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ATT

mutuelle, lorsqu’ils tendent à se joindre l’un à l’autre, & lorsque pour en venir à bout, ils sont obligés de faire chacun une partie du chemin qui les sépare.

☞ Les Newtoniens apportent plusieurs preuves de cette gravitation ou attraction mutuelle entre tous les corps qui composent l’univers. Celles qui sont tirées du flux de la mer & des irrégularités que l’on observe dans le mouvement des corps célestes, peuvent passer pour les meilleures.

☞ Ne pas reconnoître que les corps s’attirent mutuellement, & sont portés les uns vers les autres par une loi générale que la nature a établie, c’est vouloir faire revivre les qualités occultes de l’ancienne école, ou adopter les chimères brillantes de l’ingénieux Descartes, qui donne pour cause de la gravité des corps une matière environnant ces corps.

Attraction magnétique. Si l’on présente le pôle boréal d’un aimant au pôle méridional d’un autre aimant, ces deux aimans s’attireront, parce que ces deux aimans ainsi placés, sont chacun entourés d’une atmosphère homogène : leurs atmosphères se touchent, se confondent, prennent la figure ronde, & chassent les deux aimans à leur centre commun. La même chose arrive à deux gouttes d’eau qui ne sauroient se toucher sans se confondre & prendre la figure ronde.

☞ Par une raison contraire, ces deux aimans se fuieroient si l’on présentoit le pôle boréal de l’un au pôle boréal de d’autre, parce qu’alors les atmosphères de ces deux aimans deviennent hétérogènes, non pas quant à la matière dont ils sont composés, mais quant à la direction des corpuscules magnétiques. Ces atmosphères hétérogènes ne sauroient donc se mêler ensemble, lors même qu’elles se touchent, de même que l’eau & l’huile se touchent sans se confondre.

☞ On voit par-là que l’attraction magnétique est bien différente de l’attraction Newtonienne. Celle-ci a pour cause une loi générale du créateur. Celle-là est l’effet d’un fluide magnétique sorti des pôles de la terre, & répandu autour de la pierre d’aimant. Voyez Aimant.

ATTRACTIONNAIRE. s. m. Partisan de l’attraction Newtonienne, qui soutient l’attraction des corps, en avouant que la cause lui est inconnue.

Employez le système de l’attraction au phénomène de l’aimant, où il semble qu’il devroit être de grand usage ; ou à l’électricité, ou à ce qu’on appelle fermentation : vous trouverez que le principe vous abandonnera par-tout, & ne vous donnera l’intelligence de rien… Les Attractionnaires étoient sur-tout enchantés de l’attraction qu’ils voyoient ou croyoient voir dans les corps électriques. On ne pouvoit la méconnoître, & elle agissoit justement comme dans les planètes, en diminuant à la ronde, comme la distance augmentoit. Malheureusement un Philosophe à expériences est venu tout déranger, & en attachant une petite boule de bois à l’extrémité d’une corde de dix ou douze cens pieds, il a trouvé que si on présentoit un tube électrique au milieu, ou même au commencement de cette longue corde, les paillettes d’or, posées à l’autre bout sous la boule de bois, s’y attachoient aussi proprement, que si l’électricité eût agi à un pied près du cube… Spect. de la Nat. T. 4, p. 564, 565.

ATTRACTRICE. adj. f. Qui a la force, la vertu d’attirer. Attrahendi vim habens. La vertu attractrice de l’aimant. La nouvelle Philosophie ne reconnoît point de vertu attractrice, non plus que d’attraction. Newton explique différens phénomènes de la nature, tels que sont la pesanteur, la légèreté, la force élastique, la résistance des fluides, en un mot, toutes les forces qu’il appelle attractrices, ou impulsives. Journal des Sav.

☞ On dit plus communément forces attractives.

ATTRACTYLIS. s. m. Voyez Atractylis.

ATTRAIRE. v. a. Attirer, faire venir à soi par le moyen de quelque appât ou par quelque qualité secrète. Allicere, illicere, allectare. On attrait les poissons avec un appât à l’hameçon. La paille est attraite par l’ambre, le fer par l’aimant.

Attraire, se dit aussi figurément, & signifie attirer par quelque chose qui plaît. Il faut attraire les enfans par la douceur, pour leur faire faire leur devoir. La vertu a le pouvoir d’attraire les esprits les plus sauvages, s’ils la pouvoient connoître. Mézerai s’estservi de ce mot ; mais il n’est presque plus en usage, surtout dans les autres temps que l’infinitif.

