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ATT

façon. ☞ La propriété constante de l’Être, qui est déterminée par les qualités essentielles. Attributum. La fluidité, la dureté, la mollesse, le mouvement & le repos, se pouvant séparer de la matière, il s’ensuit que tous ces attributs ne lui sont pas essentiels. Malb. Spinosa constituoit l’ame d’une même substance que le corps, avec cette seule différence, que l’ame est conçue sous l’attribut de la pensée, & le corps sous l’attribut de l’étendue.

On le dit dans le même sens des droits, des privilèges qui sont propres & particuliers à une personne à une chose. Un des principaux attributs de la souveraineté est l’indépendance. Ce droit est un des attributs de ma charge.

Attribut, en termes de Logique, est l’épithète qu’on donne à un sujet, & qui lui est jointe. Attributum. Toute proposition est composée d’un sujet, d’un attribut, & de la particule conjonctive. ☞ L’attribut est ce qu’on affirme ou ce qu’on nie du sujet. Dieu est tout puissant. Dieu n’est pas injuste. Dans ces deux propositions Dieu est le sujet, juste & injuste l’attribut.

Attribut, est aussi un terme de Théologie, qui se dit de toutes les qualités & perfections que nous connoissons être en Dieu, & qui sont de sa propre essence, comme la justice, la sagesse, &c. Divina nomina. Il y a en Dieu des attributs positifs, & des attributs négatifs. Les attributs positifs sont ceux qui expriment une perfection qui est en Dieu, comme la bonté, la science, la justice, la miséricorde. Les attributs négatifs sont ceux qui excluent, qui éloignent de Dieu une imperfection qu’il n’a pas & ne peut avoir, tels sont l’impeccabilité, l’immutabilité, l’indépendance, &c. Il y a aussi des attributs absolus, & des attributs relatifs. Les attributs absolus sont ceux qui ne supposent point de relation à un autre attribut, & qui par là sont communs aux trois Personnes divines ; par exemple, la bonté, l’immensité, la justice. Les attributs relatifs sont ceux qui supposent, ou qui emportent avec eux un autre attribut, auquel ils font relation, ou auquel ils sont opposés, ainsi la paternité, la filiation, la spiration active & passive sont des attributs relatifs, parce que la paternité emporte la filiation, & la filiation suppose la paternité. De même la spiration a rapport à la spiration passive, & l’emporte, & la seconde suppose la première.

Attributs, en Sculpture & en Peinture, sont des symboles qui marquent le caractère & l’office des figures. Symbola. Comme la massue est l’attribut d’Hercule, & la palme l’attribut de la victoire, l’aigle & la foudre les attributs de Jupiter, &c.

ATTRIBUTIF. adj. m. ne se dit qu’à l’égard des droits qui sont attribués par quelque Edit ou privilège. attribuens. Le sceau du Châtelet de Paris est attributif de juridiction ; c’est-à-dire que c’est à cette juridiction qu’appartient la connoissance de l’exécution des actes scellés de son sceau.

ATTRIBUTION. s. f. Action de celui qui attribue. Concession de quelque prérogative en vertu de lettres du Prince. Attributio. Le Roi a fait de nouvelles attributions de gages à plusieurs Offices. Quand le Roi établit des commissions extraordinaires, c’est avec l’attribution de juridiction. Quand je vous donne la qualité d’orthodoxe, je vous avertis que c’est sans attribution de droit. S. Evr.

Il se dit aussi de la chose attribuée. Cet Officier jouit de plusieurs attributions de gages & de privilèges.

Lettres d’Attribution. Pouvoir donné par le Roi à des Commissaires, ou à une juridiction subalterne, pour juger une affaire en dernier ressort.

Attribution. Terme dogmatique : objet d’attribution. Voyez Objet.

ATTRISTANT, ANTE. adj. Qui attriste. Tristitiâ afficiens. Nouvelles attristantes.

ATTRISTER. v. a. Affliger quelqu’un, lui donner des sujets de tristesse, le rendre triste. Aliquem mœrore, tristitiâ officere ; mœrorem, tristitiam afferre, inferre. Le vin a été donné à l’homme pour le réjouir, & non pas pour l’attrister. Maucroix. La mort de cet ami m’attriste fort. Il se dit aussi avec le pronom personnel. Mœrere, tristitæ se tradere, tristari. Il s’attriste de la moindre chose. Un vrai Philosophe ne s’attriste point, quelque chose qui lui arrive. Il ne faut pas s’attrister avant le temps, Voyez Triste & Tristesse.

