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ATH

fourneau immobile fait de brique ou de terre, qui a une tour au milieu, où l’on met le charbon, qui communique sa chaleur par des canaux ou ouvertures qui sont aux côtes du foyer, à plusieurs vaisseaux voisins dans lesquels on fait différentes opérations en même temps. On en voit plusieurs constructions & figures dans la Pharmacopée de Charas.

Ce mot vient des Arabes, qui appellent tanneron un four. Les Grecs le nommoient ἀκηδὴς, qui signifie, ne donnant aucun soin. On l’a nommé aussi, Piger Henricus, parce que quand on a empli la tour de charbon, il est assez long-temps à se consumer, & il n’est pas nécessaire de renouveler l’aliment du feu. On le nomme encore fourneau Philosophique, ou fourneau des Arcanes. D’autres le dérivent du vieux mot françois atta, qui signifioit fournaise, Borelli. D’autres d’ἀθάνατος, immortel, parce que ce fourneau est le plus propre à conserver le feu, dont on a besoin pour les opérations de Chimie.

D’autres disent que ce mot est originairement hébreu שגור, tannour, un four, une fournaise. De-là il a passé dans les autres langues, & sur-tout en arabe, ou tannour signifie un four, une fournaise, & avec l’article אלשגור, altannour, qui à cause du tesdit lambdale se prononce atthanour, d’où s’est fait notre Athanor, que les Chimistes ont pris apparemment des Médecins Arabes.

ATHAR, ou ETHER. Ville de la Terre-Sainte, qui fut ôtée à la tribu de Juda, pour être donnée à celle de Siméon. Athar, Ether.

ATHÉE. s.m. & f. Qui nie la Divinité, qui ne croit pas en Dieu, ni en la providence. Atheos, Atheus. En général on est Athée quand on ne reconnoit point d’Etre supérieur à la nature, c’est-à-dire, aux hommes & aux êtres sensibles du monde : ainsi Spinosa est un véritable Athée, quoiqu’il parle de Dieu dans tous ses ouvrages & quelques Savans ont tort de l’appeler Déiste, puisqu’il ne reconnoît point d’autre Dieu que la nature, dont les hommes font partie, & qu’il n’y a point d’Athée qui nie l’existence du monde, & qui ne soit convaincu de la sienne propre en particulier. On a appelé Lucien Athée, quoiqu’il ne se soit moqué que des faux Dieux.

Dans l’antiquité païenne ce mot avoit un sens plus étendu que celui que nous lui donnons aujourd’hui, & signifioit non-seulement celui qui ne croit point de Dieu, mais encore celui qui croyant des Dieux, soutient qu’ils ne prennent aucun soin de nous, & nie la Providence. C’est pour cela que Evémerus, Diogène le Phrygien, Hippon, Diagoras, Sosias & Epicure ont été compté parmi les Athées. Voyez Ælien.

Platon distinguoit trois espèces d’Athées. Les uns qui nioient absolument qu’il y eût des Dieux : les autres qui, convenant de l’existence des Dieux, soutenoient qu’ils ne se mêloient point des affaires humaines : & les autres qui reconnoissoient aussi des Dieux, mais qui s’imaginoient qu’on les apaisoit aisément par des prières, & qu’on étoit quitte des plus grands crimes pour quelques supplications.

Quelques-uns prétendent que le vulgaire dans l’Antiquité appeloit Athées, ceux qui n’adoroient que le Dieu suprême, & non point ceux qui ne reconnoissoient aucun Dieu. Il n’y avoit point, selon eux, d’Athées en ce sens.

On peut être Athée par le cœur ; mais on ne peut pas l’être par l’esprit. S. Evr. Spinosa, le héros des Athées, crut se distinguer en devenant Athée de système & de spéculation. Id. Il est inutile de raisonner contre ceux qui sont Athées par grossièreté ou par débauche, parce qu’ils ne sentent point la force du raisonnement. Pasc. Les Athées les plus déterminés font semblant de respecter les Dieux, de peur de s’attirer l’horreur des peuples, & le châtiment des lois. S. Evr. La superstition entretient & fortifie l’incrédulité des Athées, & leur éloignement pour la Religion.

Taisez-vous, scélérat, m’écriai-je irritée ;
Tout commerce est fini désormais entre nous ;
J’en aurais avec un Athée,
Mille fois plutôt qu’avec vous. Deshoul.

Le mot Athée vient d’α privatif, & de θεὸς Dieu.

