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de l’aversion pour les personnes qui les ont ; elle ne cesse que lorsque ces personnes changent & s’accommodent à notre esprit & à nos mœurs, ou que nous changeons nous-mêmes, en prenant leurs inclinations.

☞ L’aversion fait qu’on évite les gens, & qu’on en regarde la société comme quelque chose de fort désagréable. Voyez Antipathie.

Aversion, en Médecine, action de détourner les humeurs vers une partie opposée, voit par révulsion, dérivation, ou répulsion. Aversio.

AVERTAIN. s. m. & nom propre d’homme. Albertanus. Zégers de Paul, Carme, a écrit en latin la vie du Bienheureux Avertain, qu’un autre Carme avoit composé en italien. Le Bienheureux Avertain étoit Limousin. Il mourut à Lucques au XIVe siècle, dans un voyage qu’il fit pour visiter les saints lieux de Rome.

AVERTIN. s. m. maladie d’esprit qui rend opiniâtre, furieux, ou emporté. Morositas. Quand son avertin le prend. ☞ Ce mot est vieux & hors d’usage.

C’est aussi une maladie des bêtes à corne & des brébis, causée par l’ardeur du soleil, principalement dans le mois de Mars, & qui leur offense tellement le cerveau, qu’ils sont tout étourdis, & ne font que tourner & sauter sans vouloir manger. Vertigo. L’avertin se guérit en faisant boire à l’animal du suc de bette, & lui faisant manger des feuilles de cette herbe, ou bien en lui faisant couler dans l’oreille du jus d’orvale. De Serres.

Ce mot vient de vertigo, qui signifie trouble d’esprit. Borel le dérive de ver, ou de avertere.

On dit proverbialement des enfans qui sont criards & mutins, qu’il les faut vouer à S. Avertin.

AVERTINEUX. s. m. Qui est attaqué de la maladie qu’on nomme avertin, c’est-à-dire, de la frénésie, car ces deux mots sont synonymes.

Quand on dit que S. Acaire guarissoit les acariâtres, je ne doute point qu’on n’ait regardé à l’origine de son nom. Autant est-il de S. Avertin qui guarit les avernaux, cousins germains des acariâtres. Pour le moins on dit que saint Avertin guarit tous maux de tête, desquels nous savons le plus grand être en ceux qu’on appelle avertineux. Apol. pour Hérodote, chap. 38, art. 7, tom. 3, p. 41 & 42 de l’édit.de la Haie 1735.

Nicot, Monet, & Cotgrave, non contens d’avoit mis avertineux dans leurs Dictionnaires, ont dit aussi s’avertiner, pour entrer en fureur, s’opiniâtrer. Voilà donc deux mots bannis en même temps de notre langue. Voyez Vertigineux.

AVERTIS. v. a. Apprendre à quelqu’un une chose qu’il lui importe de savoir, que nous ne voulons pas qu’il ignore ou qu’il néglige. Admonere. Cet espion avertit de tout ce que les ennemis entreprennent. Il faut l’avertir sans cesse de penser à ses devoirs. Un ami qui nous avertit judicieusement de nos fautes, est un bien inestimable. S. Evr. Les grands admirateurs sont de si sottes gens, qu’ils ont souvent besoin qu’on les avertisse quand il faut rire. Id. La mort qui nous avertit tous les jours du peu de temps que nous avons à jouir des biens fragiles du monde, ne modère point nos empressemens. P. Gail.

On dit en général qu’un homme est bien averti ; pour dire, qu’il est bien informé de ce qui se passe.

AVERTI, IE. part. Admonitus.

On appelle au Manége, un pas averti, ou un pas écouté, celui qui est réglé & soutenu, un pas d’école.

On dit en proverbe, qu’un averti en vaux deux ; pour dire, qu’un homme instruit, a un grand avantage, & qu’il est dangereux d’attaquer un homme qui est sur ses gardes. Avertir quelqu’un de son salut ; pour dire, lui apprendre une chose qui décide de toute sa fortune.

Avertir un cheval. Terme de Manégé. C’est le réveiller au moyen de quelques aides, lorsqu’il se néglige dans son exercice.

☞ AVERTISSEMENT. s. m. Admonitio. Instruction qu’on donne à quelqu’un pour réveiller son attention, pour lui apprendre des choses qu’on ne veut pas qu’il néglige. Ce mot vient du latin advertere, considérer. L’avertissement étant fait pour dissiper le doute & l’obscurité, il doit être clair & précis. Il a moins de rapport aux mœurs & à la conduite qu’avis & conseil. On dit des avertissemens, qu’ils sont nécessaires ou superflus.

