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encore très-improprement huile d’aspic ; pour parler correctement, on doit écrire & dire l’huile de spic, oleum spicæ. On crie à Montpellier en certains temps sous le nom de spic, les sommités fleuries & desséchées de la lavande à feuilles larges, ou grande lavande.

Aspic d’outremer. Ce n’est pas un épi qui naisse à la cime du nard, mais c’est la racine qui a la figure d’un épi. Cet épi est de couleur de fer, d’un goût amer, & d’une odeur qui n’est pas désagréable. Il croît dans les montagnes de l’Inde. Il est astringent, abstersif, apéritif & fortifiant. Chom.

ASPIDISQUE. s. m. Aspidiscus. Signifie proprement un petit bouclier, ou ses ornemens extérieurs : mais on donne ce nom par métaphore au sphincter de l’anus, auquel il sert en quelque sorte d’anneau, comme nous l’apprend Cœlius Aurelianus, cité par James.

ASPIDO. s. m. Rivière de la Marche d’Ancone, dans l’Etat de l’Eglise, en Italie. Aspis. Elle se joint au Musone vis-à-vis de Lauréte, & se décharge avec cette rivière dans le golfe de Venise.

ASPIRANT, ANTE. ad. Qui aspire à quelque chose, qui veut y parvenir. Aspirans, contendens ad. Il n’est guère d’usage au propre.

Aspirant, se dit aussi au substantif, de tous ceux qui poursuivent leur réception en quelques degrés ou maîtrises. Candidatus. C’est un aspirant au doctorat ; un aspirant à la maîtrise. L’Ordonnance veut que les aspirans à la maîtrife des Corps des Marchands, soient interrogés sur les parties doubles & simples. Aspirant Apothicaire. Voyez Apothicaire.

Aspirant, ante. adj. Vocalis spiritu aspero elata. Terme de Grammaire, qui se dit de certaines lettres qu’on aspire, & dont la prononciation est plus forte que celle des autres. Si on ne faisoit point l’h aspirante dans le mot de Héros, on feroit une fâcheuse équivoque. Vaug. Rem.

Aspirante. s. f. Quæ aspirat, contendit. C’est parmi les Religieuses, une fille qui ayant fait son noviciat, aspire à être reçue, & à faire solennellement les vœux que son Ordre exige.

C’est aussi une fimme qui après avoir achevé son apprentissage, aspire à être reçue maîtresse, & se présente pour cet effet aux Jurées de son métier, pour faire le chef-d’œuvre qu’elles lui donneront, selon leurs statuts.

En termes de Méchanique, on appelle une Pompe aspirante, celle qui élève l’eau jusqu’à 32 pieds, sans autre compression que celle qui se fait parla pesanteur d « l’air extérieur, & dont on attribuoit autrefois l’effet à la crainte du vide. Anthlia.

☞ On l’appelle aspirante, parce qu’elle élève l’eau en la tirant, à la différence de celle qui l’élève en la poussant. Dans les pompes aspirantes, dont le méchanisme n’est pas différent de celui des seringues ordinaires, l’eau doit s’élever jusqu’à 32 pieds. En effet une colonne d’eau de 32 pieds de hauteur doit être en équilibre avec une colonne d’air de la hauteur de l’atmosphère terrestre, parce qu’une colonne d’eau de 32 pieds de hauteur est en équilibre avec une colonne de mercure de 29 pouces.

ASPIRATION. s. f. Action de celui qui respire, & qui tire son haleine, ou l’air extérieur en dedans pour rafraîchir ses poumons. Adspiratio. Il n’est d’usage que dans le dogmatique. Les Médecins disent aussi inspiration, & l’opposent à expiration, qui est l’action par laquelle on repousse ce même air au-dehors.

☞ Aspiration, se dit aussi en Physique & en Hydraulique, en parlant des pompes qui servent à l’élévation des eaux. Ce mot n’est point synonyme d’ascension, comme le disentles Vocabulistes. Il est absolument relatif à la manière dont les eaux sont élevées. Une pompe qui agit par aspiration, par opposition à celle qui agit par compression. Pompe aspirante, pompe foulante.

