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APO
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belles moralités sur l’Apocalypse. M. Bossuet, & M. l’Abbé de la Chétardie ont fait des Commentaires sur l’Apocalypse, ou explications de l’Apocalypse.

Apocalypse, se dit aussi figurément d’un langage ou d’un discours obscur. Obscurus sermo. Tes volumes ne sont rien qu’un éternel apocalypse. Main. Mauvaise locution.

Ce mot vient d’ἀποκαλυπτω, qui en grec signifie, je me révèle, je découvre.

Apocalypse, Chevalier de l’apocalypse : c’est ainsi que se nommerent les membres d’une société de Fanatiques qui se forma à Rome en 1694. Augustin Gabrino natif de Brescia, leur chef, se fit appeler le Prince du nombre septennaire, & le Monarque de la Sainte Trinité. Ces Fanatiques disoient que leur dessein étoit de défendre l’Eglise catholique contre l’Antechrist qui seroit adoré dans peu. Les armes de cette société étoient un sabre & un bâton de commandement placés en sautoir, une étoile rayonnante & les trois noms des Anges Gabriel, Michael & Raphael. Plusieurs des Chevaliers portoient ces armes sur leurs manteaux & sur leurs habits. Leur nombre s’accrut jusqu’à 80. La plûpart étoient des artisans qui ne travailloient jamais que l’épée au côté. Ils avoient des sentimens fort dangereux. Ils soutenoient entre autres choses qu’une femme, pourvu qu’elle ne refusât rien à son mari, pouvoit bien se livrer à d’autres, & qu’en échange un mari, sur-tout s’il étoit de leur ordre, avoit la liberté de renvoyer sa femme lorsqu’il en étoit dégoûté. Ils étoient avec cela fort charitables envers les pauvres. L’an 1694, le jour des Rameaux, Augustin Gabrino étant dans l’Eglise pendant qu’on chantoit l’antienne, Quis est iste Rex gloriæ ? courut à ces mots, l’épée à la main au milieu des Prêtres, & cria à haute voix, c’est moi qui suis ce roi de gloire. Là-dessus on conduisit Gabrino au lieu où l’on renferme les fous. Peu après un autre de ces Fanatiques, qui étoit bucheron, découvrit tout ce qu’il savoit de la conduite & de la doctrine de cette secte ; on en emprisonna une trentaine, & le reste se dissipa.

APOCALYPTIQUE. adj. m. & f. Prophétique, qui tient de la révélation. Libri vaticinii. On appelle Auteurs apocalyptiques, ceux qui ont travaillé sur l’Apocalypse. Bayle, dans son Dictionnaire critique, dit que Bochard étoit un Auteur apocalyptique. M. Bossuet passe pour le meilleur de tous les Auteurs apocalyptiques. Guillaume Griowé a recueilli tous les Auteurs apocalyptiques.

☞ APOCHYLINNE. Terme de Pharmacie. Suc végétal épaissi.

☞ APOCINOS. Danse ancienne dont il ne nous est resté que le nom. Encyc.

A-POCO. Terme de mépris, emprunté du mot Italien dapoco, qui signifie, malhabile.

Tandis que mon moqueur par son critique écho,
Traitoit ainsi nos chantres d’a-poco,
Fort bien, dit un d’entr’eux, parlant pour tous les autres,
Nos chants sont imparfaits, mais montrez-nous des vôtres.

De la Motte.

APOCOPE. s. f. Apocope, amputatio, recisio. Terme de Grammaire. Racourcissement, figure par laquelle on coupe quelque chose à la fin d’un mot. Ce mot est grec. Il vient de ἀποκοπὴ, fait d’ἀποκόπτω, je coupe, qui est composé de la préposition ἀπὸ, & du verbe κόπτω, je coupe, je retranche. Ingenî, pour ingenii est une apocope.

Apocope. Abscissio. Terme de Chirurgie. Espèce de fracture ou coupure dans laquelle la pièce de l’os est séparee & enlevée : ἀποκοπὴ signifie coupure entière. On appelle aussi cette fracture apothrausis. Col. de Villars.

APOCRÉOS. s. f. Terme de Liturgie chez les Grecs. Carniprivium, Septuagesima. C’est la semaine qui répond à celle que l’Eglise latine appelle Septuagésime. On l’appelle apocréos ou privation de chair, parce qu’après le Dimanche qui la suit, on cesse de manger de la chair, & l’on fait usage des laitages jusqu’au second jour après la Quinquagésime, où commence le grand jeûne du carême. Durant l’apocréos, on ne chante ni triode ni alleluia.

