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ASS

Asseoir une cuve, chez les Teinturiers, c’est la préparer, y mettre les drogues & les ingrédiens nécessaires, pour qu’on puisse y laisser les étoffes, laines, soies & en bain.

Asseoir, se dit aussi en choses spirituelles & morales. Assidere. Dieu a fait asseoir son Fils à sa droite. Il fera asseoir les Apôtres auprès de lui pour juger les douze Tribus d’Israël.

On dit figurément asseoir son jugement, pour dire, juger en connoissance de cause. Judicium, sentenciam ferre. Il ne faut asseoir son jugement sur quelque affaire que ce soit, qu’après une mure délibération. On dit aussi, asseoir sa vue sur quelque objet ; pour dire, s’y arrêter, le contempler. Oculos figere, defigere.

☞ Dans cette acception on ne peut l’employer qu’à l’infinitif ; & ce seroit mal parler que de dire je n’assieds, ou je n’ai assis aucun jugement là-dessus. Il en est de même de tous les autres temps & de tous les autres modes, sans en excepter les participes. Il faut alors se servir d’un autre verbe ou d’un autre tour de phrase.

☞ On dit aussi qu’on ne peut asseoir aucun fondement sur ce que dit quelqu’un, sur ce qu’il promet ; pour dire, qu’on ne peut pas se fier à sa parole, & à ses promesses.

Asseoir en jurisprudence, signifie assigner, hypothéquer une rente, une pension sur des héritages. Designare, assignare. Les Notaires disent dans leurs contrats de constitution, un tel a assis & assigné une telle rente, une telle pension viagère sur un tel héritage, qu’il a affecté & hypothéqué au payement.

Asseoir en matière d’impôts, signifie, départir, régler les tailles & autres droits qui se payent par capitation. Tributa singulorum in capita describere. On a envoyé des commissions aux Elus pour asseoir & départir la taille de leur Election. Ce sont tels & tels paysans qui doivent asseoir la taille en un tel village l’année prochaine. Ils font nommés pour asséeurs. |

Asseoir les ventes, termes des Eaux & Forêts. C’est désigner le canton où est le bois qui doit être vendu. Designare.

ASSIS, ISE. part. Sedens, considens.

ASSIS. Situé, placé, bâti, en parlant d’une ville, d’un château, d’une forteresse, &c. Situs. Cette maison est assise sur le Rhône & la Saône ; pour dire, qu’elle est bâtie & placée sur ces deux rivières.

Assis, se dit en manège du cheval & du cavalier. Celui ci est bien ou mal assis dans la selle, & le cheval est bien assis sur les hanches, lorsque dans ses airs au manège, & même au galop ordinaire, sa croupe est plus basse que les épaules.

En termes de Blason, on dit qu’un animal est assis, quand ils est peint sur son cul, comme tous les animaux domestiques, chiens, chats, &c. Ces mots viennent d’assidere.

ASSÉOUR, ou ASSÉUR, étoit autrefois un Officier de la maison des Ducs & Duchesses de Bretagne. Hist. de Bret. T. II, p. 915. Alain du Cambour Asséour. Jean Sorin Asséour en l’absence dudit Cambour. Pierre de la Mareschée Asséour, & p. 1197. Martin Landelle premier asséeur. Dans ces deux endroits, qui sont des Etats des maisons des Ducs & d’une Duchesse de Bretagne, cet officier est nommé après les Ecuyers.

☞ ASSEPS. Voyez Aseph. C’est la même chose.

ASSEQUI. s. f. Terme de Relation. On donne ce nom aux femmes ordinaires du Grand-Seigneur, qui ont le train d’Impératrice, quoiqu’il ne les ait pas épousées. Elles sont en grande considération. A. D. S. M. C’est la même chose qu’Assaki.

ASSERA. Ville de Turquie, en Europe, dans la Macédoine, sur la rivière de Vera. C’est l’ancienne Assorus de Migdonie.

ASSERAC. s. m. Le même qu’assis, est une espèce de Bangue qui est l’assis des Egyptiens, & différe de l’opium & du maslac des Turcs. Castelli cité par James.

