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AVE

Audition Cathégorique. Terme de Palais. C’est quand on dit à sa patrie : n’est-il pas vrai que vous avez fait cela & cela ? N’est-il pas vrai que je vous ai prêté tant ? &c. Sur quoi on demande qu’elle s’explique clairement, & qu’elle lui soit confrontée, pour voir si elle aura le front de le nier en sa présence.

AUDITOIRE. s. m. Nom collectif. L’assemblée qui écoute quelqu’un qui parle en public. Auditorum cœtus, concio, Auditorium. Il faut qu’un Orateur gagne d’abord la bienveillance de son Auditoire.

Il signifie aussi, le siége où les Juges subalternes donnent audience. Auditorium. Les Juges doivent avoir un auditoire honorable & certain, & situé dans l’étendue de leur Juridiction. Il ne leur est point permis d’emprunter un auditoire hors de leur territoire ; ni de rendre leurs sentences dans un lieu ou suspect, ou peut honnête, comme un cabaret : c’est rendre méprisable la puissance publique. Par cette raison les deniers qui proviennent des amendes, sont d’ordinaire employés aux réparations de l’auditoire. A Rome les Magistrats avoient un auditoire, ou siége de Justice, selon leur dignité. Les magistrats supérieurs avoient de hauts siéges que les Latins appeloient tribunal : les petits avoient de bas siéges appelés subsellia. Les Juges pédanés ainsi nommés parce qu’ils jugeoient debout, tenoient leur siége au portique de l’empereur. Les Hébreux rendoient la Justice à la porte des villes. Autrefois les Juges des Seigneurs donnoient leur sentence sous l’orme, qui d’ordinaire étoit planté devant le manois seigneurial, & qui leur servoit d’auditoire. De-là vient que les Juges de villages sont appelés, Juges sous l’orme.

Auditoire, se trouve aussi pour le lieu où les Professeurs des arts & des sciences font leurs leçons. Il y avoit à Constantinople un capitole où les Professeurs des arts & des sciences avoient leur auditoire. Fleury.

AUDITRICE. s. f. Celle qui écoute. Quoique quelques personnes se servent de ce mot, il n’est pourtant pas encore marqué du sceau du public.

AUDIVI, AUDIVIT. Mots latins que l’on disoit autrefois pour crédit, pouvoir, autorité, comme l’on dit aujourd’hui audiat. Avoir de l’audiat.

Nature dit que mort a l’audivi
Au-dessus d’elle. Marot

J’avois pour lors grandaudivit :
Mais Absalon qui ceci vit, &c.

Jean du Molinet.

AUDORF. Voyez Adorf

AUDRU. s. f. Nom de femme. Austrudis. Austrude, vulgairement sainte Audru, & sainte Ostru, étoit fille du B. Blandin Balson, & de sainte Salaberge. Elle naquit au Diocèse de Toul vers l’an 534. Bail.

AUDRY. s. m. Nom d’homme. Aldricus. Saint Aldric, que le Vulgaire appelle sain Audry, Evêque de Sens, naquit vers l’an 780. Id.

Audry. s. f. Ethildrita, Etheldreda, Ediltruda. Nom de femme. Ethildrite, ou Etheldrède, que les Martyrologes nomment Editrude, & quelquefois Elidru, & que nous appelons vulgairement sainte Audry, fille d’Anne Roi d’Estangle, ou des Anglois orientaux, & de Héreswite, Princesse du sang des Rois de Northumbrie, naquit dans une famille de bénédiction. Baill.

AVE.

☞ AVE. Rivière de Portugal, communément appelée Rio d’Ave. Avus, Avi, Avonus. Elle coule dans la Province entre Duero & Minho, & se jette dans l’Océan à Villa de Conde. Corneille la nomme Rio d’Aves.

AVE. s. m. Mot lain, qui signifie, je vous salue. Il est devenu françois, parce qu’on dit, cinq Pater & cinq Ave. Il n’a point de pluriel. Il y a dans le Rosaire cent cinquante Ave, & quinze Pater. Le Ave d’un chapelet sont les menus grains, sur chacun desquels on dit Ave. C’est la prière qu’on fait à la Vierge, qui contient la salutation que lui fit l’Ange Gabriel au jour de l’Incarnation. Salutatio Angelica. Matthieu Arménien, premier envoyé des Abyssins aux Portugais, dit dans sa relation, que la salutation Angélique est fort en usage dans l’Eglise d’Ethiopie. Voyez Avé maria.

