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ATH

au moins certaines années, que les dépenses de la guerre. Nulle part il n’y a eu tant de Philosophes, d’Orateurs, de Poëtes excellens qu’à Athènes. Les Poètes sur-tout y venoient de toutes parts, satisfaire l’avidité de ce peuple pour la Comédie & la Tragédie ; & selon le témoignage de Platon, il n’y avoit point de voie plus courte ni plus sûre de s’enrichir. Les jeunes Romains alloient à Athènes faire ou perfectionner leurs études, & prendre le bon goût. Les Turcs se rendirent maîtres d’Athènes en 1455. L’ancienne Athènes étoit pleine d’idoles & d’autels. On en érigea un par le conseil d’Epiménides pour tous les Dieux d’Europe, d’Asie & d’Afrique, dont l’inscription étoit,

ΘΕΟΙΣ ΑΣΙΑΣ ΚΑΙ ΕΥΡΟΠΗΣ
ΚΑΙ ΛΥΒΥΗΣ
ΘΕΩ ΑΓΝΩΣΤΟΙ
ΚΑΙ
ΞΕΝΩΙ

On croit que c’est celle dont parle S. Paul, Act. XVII, 23.

Athènes, s’appelle aujourd’hui Sétines, & non pas Athines, comme dit M. Tourreil, si ce n’est par les Grecs. Les Arabes l’appellent Athiniah, ou Zaitomiah, c’est-à-dire, la Ville des Oliviers ; & ils la surnomment Medinat al hhokamah, la Ville des Philosophes. Les Tables Arabiques lui donnent 60 degrés, 40′ de longitude, & 37d, 40′ de latitude septentrionale. d’Herb. Les Transactions Philosophiques, T. I, p. 652, marquent la latitude d’Athènes à 38d, 5′. M. de la Hire, Tab. Astr. lui donne 43d, 6′, 33″ de longitude, & 37°, 0′, 40″ de latitude. Isaac Vossius dans son Traité de la grandeur de Rome dit, qu’à Athènes pour 20000 bourgeois on comptoit 400000 esclaves : il soutient encore qu’il y avoit plus de monde autrefois dans la seule ville d’Athènes, qu’on n’en trouveroit aujourd’hui dans toute la Grèce.

☞ Plusieurs villes & bourgs ont porté le nom d’Athènes.

ATHÉNIEN, ENNE. s. m. & adj. Qui est d’Athènes. Atheniensis. Les Athéniens portoient la gloire de leur origine jusqu’à la chimère ; & descendus, si l’on en croit quelques Historiens, d’une colonie de Saïtes, peuple d’Egypte, ils se disoient enfans de la terre. Tourreil. C’est un Prêtre de Saïs qui le dit dans le Timée de Platon. Voyez aussi sur leur origine le panégyrique d’Isocrate. Plutarque observe qu’Homère, dans le dénombrement des vaisseaux, ne donne le nom de Peuple qu’aux seuls Athéniens ; ce qui montre, non comme prétend cet Historien, que Thésée se démit de la souveraineté, mais que les Athéniens avoient dès lors beaucoup de penchant pour la démocratie, & que la principale autorité résidoit déjà dans le peuple. Tourr. Solon interrogé s’il avoit donné de bonnes lois aux Athéniens : Oui, répondit-il, les meilleures qu’ils étoient capables de recevoir.

Pour peu qu’un voisin eût offensé les Athéniens, il sentoit tout le poids de leur colère ; d’où vint le proverbe rapporté par Aristote, Réth. liv. II, ch.21. Voisinage Athénien. Tourr. A la bataille de Platée on voit les troupes Athéniennes, avec Aristide à leur tête, recevoir les ordres de Pausanias Roi de Lacédémone. Idem.

☞ ATHENRÉE. (prononcez ATENRI) Quelques-uns écrivent ATERITH, ville d’Irlande, dans la province de Connaught, au Comté de Gallowav.

☞ ATHERDE, ou ARDÉE. Ville d’Irlande, dans la province d’Ulster, au Comté de Louth.

☞ ATHÉROMATEUX, EUSE. adj. Qui tient de la nature de l’athérome. Tumeur Athéromateuse. Voyez l’art. suivant.

ATHÉROME. s. m. Terme d’Oculiste. Tumeur enkistée qui vient aux paupières. Atheroma. On connoît trois sortes d’athéromes, qui prennent chacun leur nom de la matière renfermée dans le kyste. Celui dont le kyste est rempli d’une matière semblable à de la bouillie, s’appelle simplement athérome. Celui qui contient une matière semblable à du miel, prend le nom de méliceris. Celui enfin qui renferme une matière plus solide, & qui a la consistance du suif, est nommé stéatome. Ces tumeurs ne sont ni douloureuses ni dangereuses. Il n’y a que l’opération qui puisse les guérir. S. Yves.

