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AUB

hoirs, ou sans lignage, li Roi est hoir, ou li Sies sous qui il est, se il muert el cuer du Chastel.

Quelques Auteurs écrivent Aubin pour Aubain ; le plus grand nombre écrit Aubain : & cela fait l’usage.

AUBAINAGE. s. m. Qui s’est dit pour Aubaine. On a dit aussi Aubanie, Aubanité & Aubainette. Jus peregrinorum hæreditates adipiscendi. Les Chanoines de châlons ont droit d’aubainage & de successions de bâtards. D. S. Jul.

AUBAINE. s. f. Succession d’un étranger qui meurt dans un pays où il n’est pas naturalisé. Jus fisci, vel domini cui obveniunt bona peregrinorum. Un Ambassadeur non naturalisé mourant en France, n’est point sujet au droit d’Aubaine. Les Suisses, les Savoyards, les Ecossois, les Portugais, ceux de Cambrai & d’Avignon, ne sont point sujet au droit d’Aubaine, & sont réputés naturels & régnicoles. Bacquet a fait un beau Traité des droits d’Aubaine. Du Fresne, en son Journal des Audiences, a fait divers Traités du droit d’Aubaine, qui sont d’une grande instruction pour ceux qui fréquentent le Barreau. Deroch. Dans les Traités touchant les droits du Roi, par M. du Puy, il y en a un à la fin sur le droit d’Aubeine, (car il écrit toujours ainsi) dans lequel il examine si le droit d’Aubeine a lieu contre les Princes Souverains étrangers ; & si les parens François peuvent prétendre la part prétendue par leurs parens étrangers, à l’exclusion du Roi ; & il prouve la négative par plusieurs exemples.

l’Aubaine, en quelques Coutumes, est appelée Espavité, & les Aubains Espaves. Comme c’est un droit contraire à l’hospitalité, & à la liberté naturelle, Bouteiller dans son vieux style, l’appelle un droit haineux.

Un aigle sur le champ prétendant droit d’aubaine,
Ne fait point appeler un aigle à la huitaine. Boil

On ne connoît pas trop l’origine du droit d’aubaine. Il y a des Auteurs qui prétendent qu’il est aussi ancien que la Loi Salique ; d’autres disent qu’il est venu des Lombards, & citent sur cela leur Loi, L. 3, tit. 15, qui défendoit à l’étranger, quand il n’avoit point d’enfans légitimes, d’aliéner ses biens sans la permission du Roi. Brodeau sur Louet croit que ce droit a été introduit en France par les testamens de Charlemagne, & de Louis le Débonnaire, parce que ces deux Souverains, qui partagerent leur empire entre leurs enfans, les y réservent aux successions l’un de l’autre, & ordonnent que tous les sujets de ces jeunes Princes se succéderoient aussi les uns aux autres, comme si l’Empire n’eût point été divisé. M. de Laurière, après avoir rapporté ces opinions, dans ses notes sur Ragueau, dit son sentiment, qui est, que le droit d’aubaine tire son origine de ce qui arriva vers le commencement de la troisième race de nos Rois, lorsque les Seigneurs, après avoir ôté la liberté à leurs sujets, la ravirent aussi aux épaves & aux aubaines, qui vinrent dans leurs terres & leurs justices ; d’où il arrivoit que leurs successions, quand ils étoient morts sans enfans légitimes nés dans le Royaume, appartenoient aux Seigneurs. Nos Rois dans la suite jugerent à propos d’unir à leur Couronne un droit si considérable, ce qui étoit d’autant plus juste, qu’il n’y avoit qu’eux qui pussent accorder des lettres de naturalité. Les preuves de ce sentiment de M. de Laurière, se tirent d’un Cartulaire de Philippe-Auguste, de l’ancien Coutumier de Champagne, des Ordonnances de Charles VI.

Aubaine, signifie figurément, tout droit casuel, tout avantage inespéré qui arrive à quelqu’un. Quand il vaque quelques charges dans la Justice de ce Seigneur, ce sont de bonnes aubaines pour lui. Quand il vient quelque succession collatérale, ou inespérée, on dit que c’est une bonne aubaine.

Le P. Bouhours, dans le Recueil de vers qu’il a fait imprimer, écrit aubeine, & non pas aubaine, aussi-bien que M. du Puy, comme nous l’avons observé ci-dessus.

