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ASS

le même sens, leur ôter le transparent qui le feroit confondre avec les parties qui sont dans les lumières. Assourdir une taille, un trait, les adoucir les rendre moins durs.

ASSOURDI, IE. part. Exsurdatus.

ASSOUROU. s. m. Nom que les Indiens donnent au bois qui est connu en Europe, tous le nom de bois d’Inde.

ASSOUVAGER. v. a. Vieux mot. Soulager, appaiser. On a du aussi assoager.

ASSOUVER. v. n. Terme de Coutume. On dit qu’un étang assouve, lorsqu’il s’empoissonne de lui-même, lorsqu’il produit de lui-même du poisson, ce qui arrive quand une rivière y passe.

☞ ASSOUVIR. v. a. Rassasier pleinement, appaiser une faim vorace. Explere, satiare, exsatiare. Il est si affamé, qu’on ne sauroit l’assouvir. Rien ne peut assouvir sa voracité. Assouvir de pain, de viandes. Une bête féroce s’assouvit de carnage.

Ce mot vient d’adsopire, selon M. Huet.

Assouvir, se dit figurément, pour dire, satisfaire une passion violente. Assouvir sa colère, sa vengeance. L’ambition croît toujours, & n’est jamais assouvie. L’ambition insatiable qui dévore Philippe, ne peut s’assouvir. Tour. L’inquisition va tirer les cadavres de leur tombeau pour assouvir sur ces tristes restes les fureurs de son zèle. Hist. de l’Inq. ☞ Il a un desir de la gloire qu’il ne peut assouvir.

ASSOUVI, IE. part. Expletus, satiatus, exsatiatus.

☞ ASSOUVISSEMENT. s. m. Expletio, explementum. On ne dit point au propre l’assouvissement de la faim. Au figuré, il désigne l’état de ce qui est assouvi, & l’action d’assouvir sa passion. L’assouvissement de ses désirs. Il ne songe qu’à l’assouvissement de sa passion.

☞ ASSUJETTIR. v. a. Soumettre, ranger sous sa domination, obliger à certains devoirs. Subjicere, sub potestatem redigere. Les Romains ont assujetti la plus grande partie du monde.

☞ On dit au figuré, assujettir ses passions, les soumettre à la raison.

Assujettir, signifie aussi, astreindre à quelque chose. Les règles de l’art assujettissent l’ouvrier. J’ai trouvé dans ce bâtiment un pavillon de fait, qui m’assujetit à en faire un pareil. Acad. Fr.

Assujettir, se dit aussi au figuré pour vaincre par la force de ses charmes. Ses yeux ont assujetti mille cœurs. Voit.

Assujettir en méchanique. C’est arrêter une chose de façon qu’elle soit stable & sans mouvement.

☞ On dit dans ce sens en marine, assujettir un mât.

Assujettir, se dit aussi en Morale, des lois, des conditions, des conjonctures, qui obligent à faire quelque chose par quelque espèce de contrainte, Il est souvent employé avec le pronom personnel. Subjicere se. Il faut s’assujettir aux lois, aux coutumes & aux modes. Il faut s’assujettir aux règles, & aux principes des arts & des sciences. Quand on veut bâtir ou fortifier une place, il ta ut s’assujettir au terrain. En s’assujettissant au jugement incertain des hommes, on devient l’esclave de ceux-mêmes au-dessus de qui on veut s’élever. Fléch. Dieu a tellement assujetti l’esprit au corps, que l’esprit n’est occupé que des besoins & des infirmités du corps. Malb. Il faut s’assujettir à certaines bienséances, il l’on veut être au goût du monde. La religion contraint, & ne nous assujettit pas assez ; nous sommes plus inquiets que persuadés. S. Evr.

Assujettir. Terme de Manége. Assujettir la croupe du cheval, & lui élargir le devant. Avec la rêne de dedans & la jambe de dehors, on assujettit la troupe, & la jambe intérieure de derrière à l’extérieure de derrière, étrécit le cheval, l’élargit par-devant. Newc.

ASSUJETTI, IE. part. Subjectus.

ASSUJETTISSANT, ANTE. adj. v. Qui astreint, qui rend extrêmement sujet. C’est un métier bien assujettissant. Acad. Fr.

ASSUJETTISSEMENT. s. m. Contrainte, obligation de faire certaines choses, sujétion. Servitus. C’est une discipline qui a ses assujettissemens. Ablanc. Cette charge est belle, mais elle demande un trop grand assujettissement. En Hollande les maris payent la fidélité de leurs femmes par un grand assujettissement. B. Rab. Une chose qui découvre bien la petitesse de notre esprit, c’est l’assujetissement aux modes. Bell.