Quelques Païens dans la primitive Eglise ont donné ce nom aux Chrétiens, parce que leur Dieu n’est point un Dieu visible & sensible, comme les Idoles du Paganisme ; ou parce qu’ils ne reconnoissoient qu’un Dieu ; & ils traitoient la Religion Chrétienne d’Athéisme. Ainsi Julien, dans son Misopogon, dit aux Magistrats d’Antioche : votre peuple me hait, parce que j’ai embrasse l’Athéisme.

☞ On peut en général distinguer trois sortes d’Athées. Ceux qui nient l’existence de Dieu ; ceux qui nient sa providence ou quelques-uns de ses attributs ; enfin ceux qui croient que l’existence de l’Etre suprême n’est appuyée que sur des preuves insuffisantes. Les premiers sont des ignorans, auxquels il faut apprendre à faire usage de leurs lumières naturelles. Les seconds sont ordinairement des débauchés, qu’il faut faire revenir de leurs égaremens pour les familiariser avec une idée qui les fatigue. Les autres sont des gens livrés à leurs préjugés, qu’il faut éclairer pour les en guérir.

Athée, est aussi adjectif, & signifie, qui est Athée, qui est impie. Impius. Ce sentiment est athée. Cette opinion est athée.

ATHÉISME. s. f. Opinion des Athées, de ceux qui défigurent ou qui détruisent entièrement l’idée d’un Etre suprême. Impietas Deum tollens, atheismus. Le libertinage mène à l’athéisme. Les véritables Savans ne donnent point dans l’athéisme. L’athéisme est plutôt sur les lèvres que dans le cœur. Examinez ces braves de l’athéisme à la mort, & vous verrez le masque qui leur tombe du visage. S. Evr. L’athéisme a été foudroyé par des adversaires redoutables, qui en ont fait voir l’absurdité par des argumens démonstratifs. Boss. Spinosa est le premier qui ait réduit l’athéisme en système, & qui en ait fait un corps de doctrine lié & tissu, selon les manières des Géomètres ; mais d’ailleurs son sentiment n’est pas nouveau. Bayl. Si l’idolâtrie est un crime, l’athéisme en est encore un plus grand, parce qu’il détruit ou rend inutiles toutes les vertus que l’idolâtrie laisse au moins subsister.

Les causes de l’Athéisme sont l’ignorance & la stupidité, la débauche & la corruption des mœurs, la spéculation & le faux raisonnement. Cela fait trois espèces différentes d’Athées. Voyez Clark, de l’Exist. de Dieu, ch. I. L’athéisme est une extravagance, dont l’homme n’est point capable, à moins qu’il ne renonce à lui-même. Abadie. Les Grecs soutenoient que nul parmi les Barbares, c’est-à-dire, parmi tous les peuples différens des Grecs, n’étoit tombé dans l’athéisme ; nul ne doutoit s’il y avoit des Dieux, ou s’il n’y en avoit point, & s’ils se mêloient des affaires de ce bas monde, ou s’ils ne s’en mêloient pas. Voyez Ælien, Var. Hist. L. II, ch. 31. On peut distinguer deux sortes d’athéisme ; l’un absolu, qui nie tout-à-fait l’existence de Dieu ; l’autre relatif, qui ne nie que l’immortalité de l’ame.

ATHÉÏSTE. s. m. signifie la même chose qu’athée ; mais ce mot vieillit, & n’est plus en usage, quoique Beaudouin de l’Académie Françoise s’en soit servi. Il y a des athéistes si détestables, qu’ils tâchent d’avoir des disciples. Baud.

ATHEMAT-DOULET. Voyez Atamadaulet.

☞ ATHÈNE, Ἀθήνη, les Grecs nommoient ainsi la déesse que les Latins appeloient Minerve. De-là vint que la capitale de l’Attique en prit le nom.

ATHÉNÉE. s. m. Athenæum. Lieu public à Rome dans lequel les professeurs des Arts libéraux tenoient leurs assemblés, où les Rhéteuts & les Poëtes lisoient leurs ouvrages, & où l’on déclamoit les pièces, comme il paroît par Capitolin, dans Pertinax. c. 11 ; & dans Gordien, c.3 ; par Lampridius dans Alexandre Sévère, c. 35 ; & par Sidonius Apollinaris, L. II. ep. 9, L. VI. ep.8, L. IX. ep. 14. Il paroît par ce dernier Auteur que ces lieux étoient disposés en amphithéâtres, & qu’il y avoit des sièges, que Sidonius appelle cunæi, comme ceux des amphithéâtres. Aléxandre Sévère alloit souvent dans