On dit d’un homme ignorant, ou négligent dans la Religion, qu’il ne sait par son Pater & son Ave, qu’il ne dit pas seulement un Pater & un Ave.

Etienne Guichard dérive ce mot Ave de l’hébreu ; car il prétend que de חוה, fut formé en latin, have, comme il se trouve souvent avec une aspiration, & puis ave simplement, omettant l’aspiration forte, comme au lieu de Hava, Eva. Ave tiré de cette racine signifie vive, vivez. Or quelques-uns prétendent que les Anciens disoient avo, pour saluto selon ce que dit Plaute dans le Pœnulus. Havo, cujates estis, aut quo ex oppido… D. Havo M. Salutat, &c. A la vérité on se trompe, Avo n’est point un mot latin ; c’est un terme Punique, ou Carthaginois, qui est l’impératif de חוה, & signifie la même chose que ave en latin ; mais cela n’en prouve pas moins que ave pourroit bien en effet avoir l’étymologie que Guichard lui donne.

AVÉ MARIA. s. m. Salutation Angélique ; la même prière dont nous venons de parler, & que souvent on appelle simplement Ave. On lui a donné ces noms, parce que ce sont les mots par lesquels elle commence ; comme nous appelons l’Oraison dominicale Paster noster ; car c’est assez la coutume de donner pour nom aux prières que l’on dit souvent, les mots par lesquels elles commencent. Le Salve Regina, le Credo, le Confiteor, le Te Deum, &c. Les Juifs en usent de même ; ils appellent une des prières qu’ils disent le plus souvent שמע, schema, parce qu’elle commence par ces mots du Deutéron. VI. 4. שמע ישראל, Ecoute, Israël, &c. Ils ont même donné aux livres & aux parasches ou divisions de l’Ecriture, pour noms les premiers mots par où elles commencent. Bereschit, Schemot, Vajikra, &c.

Au reste, ce nom Ave Maria, comme tous les autres semblables pris des premiers mots de la prières dont ils sont devenus, les noms, est masculin, & n’a point de pluriel. Je n’ai dit qu’un Ave Maria. Voilà un Ave Maria bien long. Vous faites vos Ave Maria bien courts.

On se sert de ce mot pour marquer un espace de temps bien court. Cela n’a duré qu’un Ave Maria. Je ne tarderai point, je ne ferai qu’un Pater & un Ave. En moins d’un Ave Maria, Catane fut abîmée dans le tremblement de terre de 1693. Ces expressions ne sont que du style familier & populaire.

On appelle l’Ave Maria d’un Sermon, l’exorde qu’on fait aux Sermons en France, avant qu’on fasse l’invocation du Saint-Esprit, par l’intercession de la Sainte Vierge, à laquelle on adresse cette prière. C’est aussi l’endroit du Sermon où le Prédicateur implore le secours du Saint-Esprit par l’intercession de la Sainte Vierge. Je suis venu avant l’Ave Maria. Acad. Fr.

On appelle aussi Ave Maria, ou prière de l’Ave Maria, la prière qu’on nomme autrement l’Angelus. Voy. Angelus.

Ave Maria. C’est ainsi qu’on appelle à Paris un Couvent de filles de l’Ordre de Saint François. C’est Louis XI qui fonda le Monastère de l’Ave Maria proche S. Paul. Les filles de l’Ave Maria mènent une vie très-austère. C’est aussi le nom de toute une Congrégation de l’Ordre de Sainte Claire, qui avec celles de la réforme de la bienheureuse Colette, ne voulut point recevoir les dispenses du jeûne perpétuel qu’Eugène IV donna à cet Ordre en 1447, en les réduisant aux jeûnes des Frères Mineurs. P. Hélyot, T. VII, p. 102, 103.

Ave Maria. Frères de l’Ave Maria. C’est, selon Crescenze, un nom que l’on a donné aux Servites. Voyez ce mot.

Ave Maria, ou simplement Ave, se dit aussi des grains du chapelet sur lesquels on dit un Ave.

AVEC. Préposition conjonctive, qui marque quelque assemblage, liaison, suite, connexité ou dépendance de quelque chose, & qui régit l’accusatif. Cum. Philippe