Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/473

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
449
ARA

Tiron. Sa Dissertation sur cela se trouve dans les Mémoires de Trévoux. ☞ Les chiffres Arabes dont on se sert ordinairement dans les calculs d’Arithmétique, sont, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, & 0 qu’on nomme zéro.

Les chevaux arabes, sont ceux que nous appelons communément Barbes, parce qu’ils viennent de Barbarie ; mais ils sont véritablement de race arabe. Leur vitesse est si grande, qu’ils attrapent une autruche à la course ; & on les estime tant pour cela, que, si l’on en croit Marmol, liv. I, ch. 23, on les achete jusqu’à mille ducats d’or, & qu’on les change contre cent chameaux.

Le Golfe des Arabes, est dans la mer de Barbarie, entre la côte du royaume de Barca & celle d’Égypte. Arabum sinus, anciennement Gyzis. Il a pris son nom de la Tour des Arabes.

La Tour des Arabes. Turris Arabum. Tour & village d’Égypte situé sur le golfe des Arabes, aux confins du royaume de Barca.

Arabe. s. m. & f. ☞ Pris, non comme nom de peuple, mais comme signifiant un homme qui exige avec une extrême dureté ce qui lui est dû. Arabs, Arabis in morem ferus. Quand on a affaire à des sergens, ce sont des Arabes, qui tirent jusqu’au dernier sou. Les hôteliers de Hollande sont des Arabes, qui rançonnent cruellement leurs hôtes. Cet usurier est un Arabe envers ses débiteurs, il ne leur relâche rien.

Endurcis-toi le cœur : sois Arabe, Corsaire,
Injuste, violent, sans foi, double, faussaire.

Boil.

Cette expression a été apportée de la Terre-Sainte, où les pélerins étoient cruellement traités par les Arabes.

ARABESQUE. adj. Qui est fait à la manière des Arabes. Arabicus. Les curieux vont voir le palais de Grenade, à cause des ornemens arabesques qui sont merveilleux. On appelle Grotesques, Moresques & Arabesques, les peintures & ornemens où il n’y a point de figures humaines ; des caractères arabesques, les lettres des Arabes.

On appelle aussi Arabesques, en termes de peinture, certains rinceaux ou fleurons d’où sortent des feuillages faits de caprice, & d’une manière qui n’a rien de naturel. On s’en sert d’ordinaire dans des ouvrages de damasquinure, & dans quelques ornemens de peinture & de broderie.

ARABESSE. s. f. Femme Arabe. Mulier Arabs. Les Arabesses des villes, différent de celles de la campagne. Ablanc. Traduct. de Marmol, Liv. I, ch. 32, dans lequel il décrit leurs habillemens & leurs modes.

ARABIE. Arabia. Grande contrée d’Asie habitée par les Arabes. Elle comprend tout ce qui est entre l’Égypte, la mer arabique, autrement la mer rouge, & la mer persique, l’Euphrate, la Syrie, la Phénicie, & la Palestine. Elle le divise en trois parties.

l’Arabie Pétrée, Arabia Petræa, ainsi nommée, ou à cause de ses rochers, ou, comme on le dit plus communément, à cause de sa capitale, nommée Pétra, est à l’orient de l’Égypte & de la mer rouge ; elle a au midi l’Arabie heureuse, au couchant une partie de l’Arabie déserte, au septentrion la Palestine, ou Terre-Sainte, & encore l’Arabie déserte.

l’Arabie heureuse, Arabia felix, Eudæmon, est enfermée entre la mer rouge & le détroit persique. C’est une grande presqu’île. Sa fertilité, sur-tout en baume, en myrrhe, en encens & en toutes sortes d’aromates, lui a fait donner le nom d’heureuse par les Grecs & les Romains. C’est dans l’Arabie heureuse qu’est la Mecque, si fameuse par le tombeau de Mahomet.

l’Arabie déserte, Arabia deserta, s’étend depuis l’Arabie heureuse au midi, jusqu’à la Syrie au septentrion, entre l’Euphrate à l’orient, la Palestine, la Phénicie, & une partie de la Syrie au couchant.

ARABIQUE. s. m. & f. Nom de secte. Arabicus. Il s’éleva en Arabie vers l’an 207, une secte d’hérétiques, qui soutenoient que l’âme mouroit avec le corps, & qu’elle ressusciteroit de même avec le corps. Ils furent nommés Arabiques de leur pays. Voyez Saint Aug. her. 83. Nicéphore, Liv. V, ch. 23, & Eusèbe, Liv. VI, ch. 38, où il dit que l’on tint un concile pour arrêter le progrès de cette erreur, qu’Origène y assista, & qu’il convainquit si bien les hérétiques, qu’ils abjurerent leurs erreurs.