Assujettissement. Au figuré. Comme il n’est rien de plus héroïque, ni de plus grand devant Dieu, qu’un entier assujettissement de la volonté, aussi n’est il rien communément de plus rare. Bourdal. Exh. T, 1, p. 285.

ASSUR. Assur. Ce mot, qui est hébreu, & signifie heureux, se prend en trois significations différentes dans l’Ecriture. 1°. C’est le nom propre d’un des fils de Sem. Les enfans de Sem sont Ælam & Assur, & Arphaxad, & Lud, & Aram, Genes. X, 22. Cet Assur fut le fondateur de la Monarchie des Assyriens, Gen, X, 11. Cependant, selon bien des Auteurs, il y a deux Assurs ; l’un fils de Sem, comme nous venons de le dire, & l’autre fils de Nembrod, & le même que le Ninus des Historiens profanes. C’est celui-ci, selon ces mêmes auteurs, qui fut le fondateur de la Monarchie Assyrienne. L’écriture ne distingue point ainsi deux Assurs, & je ne crois pas qu’il soit à propos de le faire. 2°. Assur se prend pour les Assyriens, qui sont la postérité d’Assur, suivant cet hébraïsme si commun d’appeler les descendans du nom de leur père. Malheur à Assur. Celui qui est la verge & le bâton de ma fureur… Mais Assur n’aura pas ce sentiment. Saci. Isaïe X, 5, 7. 3°. Assur signifia le pays qu’habitoient les Assyriens, l’Assyrie. Leur Dieu a été porté en Assur. Osée X, 6, c’est-à-dire, en Assyrie, comme ont traduit les Genevois, Chateillon, Deodati, Saci, &c. Car l’Assyrie vous doit prendre un jour. Saci. Nomb. XXIV, 22. Les Assyriens eut été aussi-bien en cet endroit. Voyez Assyrie & Assyrien.

ASSURANCE. s. f. Sûreté qu’on donne, nantissement. Cautio, pignus. Quand on prête son argent on veut avoir ses assurances, des cautions, des hypothèques, des gages. Je lui ai prêté sur sa bonne foi, je n’en ai point la moindre assurance. Il me faut de votre cœur une pleine assurance, Mol. Pour dire, il me faut des gages, des suretés de votre amour, de votre fidélité.

Assurance, ou Police d’assurance. Terme de Commerce. Est un contrat par lequel un particulier s’oblige de réparer les pertes & dommages qui arriveront pendant un voyage, soit par naufrage, ou tempête ; soit par pillage, ou par guerre, ou par le feu ; soit par cas fortuit, à un vaisseau, ou à son chargement, moyennant certaine somme qui lui est payée par le propriétaire par avance, laquelle somme on appelle Prime. Ce contrat doit être passé par devant le Greffier de la communauté des marchands. Il peut aussi être fait sous signature privée. Il se fait aussi des assurances pour des marchandises transportées par terre. Quand les assurances sont frustratoires, l’assuré doit payer demi pour cent à ses assureurs ; & au contraire quand elles ont lieu, l’assuré doit toujours courir le risque du dixième de la cargaison, pour lequel il doit contribuer à toutes les avaries. Il y a des assurances qui se font sur la marchandise ; d’autres sur le corps & quille du vaisseau, ses agrès, apparaux, victuailles, &c. Les unes ne se font que pour l’envoi, & les autres que pour le retour. On peut faire assurer la liberté, non pas la vie des personnes : on peut pourtant assurer contre tout accident, excepté la mort naturelle. Par l’ordonnance de la Marine de l’année 1681, il est défendu de faire assurer le profit espéré sur les marchandises chargées dans le vaisseau, & de faire assurer au-delà de la valeur des marchandises. L’assurance n’a point de temps limité, & celle qui se fait par mois est usuraire : aussi est-ce une invention des Juifs inconnue aux Anciens. Ils s’en servirent lorsqu’ils furent chassés de France sous Philippe Auguste & Philippe le Long, comme témoigne Jean Villani en son Histoire Universelle. La chambre d’assurance est une chambre, ou assemblée de ces marchands qui se rendent garants des fortunes de mer. Il y en a une établie à Paris.

Coup d’Assurance en marine. Pavillon d’assurance. ☞ Coup d’assurance est un coup de canon que l’on tire lorsqu’on a arboré son pavillon, pour assurer le vaisseau ou le port devant lequel on se présente, que