APOCRISIAIRE, ou APOCRISAIRE. s. m. Apocrisiarius. Envoyé, Agent, qui portoit les réponses d’un Prince. Il fut ensuite le Chancelier du Prince, & gardoit le sceau. Dans la basse latinité on trouve Asecrata, æ. Secrétaire, pour Apocrisiaire. Zozime le définit Secrétaire d’Etat pour les affaires étrangères, & c’étoit la même chose que ceux que Vospicus, dans Aurélien, appelle Notarios Secretorum. Jean de la Porte définit Apocrisiaire, Secrétaire… Chancelier ; parce qu’il est le Secrétaire du Prince, & qu’il sait ses secrets. Cette qualité a été depuis principalement attribuée au député du Pape, qui résidoit de sa part à Constantinople pour y recevoir les ordres du Pape, & la réponse de l’Empereur. S. Grégoire étoit Apocrisiaire du Pape Pélage à Constantinople, ce fut pendant ce temps-là qu’il composa ses Morales sur Job. L’Apocrisiaire faisoit la fonction des Nonces ordinaires du Pape auprès des Princes catholiques. Les Apocrisiaires étoient ordinairement Diacres, & ils n’avoient rang qu’après les Evêques, comme on le voit par le concile de Constantinople assemblé durant que Mennas en étoit Patriarche, Pélage, Diacre de l’église romaine, & Apocrisiaire du S. Siége, n’est nommé qu’après tous les Evêques. Quelquefois cependant l’Apocrisiaire avoit rang de Légat, & précédoit même les Patriarches. L’hérésie des Monothélites empêcha quelque temps les Papes d’envoyer un Apocrisiaire à Constantinople. Dans la suite, le Pape Léon II en envoya un à la prière de l’Empereur : mais enfin l’hérésie des Iconoclastes, que les Empereurs soutenoient, ne permit plus aux Papes d’envoyer un Apocrisiaire à Constantinople ; & c’est proprement en ce temps-là que la coutume d’en envoyer, qui avoit été seulement interrompue auparavant, cessa entièrement ; car ceux que les Papes envoyerent depuis à Constantinople après que les François s’en furent rendus maîtres, n’étoient point de simples Apocrisiaires, mais des Cardinaux, avec pouvoir de Légat à latere. Voyez Du Cange, Boullenger. Ce ne fut point au reste les seuls Nonces du Pape qu’on appela Apocrisiaires. Il semble par la Novelle 6 de Justinien, Ch. II, que tous les clercs envoyés à la cour des Empereurs par les Patriarches, & qui y résidoient pour avoir soin des affaires de leurs Eglises, s’appeloient Apocrisiaires. Quelques-uns prétendent que ce fut sous ce Prince que les Papes commencèrent à envoyer des Apocrisiaires à Constantinople : quoique Hincmar, L. De ordine Palatii, C. 13, dise que cette coutume commença dès que la cour impériale fut établie à Constantinople. On trouve encore que du temps de Charlemagne on appeloit Apocrisiaire, le Grand-Aumônier de France. Ainsi Hincmar, dans son quatrième Opuscule, de Ord. Palatii, C. 16, dit que l’Apocrisiaire étoit celui qu’en France on appeloit Chapelain, ou Garde du Palais, Quem Nostrates Capellanum, vel Palatii Custodem appellant, & qui gouvernoit tout le Clergé du Palais. Il prenoit connoissance de toutes les affaires ecclésiastiques. C’étoit aussi le confesseur de tous les officiers de la maison du Roi. On lui donnoit le nom d’Apocrisiaire, parce qu’on le consultoit sur tous les cas importans, & qu’on se régloit souvent sur sa réponse. Il vient en effet du grec ἀπόκρισις, qui signifie réponse. Il est appelé responsalis en latin, par Hincmar, Ep. 3, c. 53.

On trouve encore que l’apocrisiaire étoit un officier dans les monastères ; c’étoit comme le garde du trésor ; il avoit le soin d’ouvrir & de fermer les portes de l’église, & faisoit à peu près les mêmes choses que les sacristains font aujourd’hui. P. Hélyot, T. V, p. 190, 191.

On trouve apocrisariatus dans la vie de S. Léon IX, écrite par Wibert. Apocrisariat, dignité d’apocrisiaire.

APOCROUSTIQUES. s. m. pl. Terme de Pharmacie.