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perdue. Une table d’assemblage, est une table composée de plusieurs pièces jointes & collées ensemble, sans aucun placage.

Assemblage, se prend aussi, pour signifier la réunion de plusieurs choses. ☞ Dans ce sens on le dit des choses morales. Assemblage de bonnes & mauvaises qualités. Dans les Arts ce mot désigne l’action de réunir les parties avec le tout, de sorte qu’il en résulte un effet agréable. Faire un heureux assemblage de sciences & de vertus. Maucroix. C’est par l’assemblage & le mélange des élémens, que le principe éternel a produit tout ce que nous voyons. Ablanc. Il en est du discours, comme des corps, qui doivent leur principale excellence à l’assemblage, & à la juste proportion de leurs membres. Boil. Rien n’est plus admirable que l’enchaînement & l’assemblage des divers ressorts qui font mouvoir la machine du monde. Jur.

Assemblage, en Librairie, est le nom que l’on donne à un nombre plus ou moins grand de formes imprimées que l’on range sur une table longue, suivant l’ordre des lettres de l’alphabet, & que l’on leve ensuite une à une dans l’ordre où elles doivent être pour former les piles. Voyez ce mot.

ASSEMBLÉE. s. f. Jonction qui se fait des personnes en un même lieu, ou plutôt certain nombre de personnes réunies dans un même lieu. Conventus, cœtus, congregatio, concilium. Assemblée du Clergé. Assemblée des Etats. Comitia. Assemblée de créanciers. Assemblée de parens. Les tuteurs font des Assemblées de parens pour régler certaines affaires importantes de leurs mineurs. On fait des Assemblées de Médecins dans des maladies inconnues ou dangereuses. Les Académies ont leurs Assemblées, leurs jours d’Assemblées : il y en a de publiques & de particulières. Tenir l’Assemblée, c’est y présider. Rompre l’Assemblée, c’est la finir, pour empêcher ses résolutions.

☞ En parlant de l’Eglise, on l’appelle l’Assemblée des Fidèles : chrétienne Assemblée, c’est l’Auditoire d’un Prédicateur. Concio.

Assemblée, se dit aussi dans le monde de la réunion de plusieurs personnes de l’un & de l’autre sexe, pour jouir du plaisir de la conversation, du jeu. Il n’y a rien d’agréable dans les grosses Assemblées : on y parle beaucoup sans rien dire, & la conversation est plutôt un bruit confus, qu’une véritable société. M. Scud.

☞ Dans ce sens, Assemblée se dit d’un bal particulier, par opposition à un bal dans les formes, qui est ordinairement public. Il y a eu peu de bals cet hiver, mais il y a eu beaucoup d’Assemblées.

☞ Dans l’Art militaire, place ou quartier d’Assemblée, c’est le lieu que l’on donne aux troupes pour s’assembler. Battre l’Assemblée, c’est battre une seconde fois la caisse, afin que les soldats d’une même Compagnie se rangent sous le drapeau pour se mettre en marche. Le troisième appel du tambour s’appelle la Marche, & le premier s’appelle la Générale.

Assemblée, en termes de Chasse, est le lieu, ou le rendez-vous où se trouvent & déjeûnent les Chasseurs, avant que d’aller au laisser-courre.

Assemblée de Juges. Voyez Cour.

Assemblées du Peuple Romain. Voyez Comices.

Assemblées du Camp de Mars, ou de Mai. Terme usité dans notre Histoire. C’étoient en France des Assemblées générales, ou Etats du Royaume, qu’on appeloit ainsi, parce qu’elles se tenoient en rase campagne le premier de Mars, ou de Mai. Les Prélats, Abbés, Ducs & Comtes, s’y trouvoient. Le Roi y présidoit. Sous la seconde race elles se tinrent deux fois l’année. Voyez M. le Gendre, Mœurs & Coût. des François. Charlemagne partageoit ses soins & son application entre deux sortes d’affaires, selon les divers temps de l’année : l’été & l’automne étoient occupés à ses expéditions militaires, ou à quelques voyages sur les frontières. L’hiver & le printemps étoient destinés aux Assemblées de ses vassaux, où l’on traitoit de la guerre & du gouvernement civil de l’Etat ; ou bien à des Assemblées Ecclésiastiques, où l’on régloit ce qui concernoit la police de l’Eglise, par les avis des Evêques & des Abbés ; si toutefois l’on doit toujours distinguer ces deux sortes d’Assemblées, dont les Membres étoient souvent les mêmes ; car la plupart des Evêques & des Abbés étoient vassaux de la couronne, à cause des biens que les Rois avoient donnés à leurs Eglises, ou à leurs Monastères. Par cette raison-là même, plusieurs étoient obligés de fournir des troupes au Roi ; & ainsi ils assistoient aux conférences où il s’agissoit de la guerre. De même les Seigneurs étoient assez souvent présens aux Assemblées où l’on régloit la police Ecclésiastique, quand ces affaires se traitoient en même temps, & en même lieu que les autres. P. Dan.