ARABIQUE. adj. m. & f. Qui appartient à l’Arabie. Arabicus. La langue arabique. On appelle gomme Arabique une sorte de gomme qui se fond dans l’eau, & qui découle d’un acacia, commun en Égypte & en Arabie. Il y a plusieurs autres gommes qui se dissolvent de même dans des menstrues aqueux : telles sont celles de nos arbres à noyau. Le golfe arabique est la mer rouge. Plusieurs Latins, le Géographe Denys & la plupart des Auteurs Grecs distinguent la mer rouge du détroit arabique. Le golfe ou détroit arabique, sinus arabicus, est, selon eux, aussi bien que selon tous les autres, le golfe qui commence au détroit de Babelmandel, & s’étend entre l’Ethiopie & l’Egypte d’un côté, & de l’autre l’Arabie heureuse jusqu’à la ville de Suez. La mer rouge, Mare rubrum, Erithrum, ou Erithræum, selon les Anciens, est l’Océan qui se trouve entre l’Ethiopie & l’Inde. Ainsi c’est la mer rouge, selon eux, qui entre également dans les deux golfes, le persique & l’arabique ; & de là vient qu’ils appellent indifféremment l’un & l’autre, Mer rouge, témoin Sénèque. Troade, ℣ 11, Solin, ch. 58. Pline, liv. VI, ch. 23, 24, 25, & Liv. V, ch. 11. D’où vient donc qu’on a attribué le nom de Mer rouge au détroit arabique en particulier ? Quelques Auteurs croient que c’est une erreur à laquelle les Septante, & S. Paul Hebr. XI, 29, ont donné occasion ; que comme on a vu qu’ils appellent le golfe arabique Mer rouge, on a cru, contre ce que nous venons de montrer, & contre l’intention des Septante & de S. Paul, que c’étoit le nom propre & particulier de cette mer, & qu’il ne convenoit point à d’autres. Voyez Mer rouge. Ce détroit s’appelle encore mer de la Mecque, Meccense pelagus. Il a environ 370 lieues de long. Sa plus grande largeur n’est guère que de 80 lieues. Le golfe arabique est dangereux à cause des bancs de sable, des petites îles, & des écueils qu’on y trouve. Il y a deux choses singulières dans ce golfe. 1o Une prodigieuse quantité de corail, dont on trouve en plusieurs endroits des forêts entières qui ont quelques milles d’étendue, & dont les arbres sont si grands qu’ils poussent leurs cornes jusqu’au-dessus de l’eau. 2o. On y voit une très-grande quantité de l’herbe que les Éthiopiens appellent zuph qui est rouge, & propre à faire une espèce de teinture de pourpre. Et c’est vraisemblablement de cette herbe que ce golfe prit autrefois le nom de mer rouge. Maty ; ou peut-être du corail & de cette herbe tout ensemble. C’est aussi de-là que les Hébreux l’appellent ים סוף mer de Saph, qu’il faut par conséquent traduire, mer pleine de l’herbe appelée Saph, et non pas en général, comme font tous nos Commentateurs, mer pleine de roseaux & d’herbes marécageuses.

Arabique. Pierre arabique. Elle ressemble à de l’ivoire marqueté de taches. Broyée & appliquée en cataplasme, elle dessèche les hémorrhoïdes. Calcinée, c’est un remède contre les douleurs de dents, selon Dioscoride cité par James.

Arabique, Arabicus. Titre, nom honorable qui fut donné à l’Empereur Sévère, parce qu’il conquit l’Arabie, & en fit une province romaine. Ses médailles portent L. SEPTIMUS SEVERUS PERTINAX AUG. IMP. VII & au revers, PARTHIC. ARABIC. ADIAB. COS II.P. P. & d’autres, PARTH. ARAB. PARTH. ADIAB. C’est à-dire, Parthique, Arabique, Adiabénique ; ou Parthique, Arabique, Parthique, Adiabénique. Apparemment parce qu’il avoit vaincu les Parthes en Arabie, & dans la Diabène, & qu’il leur avoit enlevé ces deux provinces.

ARABISER. v. a. Rendre Arabe. Ce mot est nouveau, & ne peut pas être d’un grand usage. On attribue à un Turc nommé, Al-Fariabi, & parmi nous Alfarabius, la traduction des Analytiques d’Aristote.