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ATT

Attaque de front, est celle qui se fait sur le devant ou la tête d’une troupe.

Attaque de flanc, est celle qui se fait sur le flanc ou le côté d’une troupe, d’une armée.

Attaque, dans le sens figuré, signifie certaines paroles dites exprès pour sonder les intentions de quelqu’un, pour le disposer à accorder quelque chose, ou pour le piquer par quelque reproche. Il m’a déjà donné quelque attaque là dessus. Il n’osoit s’expliquer ouvertement, mais il lui faisoit tous les jours quelque attaque. Toutes vos attaques seront inutiles.

Attaque, se dit aussi figurément pour atteinte, insulte. Oppugnatio. Le riche est exposé aux attaques du Démon. Maucroix. Les grands hommes cèdent quelquefois aux plus légères attaques, & il y a toujours dans leur ame quelque endroit mal gardé. Vill.

Attaque, se dit encore figurément en Médecine, du commencement d’une maladie, d’un accès ou paroxysme. Morbi tentatio. Attaque de goutte, de paralysie.

Attaque, en escrime. C’est un mouvement que l’on fait pour ébranler l’ennemi, afin de le frapper pendant son désordre. Encyc.

ATTAQUER. v. a. Commencer une attaque, une querelle, une insulte : être l’aggresseur. Provocare, lacessere, adoriri. Il a attaqué ce pauvre homme qui ne lui disoit mot. Il est du droit naturel de se défendre quand on est attaqué. Cicéron, après avoir hautement blâmé ceux qui attaquent les personnes, au lieu de n’attaquer que les raisons, souilla lui même le Barreau par des injures. Bail. On a établi que c’est aux hommes à attaquer, & aux femmes à se défendre, parce que les hommes se défendroient trop bien. Font. On peut douter de la vertu d’une femme qui n’a point été attaquée. S. Evr. On disoit autrefois attacher : & leur commanda qu’ils allassent attacher l’ennemi. Amiot. Apparemment parce qu’on s’attache, ou qu’on pourroit s’attacher à ceux qu’on attaque.

☞ On dit aussi figurément, attaquer quelqu’un de conversation ; pour dire, adresser la parole à quelqu’un, afin de l’engager à parler. Acad. Fr.

Attaquer, en termes d’Escrime. Voyez Attaque.

Attaquer un cheval. Terme de Manège. C’est le piquer vigoureusement avec les éperons.

Attaquer les ennemis, une place. Oppugnare, invadere, aggredi. Il attaqua l’ennemi jusque dans ses retranchemens. Attaquer en flanc, c’est attaquer les côtés d’un bataillon. On le dit aussi au jeu. Un bon joueur d’échecs doit toujours attaquer. On dit encore attaquer une proposition.

Attaquer, signifie aussi, entreprendre, offenser le premier. On attaque l’innocence par de faux soupçons. Ils attaquent la mémoire de votre père. Vaug. Attaquer un Auteur sur ses ouvrages. Lacessere.

Attaquer, avec le pronom personnel, signifie ☞ offenser ouvertement quelqu’un, ou se déclarer ouvertement contre lui. On ne doit pas s’attaquer à plus fort que soi. Lacessere, adoriri. Le caractère de l’envie est de s’attaquer aux plus louables actions. S. Evr. Tibère n’osa s’attaquer à ma personne, parce qu’il me crut assez aimé des soldats, pour n’être pas attaqué impunément. Vill.

Ce mot marque d’ordinaire le sentiment qui fait entreprendre d’attaquer une personne plus puissante que soi, & qu’on devroit redouter.

Mais t’attaquer à moi ! qui ta rendu si vain ? Corn.


De jouer des bigots, la trompeuse grimace
C’est s’attaquer au ciel. Boil.

ATTAQUÉ, ÉE. part. Oppugatus, lacessitus. Celui qui se sent attaqué dans son foible, conçoit le même dépit qu’une femme laide à qui on présente le miroir. Bell. On dit en proverbe, bien attaqué, bien défendu ; pour dire, que la défense répond à l’attaque.