Et que peut faire un tas d’infortunés guerriers,
Qui vivant inconnus à l’ombre des lauriers,
Souffrent, en espérant quelque aubeine future,
Tous les divers fléaux dont tu fais la peinture ?

AUBAN. s. m. Terme de Coutume. On appelle droit d’Auban, un droit qui se paye ou au Seigneur, ou aux Officiers de Police, pour avoir permission d’ouvrir boutique. Il s’entend aussi de la permission même.

AUBANS. Terme de Marine. Funes nautici. Voy. Haut-bans.

AUBARADE. Ancien mot, qui signifie un lieu planté d’aubiers.

AUBE. s. f. Le point du jour, l’aurore, le crépuscule du matin. Diluculum. L’aube commençoit déjà à paroître, quand, &c. Il faut partir dès l’aube du jour.

Ce mot vient de alba, qui signifie blanc, parce que l’aube est proprement cette blancheur qui commence à paroître lorsque le Soleil se lève.

Les oiseaux amoureux, quand l’aube se réveille,
D’un chant mélodieux chatouillent mon oreille.

God.

L’Aube bientôt après d’une clef de vermeil,
Rouvre de l’Orient les portes du Soleil.

P. le Comte.

☞ Dans l’usage ordinaire ce mot ne va point seul. On dit l’aube du jour.

Aube de moulin, est la petite planche attachée aux coyaux sur la jante de la roue, qui le fait tourner en faisant résistance au passage de l’eau qui la pousse. Le locataire d’un moulin est obligé de l’entretenir d’aubes & de coyaux.

Aube. Vêtement de toile blanche qui descend jusqu’aux pieds, dont se revêtent les Prêtres, Diacres, & Sous-diacres, & quelquefois aussi les Clercs qui servent à l’Autel. Alba.

Ce mot vient aussi du latin alba. Le Curé est seulement revêtu de son Aube & de son étole quand il fait l’eau bénite. On appeloit aussi Aube, le vêtement blanc que dans la primitive Eglise on donnoit aux nouveaux baptisés la veille de Pâque, & qu’ils devoient porter huit jours ; d’où vient qu’on appeloit la semaine de Pâque Alba, & le Dimanche qui la terminoit, Dominica in albis.

Aube, en termes de Marine, est l’intervalle de temps depuis le soupé de l’équipage, jusqu’au temps qu’on prend le premier quart.

Aube. Rivière de Bourgogne, en France. Albula. Elle est près d’Auberive, passe à Bar-sur-Aube, à Arcis-sur-Aube, à Anglure, en Champagne, & peu après elle entre dans la Seine, à six lieues de Troies.

AUBEINE. s. f. Voyez Aubaine.

AUBENAS. Ville du Vivarais, en France. Albenacum, Albeniacum. Elle est sur l’Ardesche, entre le Puy & Viliers.

☞ AUBENTON, ou AUBANTON, Abamonium, ou Albamonium. Petite ville de France, en Picardie, dans la Thierache, proche la source de la rivière d’Oise, à six lieues de Rocroi.

AUBEPIN. s. m. AUBÉPINE. s. f. Le premier ne se trouve que dans quelques anciennes Poësies. Touts nos auteurs écrivent aujourd’hui aubépine, ou épine blanche, que le peuple appelle noble épine. Alba spina. Mespilus apii follis sylvestris. Arbre rangé parmi les Néfliers à cause de son fruit. Comme cet arbre ne craint point le froid ni le chaud, qu’il ne trace point, & qu’il est armé de piquants très-forts, on s’en sert pour faire des haies vives. Son tronc est plus ou moins gros, suivant son âge, & suivant qu’on le laisse croître ; il est recouvert d’une écorce cendrée qui est lavée d’un peu de pourpre sur les jeunes branches. Son bois est très-dur. Ses branches sont courtes, armées de piquants plus durs que son bois, & garnis de feuilles vertes, luisantes, coupées en quelques segmens comme les feuilles du persil. Ses fleurs naissent par bouquets d’une odeur agréable : elles sont blanches, de bonne odeur, petites, composées de cinq pétales. Plusieurs étamines occupent leur centre ; chaque fleur a son pédicule long