Ce mot est grec, ἀθήρωμα, ou ἀθέρωμα, qu, vient de ἀθήρα, qui signifie une espèce de bouillie à laquelle l’humeur coagulée de l’athérome ressemble.

☞ ATHERSATA. Nom de charge ou de dignité chez les Chaldéens : il est attribué à Néhémie dans Esdras. Il signifie Gouverneur de province, ou Lieutenant de Roi.

ATHLÈTE. t. m. Combattant. Homme courageux & robuste, qui s’attache aux exercices du corps pour combattre à la course, à la lutte, & à d’autres jeux semblables, pour lesquels les Anciens avoient établi des prix. Athleta, Xysticus. Les Athlètes qui avoient remporté le prix aux jeux Olympiques, étoient couronnés d’une branche d’olivier. Pour se rendre plus robustes, les Athlètes vivoient dans une abstinence générale des plaisirs. Dac. Alexandre le Grand, invité de prendre part aux combats des jeux Olympiques, répondit : je le ferai quand les autres Athlètes seront Rois comme moi.

L’art des Athlètes, selon la remarque de Galien, avoit commencé à se former un peu avant le siècle de Platon. Burette. Lycaon institua le premier ces jeux en Arcadie ; & Hercule fut auteur de ceux qui rendirent Olympie si fameuse. Il paroît, par le témoignage d’Homère, Iliade, XXIII, v. 629, qu’avant la guerre de Troye, on avoit coutume de célébrer de ces sortes de jeux, pour honorer les funérailles des grands hommes, & dès-lors Nestor s’y étoit distingué. Mais il y a beaucoup d’apparence qu’alors ces jeux ne faisoient point une profession à part & distinguée des exercices militaires. Mais comme les coutumes les plus sages se corrompent insensiblement, il arriva dans la suite que ce qui n’étoit au fond qu’un aiguillon pour réveiller la valeur martiale, & disposer les guerriers à se procurer des avantages plus solides, en gagnant des victoires plus importantes, devint l’unique but auquel aspira la vanité des Athlètes. Ainsi ce ne fut plus qu’à une vaine acquisition de couronnes & de palmes, jointe aux éloges, aux acclamations, & aux autres honneurs dont on les accompagnoit, qu’ils rapporterent leurs talens, leur genre de vie, & leurs occupations les plus sérieuses. Le retour fréquent de ces jeux établis dans la plupart des villes de la Grèce, fut donc ce qui contribua le plus à mettre en crédit la Gymnastique des Athlètes, & à leur mériter les suffrages du peuple, tandis que les Philosophes les méprisoient pour l’ordinaire.

Les Athlètes avoient un régime particulier. Leur nourriture dans les premiers temps, s’il en faut croire Pline, Oribase, Pausanias & Diogène Laërce, n’étoit que des figues sèches, des noix, & du fromage mou. Selon Pline, un fameux maître de Palestre, nommé Pithagore, & contemporain du Philosophe de même nom, fut le premier qui leur accorda l’usage de la viande, & le premier Athlète qui en mangea, fut nommé Eurymène. Diogène laèrce, L. VIII. Certainement au temps d’Hippocrate ils en mangeoient, comme il paroît par les Epidémies, Liv. V. Ils n’usoient pas indifféremment de toutes sortes de viandes. La plus solide, & par conséquent la plus capable d’occuper long-temps leur estomac, & de fournir une nourriture forte & abondante, étoit préférée à toute autre. Le bœuf, le cochon, assaisonnés d’aneth, avec une sorte de pain sans levain, fort grossier, fort pesant, pétri avec le fromage mou, appelé Coliphium, κωλίφιον, composoient leurs repas. Ils mangeoient ces viandes plutôt rôties que bouillies, & c’est ce régime que quelques Auteurs ont appelé ξηροφαγίαν, Xérophagie, nourriture sèche. Ils se chargeoient ordinairement d’une quantité énorme de cette nourriture. Galien assure qu’un Athlète passoit pour avoir fait un repas fort frugal, lorsqu’il n’avoit mangé que deux mines, ou deux livres de viande, & du pain à proportion. Milon de Crotone étoit à peine rassasié de vingt mines de viande, avec autant de pain, & trois conges ou quinze pintes de vin. On sait qu’une fois ayant parcouru toute la longueur du Stade, portant sur ses épaules un taureau de quatre ans, il l’as-