commença par cent mille livres, & fit une augmentation de cent autres mille livres. Le Roi a mis celui de Monsieur à deux cent mille livres, sans les grosses pensions qu’il lui donnoit pour l’entretien de sa maison. Charles IX donna à ses freres, pour leur vie seulement, pouvoir de nommer à tous les offices des Présidiaux, des Aides, &c. Louis XIII & Louis XIV ont donné à leurs freres le pouvoir de nommer à tous les bénéfices consistoriaux, excepté les évêchés. L’Abbé de Dangeau. L’apanage de feu M. le Duc de Berri avoit été réglé comme celui de feu Monsieur, frere du Roi, Voyez Chopin, de Domanio, Conférence des Ordonnances, tit. 2, liv. 12. Déclaration du mois de Mars 1661, pour l’augmentation de l’apanage de Monsieur, frere unique du Roi, Journal des Audiences, T. I, liv. 3, ch. 73. Dupuis, Traité des Droits du Roi, p. 294. Factums de M. Husson, Avocat.

Apanage, signifie en quelques coutumes la portion qui est donnée à un des enfans pour tout patrimoine, pour toute prétention à la succession.

Apanage, se dit aussi figurément des choses qui sont des suites & des dépendances d’une autre. Appendix. Les infirmités sont des apanages de la vieillesse.

N’oublions jamais, mon cher frere,
Que la douleur & la misère,
Du corps mortel que nous avons,
Et de la terre où nous vivons,
Sont l’appanage nécessaire. M. Descart.

Quelques-uns écrivent appanage ; & d’autres écrivoient, il y a 60 ans ou davantage, appennage. Achilles de Harlai de Chanvalon a mis sous le portrait de la Reine-Mere, au commencement de sa traduction de Tacite.

Ce que l’Espagne a de beauté
Se rassemble dans ce visage :
Anne l’eut pour son appanage,
Aussi-bien que la chasteté.

APANAGER. v. a. Donner en apanage, Attributo usuario fundo, jure hæreditatis arcere ; e regiá stirpe natis assignare in usum terras ; fundum fruendum dare, ne regnum dividatur. Un Prince a été apanagé d’une telle seigneurie. Dans les coutumes on appelle aussi, apanager une fille, ou un fils, quand on les établit par mariage, en leur donnant certains héritages ou sommes de deniers, moyennant quoi ils renoncent à toutes successions paternelles & maternelles. Mais ce mot est dit abusivement ; car pour parler correctement il faut dire apanager. Dans quelques coutumes on trouve apaner pour apanager.

Apanager, plus ordinairement apanagiste. s. m. Prince qui jouit d’un apanage. Princeps cui assignatæ sunt in usum terræ, adempto jure dividendi regni. Les Apanagistes jouissent de tous les droits honorifiques, à meilleur titre que les Engagistes.

APANTA. Province de la terre-ferme, dans l’Amérique méridionale. Apanta. Elle est entre le lac de Parima, & la rivière des Amazones.

APANTHROPIE. s. f. Aversion pour la société & la compagnie des hommes ; c’est un symptôme de la mélancholie. Ce mot est grec, ἀπανθρωπία ; il vient du verbe ἀπάγω, je détourne, & de ἄνθρωπος, ’homme. Col. de Villars.

APARAGER. v. a. Comparer. Conserte, comparare. On ne s’en sert plus. Voyez Apanager.

☞ Toujours de l’humeur ou de la mauvaise foi chez les Auteurs du grand Vocabulaire. Voyez l’erreur du Dictionnaire de Trévoux, disent-ils, qui, après avoir dit que ce verbe signifie comparer, ce qui est assez analogue à son vrai sens, ajoute, qu’on ne s’en sert plus, & renvoie à apanager, comme si ce dernier verbe devoit suppléer l’autre. Oui sans doute, ce verbe doit suppléer l’autre, non pas dans le sens qu’on explique, mais dans celui dont on parle au mot apanager, & pour lequel on renvoie à cet article.

Aparager, Emparager, signifie encore, marier quelqu’un noblement & sans dérogeance. Voyez au mot parage, les différentes acceptions qu’on lui donne.

APARENTÉ, ÉE. adj. Voyez Apparenté.

APARIA. Nom propre d’une province de l’Amérique méridionale. Aparia. C’est une partie du pays des Amazones, entre la rivière de ce nom & celle de Potomayo, à l’orient du pays de Canela.