ATTÉDIER. v. a. Ennuyer, importuner quelqu’un par de mauvais contes, par de sots discours. Fastidium, nauseam parere. Ce méchant prêcheur sait l’art d’attédier, d’endormir ses auditeurs.

Ménage, après Vossius, dérive ce mot de attædiare, qui se trouve dans quelques Auteurs ; pour dire, tædio afficere. Il n’est plus en usage.

ATTEINDRE. v. a. J’atteins. J’atteignis. J’ai atteint. J’atteindrai ; que j’atteigne. Attingere. ☞ Dans le sens propre, frapper de loin avec quelque chose. Il atteignit son ennemi d’un coup de pierre. Atteindre d’un coup de carabine. Ceux qui lançoient des javelots, ne pouvoient atteindre les frondeurs.

☞ C’est aussi attraper quelqu’un en chemin, le joindre en courant après, en allant après. Assequi. Je vous atteindrai avant la dînée. Nous prendrons la poste pour atteindre ceux qui sont devant nous. Tu as beau suivre les Scythes, je te défie de les atteindre. Vaug.

Atteindre, en parlant de l’âge, c’est parvenir à un certain âge. Il a atteint sa douzième année. On ne sauroit disposer de son bien qu’on n’ait atteint l’âge de majorité.

Atteindre un vaisseau, en chassant sur lui. Terme de Marine, synonyme de joindre.

Atteindre, au figuré. Synonyme d’égaler. Plusieurs Poètes ont imité Virgile ; mais pas un ne l’a atteint. Assequi.

Atteindre. v. n. Au propre, c’est toucher a une chose qui est à une assez grande distance pour qu’on n’y puisse pas toucher facilement. Atteindre au but. Atteindre au plancher. Je ne saurois atteindre à la même hauteur que vous.

☞ Au figuré, synonyme de parvenir. Atteindre aux honneurs. Assequi, consequi. Plusieurs Géomètres ont écrit de la quadrature du cercle ; mais pas un n’a atteint au but. Il faut tâcher d’atteindre à la perfection chrétienne. Il vaut mieux exceller dans le médiocre, que de s’égarer en voulant atteindre au grand & au sublime. La Bruy. Tu aspires où tu ne saurois atteindre. Vaug.

☞ Dans cette acception, il se dit aussi activement.

C’est en vain qu’au Parnasse un téméraire Auteur
Pense de l’Art des vers atteindre la hauteur.

Boil
.

On dit proverbialement à ceux qui briguent quelque charge, ou autre chose où ils ne peuvent parvenir, que leur épée est trop courte, qu’ils n’y sauroient atteindre. On dit aussi, il ne faut qu’une queue de vache pour atteindre au ciel, mais il faut qu’elle soit bien longue.

ATTEINT, EINTE. part. Touché, frappé, blessé : dans le propre & dans le figuré. Impetitus, percussus, læsus. Atteint d’une flèche. Atteint d’un coup. Ceux qui étoient atteints de ce mal récitoient des tragédies. Ablanc.

L’ame de désespoir & de fureur atteinte. Cerisy.


Je sais de quels regrets son courage est atteint ;

Ce lâche craint la mort ; & c’est tout ce qu’il craint.
Racin
.

Seigneur, tu vois l’effroi dont mon ame estatteinte.

S. Evr
.

En termes de Palais, on déclare qu’un homme est atteint & convaincu du crime, dans le jugement qui le condamne. Convictus. Il faut remarquer qu’il y a quelque différence entre ces mots atteint & convaincu, en ce que le mot atteint se dit seulement d’un accusé contre lequel il y a simplement des indices, ou des preuves imparfaites, ce qu’on dit autrement, être prévenu du crime : au lieu que le mot de convaincu se dit de celui contre lequel il y a une preuve claire & certaine.

ATTEINTE. s. f. Action par laquelle on atteint ; ☞ ou coup dont on est atteint. Porter une vigoureuse