ATTRISTÉ, ÉE. part. pass. Mæstus, mœrens.

ATTRIT. adj. Terme théologique. C’est le nom dont on caractérise ceux qui ont regret d’avoir offensé Dieu, à cause de la crainte qu’ils ont de ses châtimens. M. du Pin dit, après M. de Launoy, que c’est une maxime commune en Théologie, qu’en vertu du Sacrement l’homme d’attrit devient contrit.

ATTRITION. Terme de théologie. C’est une douleur d’avoir offensé Dieu, par la honte d’avoir commis le péché, ou par la crainte d’en recevoir le châtiment. Attritio ; dolor post admissum peccatum, ob debitam peccato pœnam. Elle dispose le pécheur à recevoir la grâce de la justification par l’absolution, dans laquelle consiste principalement la force du Sacrement de Pénitence. Pour disposer à la justification il faut, 1o. Qu’elle soit excitée dans le cœur par un mouvement du Saint-Esprit, & non pas seulement par un mouvement de la nature. 2o. Qu’elle exclue la volonté de pécher. 3o. Qu’elle renferme l’espérance du pardon. Catéchisme de Paris. 1740.

Ce mot vient d’atterere.

Attrition, se dit aussi en Physique du frottement de deux corps durs qui se meuvent l’un contre l’autre. Attritus. La destruction des corps se fait par une attrition réciproque.

☞ Ce mot n’est pas usité. Frottement est seul en usage.

☞ ATTRITIONNAIRE. s. m. Nom qu’on a donné aux Théologiens qui soutiennent que l’attrition servile est suffisante pour justifier le pécheur dans le Sacrement de Pénitence. Opinion condamnée.

☞ ATTROUPEMENT. s. m. Assemblée tumultueuse de gens sans autorité & sans aveu. Coitio, concursus. Ces sortes d’attroupemens sont défendus. Les assemblées des revenderesses publiques, des joueurs de merelles, tourniquets, & autres semblables attroupemens, sont défendus. De la Mar.

ATTROUPER. v. a. Assembler plusieurs personnes en troupe. Cogere, congregare. Il attroupa toute la canaille, tous les fainéans, tous les vagabonds, pour faire une sédition. Il se dit aussi avec le pronom personnel, des personnes qui s’assemblent en troupe. Coire, congregari. Le peuple s’émeut & s’attroupe, il faut craindre une sédition. Les Nouvellistes s’attroupent par pelotons pour réformer l’Etat à leur mode. Les soldats s’attroupent & courent à sa tente. Ablanc. Voyez Troupe.

ATTROUPÉ, ÉE. part. pass. Coactus, congregatus.

☞ ATTROUPÉES, ou ASSEMBLÉES. adj. f. pl. Nom que l’on donne à des glandes voisines les unes des autres.

ATTUAIRE. s. m. Les Attuaires, selon Marcellin, sont une partie de l’ancien peuple François. L’autre partie s’apeloit Salies, ou Saliens. Les Attuaires furent placés dans le Laonois. Val. Not. Gal.

☞ Leur première demeure fut, à ce qu’on croit, au-delà du Rhin, dans la Germanie. Elle étoit encore comme du temps de l’Empereur Louis le Débonnaire, & se nommoit Attuariæ, du nom de ses anciens habitans, ou par corruption Atoariæ. C’est ce dernier nom que lui donne ce Prince, dans le partage de ses Etats entre ses enfans. On reconnoît encore aujourd’hui le nom de ces peuples dans celui de Hatterch ou Halteren, ville située au delà du Rhin, sur la rivière de la Lippe : & c’est en effet ce pays-là qui a été l’ancienne demeure des Attuarii, qui dans la suite ont été transportés dans les Gaules, où ils s’établirent & donnèrent leur nom à différens pays ou cantons.

☞ ATTUND, OTTUND, ou OSTUND. Attundia, ou Ostundia. Contrée de Suède, dans l’Uplande, entre Stokolm, Upsal & la mer. Elle contient huit Bailliages, & c’est ce que signifie son nom.

AU

AU, est, selon le langage de la plupart de nos Gram-