Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/570

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
546
AS

derrière du côté droit, ou au pied hors du montoir de derrière. On remarque cela à cause que les superstitieux croient que ces sortes de chevaux sont malheureux dans les combats.

ARZEN. Ville nommée autrement Arzeo, ou Arzer & Arser. Arsenaria. Elle est dans le royaume d’Alger, sur la côte de la province de Teleusin, à l’orient d’Oran.

ARZENARA. Voyez Argentara.

☞ ARZENGAN, ou ARZINGIAN. Ville d’Asie, dans la province de Roum, en Syrie. Plusieurs la placent dans l’Arménie.

ARZENZA. Rivière de l’Albanie. Genusus, & selon quelques Géographes, Panyasus ; selon d’autres, Spinarza. Après avoir arrosé l’Albanie, elle se jette dans le golfe de Venise, entre Durazzo & Pirgo. On l’appelle aussi Cherveste.

ARZERUM. C’est l’Assyrie propre. Voyez Assyrie.

ARZE5, ARCES. Bourg de l’île de Chypre. Arzus, autrefois Arsinoë, ville Episcopale. Il est dans les terres.

ARZILLE. Ville du royaume de Fez, en Afrique. Arzilla, Zilia, Zelia. Elle est dans la province d’Hazbat, sur la côte de l’Océan Atlantique, plus au midi que Tanger.

ARZUA. Bourg de Portugal. Arzua. Il est dans la province d’entre Duro & Minho. Quelques Auteurs veulent que ce soit l’ancienne Aruduca des Bracares, que d’autres placent à Guilmaranez, dans la même province.

AS.

AS. Nom purement latin, dont nos Antiquaires se servent souvent. As, assis. Ce nom a deux sens. 1°. Il signifie un poids, & en ce sens l’as romain est la même chose que la livre romaine ; & il étoit composé de douze onces. On le divisoit encore en beaucoup d’autres parties, que l’on peut voir dans la loi Servum, de hæredib. infiit. Lib. XIII. Pandect. Les principales étoient l’once, qui étoit la douzième partie de l’as, Uncia ; δωδέκατον, Sextans ; ἕκτον, la sixième de l’as, qui étoit de deux onces ; Quadrans, τέταρτον, la quatrième partie, le quart de l’as, qui contenoit trois onces ; Triens, le tiers ou la troisième partie de l’as, c’étoit quatre onces ; Quincunx, τρίτον δωδέκατον, c’étoit cinq onces ; le tiers de l’as, plus une douzième, ou plus une once. Semis, ἥμισυ, le demi-as, c’est-à-dire, six onces ; Septunx, que les Grecs appeloient ἥμισυ δωδέκατον, c’est-à-dire, la moitié de l’as, plus la douzième partie, qui est une once, c’étoit sept onces, comme le mot latin le signifie ; Bes, δίμοιρον, les deux tiers de l’as, ou huit onces ; Dodrans, δίμοιρον δωδέκατον, les deux tiers, & une douzième, qui sont les trois quarts de l’as, ou neuf onces ; Dextans, que les Grecs appeloient δίμοιρον ἕκτω ; c’est à-dire, les deux tiers & une sixième de l’as : ce qui faisoit dix onces ; Deunx, en grec, δίμοιρον τέταρτον, les deux tiers & un quart de l’as, qui font trois onces : ce qui fait huit onces plus trois onces ; c’est-à-dire, onze onces, & ce que le mot latin signifie ; car Deunx est la même chose que un as moins une once. Les Grecs appeloient l’as entier, λίτρα, Libra, Livre.

2°. De ce sens propre & primitif de l’as, on en avoit fait un autre ; car transportant ce mot à quelque autre chose que ce fût, as signifioit le tout, la chose entière, la totalité d’une chose : Solidum quid. Ce sens avoit lieu principalement dans les successions ; & as signifioit la succession, l’hérédité entière. Ainsi Hériter de quelqu’un ex asse, c’est hériter de tout son bien, être son légataire universel, son unique héritier. Et de même des parties de l’as, hériter ex triente, ex semisse, ex besse, ex deunce, &c. c’est hériter du tiers, de la moitié, des deux tiers, de tout, excepté une douzième, &c.