ATTRAIT, AITE. part. Illectus.

☞ ATTRAIT. s. m. Ce qui affecte, ce qui attire agréablement. Illecebra, lenocinium, invitamentum. C’est un puissant attrait que la gloire pour les cœurs ambitieux. L’argent a bien des attraits pour les avares. La danse a beaucoup d’attraits pour les jeunes gens. Je me sens beaucoup d’attrait pour la Musique.

☞ Ce mot, employé au pluriel, marque le pouvoir qu’a sur le cœur la beauté, tout ce qui plaît. Les attraits d’une jolie femme : se laisser prendre à ses attraits. Les femmes ne se pardonnent guère sur leurs attraits. La Bruy.

Elle n’a d’autres droits au rang d’Impératrice,
Qu’un peu d’attraits peut-être, & beaucoup d’artifice.
. . . . . . . . . Le destin d’Oreste
Est de venir sans cesse adorer vos attraits,
Et de jurer toujours qu’il n’y viendra jamais. Rac.

Attraits. Appas, charmes, synonymes. Ces mots synonymes par l’idée générale qu’ils présentent ont encore cela de commun, qu’ils n’ont point de singulier quand ils sont employés pour marquer le pouvoir de la beauté, de l’agrément, de tout ce qui plaît sur le cœur : mais ce qui les distingue, c’est qu’il y a quelque chose de plus naturel dans les attraits ; quelque chose qui tient plus de l’art dans les appas ; quelque chose de plus fort & de plus extraordinaire dans les charmes. Les attraits se font suivre. Le cœur de l’homme n’est guère ferme contre les attraits d’une jolie femme. Les Dames sont toujours redevables de leurs attraits & de leurs charmes à l’heureuse conformation de leurs traits. Les attraits viennent de ces grâces ordinaires que la nature distribue aux femmes avec plus ou moins de largesse aux unes qu’aux autres. Des défauts qu’on n’avoit pas d’abord remarqués, & qu’on ne s’attendoit pas à trouver, diminuent beaucoup les attraits. Syn. Fr.

☞ Quand ces mots sont appliqués a ce qui plaît, sans aucun rapport à la beauté & aux agrémens du sexe, alors ceux d’attraits & de charmes, ne s’appliquent qu’aux choses qui sont ou qu’on suppose être aimables en elles-mêmes & par leur mérite, au lieu que celui d’appas s’applique quelquefois à des choses qui sont, & qu’on avoue même haïssables, mais qu’on aime malgré ce qu’elles sont. La vertu a des attraits que les plus vicieux ne peuvent s’empêcher de sentir. L’honneur a de grands attraits pour les belles âmes. Les plus grands attraits se trouvent toujours dans l’objet de la passion dominante. Voyez les autres mots.

☞ On dit aussi, en matière de dévotion, les attraits de la grâce, pour désigner les douceurs intérieures que la grâce fait sentir. Je ne doute point qu’il n’y ait parmi vous bien des âmes que Dieu appelle par un attrait particulier aux plus sublimes exercices de l’oraison. Bourd.

Attrait, est aussi un terme de Coutume. Ce mot veut dire, dans la Coutume de Bretagne, l’attirail, & tout ce qui sert à bâtir, ou à réparer une maison. Instrumenta, ou materia domus ædificandæ, vel reparandæ. Ces mots viennent du latin attrahere.

ATTRAPE. s. f. Piège que l’on tend à quelqu’un pour l’attraper. Tromperie, apparence trompeuse. Tout ce qu’il vous dit là est une attrape. Il n’est que du style familier.

Attrape. Terme de Marine. Corde qui empêche que le vaisseau ne se renverse lorsqu’on lui donne la carène.

Attrape, se dit aussi dans les fonderies de tables en cuivre, d’une pince coudée qui sert à retirer du fourneau les creusets lorsqu’ils se cassent. Encyc.

ATTRAPEMINON. s. m. Ce mot se dit d’un hypocrite, ou d’un cagot ; qui, sous prétexte de douceur & de dévotion, attrape les simples. Dictionnaire des Proverbes.

ATTRAPE-MOUCHES. s. f. Plante dont le fruit est en forme de petite poire renversée, à une seule loge : elle