Avertissement, est aussi le titre qu’on donne à une espèce de petite préface qu’on met à la tête d’un livre pour avertir le lecteur de quelque chose.

Avertissement, signifie aussi, pressentimens, avant-coureurs. La lassitude ou la pesanteur des membres, est un avertissement de quelque maladie.

☞ On dit familièrement, en parlant d’un accident ou de quelque chose qui peut servir à faire qu’on se tienne sur ses gardes, que c’est un avertissement au lecteur.

Avertissement, en termes de Palais, signifie les premières écritures qui servent à l’instruction d’un procès, pour déduire le fait & les moyens de droit. Il n’a pas encore communiqué son avertissement. Requête d’avertissement. Avertissement en droit que met & baille par-devant vous, &c.

Avertissement, se dit aussi d’une petite signification en papier timbré que les Receveurs de la Capitation envoient à ceux qui n’ont pas encore payé.

Avertissement, avis, conseil, considérés comme synonymes. Voyez au mot Avis les nuances qui les distinguent.

AVERTISSEUR. s. m. Celui qui avertit. Montagne. Il se dit particulièrement d’un Officier chez le Roi, qui avertit lorsque le Roi vient dîner. Admonitor, monitor. Il y a des Etats de la Maison du Roi qui en marquent deux qui servent par sémestre. Ces Officiers servent lorsque le Roi est en campagne.

AVES. Roi d’Aves. ☞ Corneille nomme ainsi la rivière que les Portugais nomment Roi d’Aves. Voyez Ave.

L’Îl d’Aves, ou des Oiseaux. Avium insula. Il y en a trois de ce nom. L’une est dans la mer du Nord, parmi les Antilles de Sotto Vento. La multitude des oiseaux qui s’y trouvent, lui a valu ce nom. La seconde est dans l’Archipel des Antilles, à l’ouest de la Guadaloupe. La troisième est dans l’Océan oriental, entre les îles des Larrons & la terre des Papous.

AVÉSA, AVÉSE. Petite rivière du duché d’Urbin, en Italie. Avesa, Aprusa. Elle a sa source au mont Saint Marino, traverse une partie de la Romagne, & se jette à Rimini dans le golfe de Venise.

AVESNE. Ville du Hainaut, aux Pays-Bas. Avenne. Elle est sur la rivière d’Hespres, entre Maubeuge & Landreci.

Avesne-le-Comte, est une autre ville de l’Artois, qui a eu titre de Comté. Avennæ Comitis, ou Comitatus.

Elle est voisine de la Picardie, du côté de Dourlens.

AVESPREMENT. s. f. Vieux mot. Le soir.

☞ AVESPRER. Vieux verbe neutre. Commencer à faire nuit. Advesperascere.

AVETTE. s. f. Vieux mot, qui signifie la même chose qu’Abeille. Ce mot vient de apicula.

☞ AVEU. s. m. Reconnoissance verbale, ou par écrit, d’avoir dit ou fait quelque chose. Confessio. L’aveu suppose souvent l’interrogation. On avoue ce qu’on a eu envie de cacher. La question fait avouer le crime. Un aveu qu’on ne demande pas, a quelque chose de noble ou de sot selon les circonstances, & l’effet qu’il doit produire. C’est manquer d’esprit, d’avouer sa faute sans être assuré que l’aveu en sera la satisfaction ; & c’est une sottise d’en faire la Confession sans espérance de pardon. Syn. Fr. Voyez Confession.

☞ Il se dit aussi du témoignage qu’on rend de ce qu’un autre a dit ou fait. C’est lui qui a le mieux fait, de l’aveu de tout le monde. Ac. Fr.

Aveu, signifie aussi, approbation, ou consentement donné par un supérieur à ce qu’un inférieur a fait, ou a dessein de faire. Approbatio, comprobatio. Il n’a rien fait que par l’aveu du Roi, ou de l’aveu de son pere. Il a l’aveu de ses parens pour ce mariage.

Aveu, en termes de Palais, signifie reconnoissance, ou acte qu’on est obligé de donner au Seigneur de fief, quarante jours après qu’on a fait la foi & hommage, contenant un dénombrement en particulier de toutes les terres qu’on avoue tenir de lui. Clientelaris juris professio. On le joint ordinairement avec le mot dénombrement. Il faut donner à la Chambre des Comptes un aveu & dénombrement de toutes les terres qu’on