3°. L’as, & c’est en ce sens sur tout que nous le disons en françois, l’as étoit une monnoie. Eusèbe rapporte dans sa Chronique à l’an 306, que sous Numa Pompilius les as étoient de bois, de cuir & de coquilles. S. Jérôme, dans sa Traduction d’Eusèbe, omet cette dernière espèce. Sous Tullus Hostilius on les fit de cuivre, & on les appela as, libra, pondo : 420 ans après, la première guerre Punique ayant épuisé l’état & les finances, on en retrancha un Sextans, ou deux onces, & on ne les fit plus que du poids du Dextans, c’est à-dire, de dix onces. Dans la suite on ôta encore une once, & on les réduisit au Dodrans, c’est aux trois quarts du premier & véritable as, ou à neuf onces. Enfin, par la loi Papirienne, on en retrancha encore une once & demie, & on les réduisit à sept onces & demie, ce qui s’appelait septunx & semuncia ; & l’on croit communément que l’as resta à ce point tout le temps de la République, & jusqu’à Jésus-Christ. Ce dernier as, s’appelle l’as Papirien, parce que ce fut C. Papirius Carbo, qui, l’an de Rcme 563, sous le consulat de L. Cornélius Scipion, & de C. Lælius Népos, étant Tribun du peuple, fit la loi dont nous avons parlé. Lex Papiria. Ainsi il y a eu quatre as différens pendant le temps de la République. La marque de l’as étoit d’un côté une tête de Janus à deux visages, & de l’autre un bec de navire ; rostrum navis, c’est-à-dire, une proue de navire, l’avant d’un vaisseau. C’est ce que nous voyons encore sur plusieurs as qui nous restent, & qui se conservent dans plusieurs cabinets d’Antiquaires ; & ce qu’Ovide dit être Janus, le navire qui amena Saturne en Italie, Fasior. Lib. I, v. 231.

Noscere me duplici posses in imagine, dixit.

C’est Janus qui parle, & v. 239 & 240, après avoir dit que Saturne chassé de ses états par Jupiter, vint dans la partie de l’Italie, qui de son nom fut appelée Saturnia, & Latium, parce qu’il s’y cacha. Latente Deo. Il ajoute :

At bona posteritas puppim signavit in are,
Hospitis adventum teslificata Dei.

As. C’est à Amsterdam une des divisions de la livre, poids de marc ; 32 as font un engel ; 10 engels font un loot, & 32 loots font la livre.

Quoique ce nom as soit latin, il est d’usage dans notre langue, & l’on ne peut guère s’en passer. Ce mot n’a point de pluriel dans notre langue ; il est indéclinable, comme on peut le voir ci-dessus. Il vient de αἳς, mot grec du dialecte dorien, que ce peuple disoit pour εἷς, un. L’as, comme nous l’avons dit, signifioit une chose toute entière ; c’est le sentiment de Gronovius, De Pecun. vet. Lib. IV, c. 17. Budé a écrit cinq livres de l’as & de ses parties. Voyez encore Pline, Hist. nat. Lib. XXXIII, cap. 3. Cenalis, Evêque d’Avranches. De Pond, ac Mens. rat. Hotman. Antiq. Roman. Liv. IV, c. 1, 8, 9. Alex, ab Alex. Dier. Genial. L. I. c. 1. Thom. Godwin, Anthologia Hist. Rom. Lib. III. sect. 4, c. 15. Le grand as, c’est à dire, le premier qui fut fait d’une livre romaine, ou de douze onces, vaut, selon Pitiscus, 4 deniers & demi, une demi-obole, & la quatrième partie d’une pite.

As. s. m. Terme de Jeu. Il faut prononcer le s. Au jeu de dez, il se dit d’un seul point marqué sur une des faces du dez que l’on joue. Au jeu des cartes, on le dit de celles qui n’ont qu’une seule figure marquée au milieu. Monas tesseræ. Monas solii lusorii. Amener rafle d’as, ambesas, C’est un as de pique. On s’en sert figurément pour marquer le mépris qu’on a pour quelqu’un.

AS, ou ASH. Nom fameux dans les Histoires fabuleuses du Nord. As, ou Asa. Selon l’opinion commune, c’étoit un Dieu des peuples septentrionaux ; mais selon M. Sperlingius, les Asiaiques chassés par Pompée de leurs pays, se retirèrent dans le Septentrion. Comme ils étoient extrêmement polis & délicats, ils méprisoient les mœurs barbares des septentrionaux, qui les regardoient avec admiration, & comme des espèces de Divinités : & pour marquer quelque chose de grand, d’excellent, de magnifique, ils se servirent du nom ase, & aeser, & le donnèrent même à leurs Dieux. Cette Dissertation de M. Sperlingius se trouve dans les Nouvel-