Assemblée des États d’une Province. Ce sont des Assemblées qui se tiennent pour délibérer sur les affaires particulières de la province. Telles sont les Assemblées des Etats de Bretagne, de Languedoc, &c. Il y a de même des Assemblées d’Habitans, de Communautés, qui ont le même objet par rapport à leurs affaires particulières.

Assemblée du Clergé. Cleri Comitia. Les Assemblées du Clergé sont grandes, ou petites. Les grandes se tiennent de dix ans en dix ans, pour renouveller avec le Roi le contrat des décimes ordinaires, & pour accorder à Sa Majesté quelque secours extraordinaire. Entre deux grandes Assemblées, il s’en tient une petite pour examiner les comptes du Receveur général du Clergé, & dans laquelle on fait un présent au Roi, comme dans les grandes. Les grandes Assemblées sont composées de quatre Députés de chaque province ecclésiastique, deux desquels sont du premier ordre, c’est-à-dire, Archevêques ou Evêques, & les deux autres du second, c’est-à-dire, Abbés, Prieurs, ou autres Bénéficiers de la province qui les envoie. Les petites Assemblées sont composées de deux Députés seulement de chaque province ecclésiastique, dont l’un est du premier ordre, & l’autre du second. Ces Assemblées grandes ou petites, s’appellent ordinaires, parce qu’elles se tiennent régulièrement de cinq ans en cinq ans, & alternativement, grandes ou petites. Il n’y a que seize provinces ecclésiastiques qui envoient des Députés aux Assemblées ordinaires. Ces provinces sont, Lyon, Rouen, Tours, Sens, Paris, Reims, Bourges, Albi, Bordeaux, Auch, Narbonne, Toulouse, Vienne, Arles, Aix, Ambrun. Les autres provinces du royaume n’étant réunies à la Couronne que depuis le contrat de Poissi, les Eglises qui y ont des biens, n’envoient point de Députés aux Assemblées ordinaires où il s’agit des décimes : mais quand il y a des Assemblées extraordinaires où l’on traite des affaires générales de l’Eglise de France, & de ce qui regarde la foi, les mœurs, & la discipline, les Archevêques & Evêques des nouvelles conquêtes s’y trouvent. Ainsi en 1682 les Provinces de Cambrai & de Besançon envoyèrent des Députés à l’Assemblée, & en 1713 & 1714, le Cardinal de Rohan, Evêque de Strasbourg, & les Evêques de Verdun & de Toul, étoient de l’Assemblée qui a reçu la Bulle Unigenitus. Voyez les Mémoires du Clergé, T. 4.

Assemblée illicite. Cœtus, ou Conventus illicitus. C’est celle qui se fait en contravention des règlemens de police : c’est un cas royal, dont les Baillifs, Sénéchaux, & Juges présidiaux, doivent connoître privativement à tous autres Juges royaux & à ceux des Seigneurs. Assemblées illicites avec port d’armes sont encore plus dangereuses. Voyez l’Ordonnance de 1670, tit. 1 & 2.

Assemblée. Cœtus, circulus. C’est aussi un terme de Religieuse. Ainsi aller à l’Assemblée, c’est parmi elles, se rendre dans un certain lieu où toutes les Sœurs s’assemblent de temps en temps, pour y traiter des choses nécessaires, ou pour s’y accuser des fautes légères qu’elles ont faites. C’est aussi se rendre dans la chambre, où elles vont se récréer à midi.

ASSEMBLER. v. a. Réunir, mettre ensemble. Il se dit premièrement des personnes. Congregare, aggregare, cogere, convocare. Assembler le Sénat, le Clergé, les Etats. Assembler l’Arrière-ban. Assembler des troupes. Assembler les Chambres, se dit au Palais, quand toute la Grand’Chambre est assemblée, c’est-à-dire, lorsque ceux qui sont de service à la Tournelle y sont appelés, comme lorsqu’on juge les procès criminels