Aspiration, est aussi un terme de Grammaire. Vocalis elatio fortior, asperior. Il signifie une prononciation forte qui se fait en aspirant, & qui se tire du gosier : ce qui se pratique à l’égard de l’h dans un grand nombre de mots où cette h est aspirée. Ainsi on ne doit point prononcer sans aspiration ces mots, Harangue, Hache, Hameau, Héros, Hollande, &c. Et par conséquent la voyelle, quand il s’en trouve une devant, ne se perd point.

l’Aspiration, que les Grecs appellent Esprit, & qu’ils marquent sur les voyelles d’une manière différente des lettres, est cependant une vraie lettre, comme toutes les autres, & une véritable consonne. C’est un paradoxe de Grammaire, mais qui pour être paradoxe n’en est pas moins indubitable. Pour le montrer, il faut supposer d’abord que quand nous parlons ici de lettres, nous n’entendons pas les caractères de l’alphabet, qui sont arbitraires, & qui varient souvent selon les langues & dans les peuples, & dans le même peuple selon le l’usage, & même quelquefois selon la fantaisie des particuliers ; les uns, par exemple, écrivent des aspirations, ou lettres aspirées, où les autres n’en mettent point, quoique tous prononcent de la même manière ; comme dans huomo, huomini, mot italien, qu’on écrit aussi uome, uomini. Il en est de même en d’autres, comme beste, que nous écrivons avec un s, ou bête avec un accent circonflexe, & cent autres semblables. Mais nous parlons des sons naturels que peuvent former dans l’homme les organes de la parole, c’est-à dire, le gosier, la bouche, la langue, le palais, les dents, les lèvres, le nez. Ces sons sont de deux sortes ; les uns simples, les autres composés ou modifiés. Les sons simples sont ceux qui se prononcent par un seul mouvement de l’organe, comme a, e, i, o, u, &c. Les sons composés sont ces mêmes sons simples modifiés par un mouvement de l’organe surajouté au mouvement nécessaire pour prononcer le son simple. Par exemple, pour prononcer ap, il faut que la bouche fasse deux mouvemens, l’un qu’elle feroit pour prononcer l’a tout seul, & l’autre nécessaire peur exprimer le p. De même dans ir & oc, &c. ou dans ba, be, bi, &c. Tout son, ou tout effet du mouvement articulé de l’organe de la parole, est donc ou un son simple, ou une modification de son simple, qui jointe au son simple fait un son composé. Les sons simples sont ce que nous appelons voyelles ; les modifications, ou modificatifs, sont ce que nous appelons consonnes.

l’Aspiration, est une suite, un effet d’un mouvement que fait quelqu’un des organes de la voix ; c’est donc nécessairement ou un son simple, ou une modification des sons simples, c’est-à-dire, ou une voyelle, ou une consonne. Ce n’est point une voyelle ; car ce n’est point un son simple, qui puisse se prononcer seul, c’est-à-dire, qui résulte d’un mouvement de l’organe, qui seul & par lui-même fasse un son. C’est donc un modificatif ; & en effet il en a toutes les qualités. Car 1°, il résulte d’un mouvement de l’organe, qui de soi ne produit aucun son ; l’esprit doux, ou l’esprit âpre des Grecs, notre h aspirée, aussi-bien que l’h des Allemans, des Anglois, & des autres peuples, ne fait pas plus de son par elle —même que le b, le c, le d, &c. Il en est de même de l’aleph, du hheth, du caph, du ain des Hébreux, des Chaldéens, des Syriens, des Arabes, & de presque de toutes les langues orientales. 2°. Au contraire notre h, les esprits des Grecs, & les autres aspirées dont je viens de parler, se prononcent avec toutes les voyelles, comme ce que nous appelons consonnes ; ces aspirations modifient les voyelles, ce sont des suites, des effets d’un mouvement de l’organe surajouté au mouvement nécessaire pour énoncer la voyelle. Pour prononcer ha, il faut que l’organe fasse deux mouvemens, aussi-bien que pour ba, ou ca, &c. l’un pour a qui de soi est un son, & l’autre qui de soi ne produit aucun son, non plus que b ; mais qui ajoute cependant quelque chose à a, qui le modifie de même que b, c, d, &c. & qui fait que ha n’est pas simplement a, ni ba, ni ca, &c. ni aucun autre son simple ou modifié. Cela sera donc encore plus vrai, ou du moins se fera plus sentir dans les aspirations plus fortes, telles que sont celles des langues orientales, ה, ח, חי, חו, ב, בי, בו, ע, עי, עו. Car par tout là il y a dans la prononciation deux mouvemens, l’un pour la voyelle, & l’autre surajouté, qui de soi n’a aucun son, & qui n’étant qu’un mode, ne peut être seul, & sans sujet, mais se peut joindre à tous les sons simples &, les modifier