ASSERAL. s. m. Plante dont les Turcs se servent comme d’opium pour chasser la peur & le chagrin, & pour se rendre plus gais & plus hardis. Selon Scaliger, dans son Exercitation 154, les Dervis, qui sont des Religieux Turcs, s’assemblent tous les ans, & après la cérémonie de leur Mosquée, ils vont dans une autre lieu faire un superbe banquet ; ensuite ils mangent d’une herbe qu’ils appellent asseral, qui chasse tous les chagrins, & leur cause une joie extraordinaire ; mais si l’on en prend par excès, il fait perdre le sens pendant quelque temps. Pierre Petit, dans son Traité du Népenthès, cite aussi la plante osséral, & lui attribue les mêmes propriétés.

ASSERBE, ou AZERBE. s. f. C’est le nom qu’on donne à la muscade sauvage, ou muscade mâle.

ASSÉRIM. La Roca d’Assérim, ou d’Ascary. Asserimum, Arx Asserima. Forteresse du Mogolistan, dans la province de Cambaye, au midi de Surate & au levant de Bacaïm, sur un rocher.

ASSÉRER. v. a. Qui se trouve dans Marot, & qu’il a fait du latin asserere. Se rendre maître, s’assurer de quelque chose, la prendre, se l’assurer.

En ta verdeur plaisir donc nous assere. Marot.

ASSERMENTER. v. a. Terme de Palais. Interpeller une partie adverse de faire serment sur la vérité d’un fait qu’elle avance. Il est vieux. Jurejurando, sacramento aliquem, ad sacramentum aliquem adigere.

Ce mot vient de sacramentum, jurement.

☞ ASSERMENTÉ. part. Attaché par serment. Il est vieux. Jurejurando, sacramento astrictus. Les Jésuites sont particulièrement assermentés au Pape & à leur général. Pierre du Moulin. Accomplissement des Prophéties, p. 10 de la préface.

ASSERTEUR. s. m. Ce mot n’est guère en usage que dans ces deux phrases. Asserteur de la vérité, asserteur de la liberté publique ; pour dire, un homme qui soutient la vérité, qui défend la liberté publique en toutes rencontres. Caton étoit un grand asserteur de la liberté publique. Ce mot vient du latin asserere, soutenir, assurer. Dict. des Arts. C’est parier françois en latin.

ASSERTION. s. f. Terme didactique. Proposition qu’on établit, & qu’on soutient vraie. Assertio. La thèse de ce répondant contient une douzaine d’assertions. L’assertion de M. Chevreau est trop précipitée. Misson, Lettre 28. Style d’Ecoles.

Assertion, signifie aussi en style de Pratique, affirmation en Justice. On le renvoya sur son assertion. Il n’est guère en usage. Acad. Fr.

ASSERTIVEMENT. adj. Avec assertion, d’une manière affirmative. Ces paroles étant prises assertivement, iroient à ruiner l’immortalité de l’ame. Log. de P. R. Ce terme est tourné en ridicule dans le Dictionnaire Néologique, où l’on dit que Pantalon-Phœbus parloit toujours assertivement. ☞ Au reste, il ne peut passer tout au plus que dans le genre didaactique.

ASSERVIR. v. a. Domter, mettre en servitude. Subjicere, domare, in servitutem asserere, mittere. Les Romains ont asservi une grande partie de la terre. Il n’a pas tenu à toi que tu n’aies asservi les Macédoniens à ceux qu’ils ont vaincus. Vaug.

Asservir, se dit figurément en Morale, en parlant des passions. Asservir ses passions, c’est les dompter. Et poëtiquement, on dit qu’une belle femme a de quoi asservir tous les cœurs, Si les soumettre à son empire.

Malheureux mille fois celui, dont la manie
Veut aux règles de l’art asservir son génie. Boil.

☞ Il s’emploie aussi avec le pronom personnel. S’asservir au cérémonial, aux règles. Je ne saurois m’asservir à tous vos caprices.

ASSERVI, IE. part. Domitus, in servitutem assertus, missus.

Quoi ! votre ame, à l’amour en esclave asservie.
Se repose sur lui du soin de votre vie ? Rac.

☞ ASSES (les). Peuples d’Afrique, en Guinée, sur la côte d’Or, mais fort avant dans les terres.