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AUR — AUS

Les parties huileuses de l’atmosphère du soleil mêlées avec le tourbillon terrestre reçoivent par le choc ces nouveaux degrés d’agitation, s’enflamment & produisent en automne ces fusées, ces pyramides, ces colonnes de feu, que l’on appelle aurore boréale ou lumière septentrionale. La même chose doit arriver dans le côté opposé lorsque la terre descend ; mais de l’endroit où nous sommes sur la terre, nous ne pouvons découvrir le pôle austral. L’endroit même d’où on pourroit le découvrir, sont des mers immenses, ou des îles désertes, ou tout au plus une partie de l’Amérique près du détroit de Magellan, habitée par des gens qui ne sont ni Physiciens ni Astronomes : il n’est donc pas étonnant que nous n’ayons point eu jusqu’ici d’observations sur l’aurore australe. Mais il y a apparence que cette lumière y paroît, comme vers le pôle septentrional. Au reste l’on doit remarquer une grande variété dans ces fusées, dans ces globes, dans ces cônes, dans ces colonnes, dans ces pyramides, suivant que la matière solaire est plus ou moins dense, plus ou moins légère, suivant qu’elle a telle ou telle direction, suivant que l’air qui transmet la lumière, est plus ou moins pur, plus ou moins grossier, suivant qu’il est plus ou moins élastique.

☞ Il est probable que la matière de l’atmosphère du soleil qui s’étend quelquefois jusqu’à plus de 30 millions de lieues, ne nous éclaire, dit M. de Mairan, que parce qu’elle consiste en des particules inflammables par les rayons du soleil, ou assez grossières pour réfléchir la lumière. Lorsque les dernières couches de l’atmosphère solaire ne sont pas éloignées de plus de 60 mille lieues de la terre, elles doivent, suivant les lois de la gravitation mutuelle des corps, tomber vers notre globe. Lorsque la matière de l’atmosphère solaire se précipite en assez grande quantité dans l’atmosphère terrestre, elle doit nécessairement y causer des aurores boréales.

☞ Enfin si les particules nitreuses, sulfureuses, salines, huileuses & bitumineuses, qui de la terre s’élevent dans l’atmosphère, sont la cause physique des aurores boréales, pourquoi ne sont-elles pas plus fréquentes ? Pourquoi paroissent-elles plus souvent en hiver qu’en été ? Pourquoi les voyons-nous constamment du côté du nord ? Le mouvement diurne de la terre sur son axe ne devroit-il pas, suivant les lois des forces centrifuges, porter vers l’équateur ces parties inflammables ? Pourquoi enfin ce phénomène est-il quelquefois élevé de plus de 260 lieues au-dessus de la terre ?

☞ Sur l’aurore boréale, Voyez ce qu’ont écrit Messieurs Musshembroek, de Mairan, le Monnier, Maupertuis.

Aurore, se dit aussi pour la partie du monde paroît l’aurore, qui est l’Orient. Les peuples de l’aurore ; pour dire, les Orientaux.

On nomme couleur d’aurore, un certain jaune doré & éclatant comme celui qui paroît souvent dans les nues, au lever du soleil. Les couleurs d’aurore se font étant alunées & gaudées fortement, & rabattues avec le raucour, dissout en cendre gravelée, potasse, ou soute.

On appelle figurément une beauté naissante, une jeune fille qui commence à paroître dans le monde, une aurore. Je souhaite que cette aurore soit suivie d’un aussi beau jour qu’elle le mérite. Voit.

Aurore, en Mythologie. Divinité des anciens, sœur du soleil & de la lune. Elle épousa Persée, dont elle eut les vents. D’un autre mariage avec Titon, elle eut Persée. On la représentoit sur un char lumineux, semé de rubis & de roses, pour exprimer les brillantes couleurs qui l’accompagnent. Les Poëtes disent que l’aurore aux doigts de roses vient ouvrir les portes de l’Orient.

Aurore. s. f. Terme de Fleuriste. C’est une renoncule jaune, panachée de nacarat par le dehors de la fleur, sur un fond jaune d’aurore.

Aurore naissante. s. f. Terme de Fleuriste. C’est le nom d’un œillet violet.

AURSPERG. Bourg de l’Autriche, en Allemagne. Aursperga. Il est aux confins de la Carniole, sur une montagne d’où le Gurck prend sa source.

Quelques Géographes croient qu’Aursperg est l’Arupius, ou Arupium, ou Arupenum castrum des anciens Japodes, que d’autres placent à Lipa, en Croatie.

Il y a un autre Aursperg, ou Ursperg dans la Souabe. Aursperga, Ursperga. C’est un bourg avec une Prévôté de l’Ordre de Prémontré, fondé en 1125 & en 1349, érigée en Abbaye. Elle est près de la rivière de Mindel, au midi de Burgaw.

AUS.

AUSANITIDE. Voyez Auranitide.

AUSBOURG. Augusta Vindelicorum. Ville d’Allemagne, dans la Suabe, au confluent du Lech & du Vertach, sur les confins de la Bavière. On dit que les Lycates, partie des Rhétiens, fonderent cette ville, & la nommèrent Damasia. Drusus la prit & la nomma Drusomagus. Après la défaite de Varus, l’an de Rome 739, Auguste la reprit, la rétablit, & y envoya une Colonie de 3000 Citoyens Romains. C’est de-là qu’elle prit le nom d’Auguste, Augusta, qu’elle retient encore ; car Ausbourg s’est fait d’Augustiburgum, composé d’Augusti, nom de l’Empereur Auguste, & de burgum, bourg, nom allemand qui signifie forteresse. Ainsi Ausbourg signifie ville d’Auguste, forteresse ou château d’Auguste. Sous Tibère elle fut nommée Tiberia Augusta. C’est aujourd’hui une des plus belles & des plus considérables villes d’Allemagne ; ville libre & impériale. L’Evêque & le Magistrat d’Ausbourg ont place aux Diètes de l’Empire. La confession d’Ausbourg, Confessio Augustana, sont les articles de la croyance que les Luthériens d’Allemagne, appelés de-là Confessionistes, présenterent à Charles V, le 8e Avril 1530, dans Ausbourg. La hgue d’Ausbourg, fœdus Augustanum, est une ligue faite en 1688, entre l’Empire, l’Espagne & la Hollande, contre la France. L’Evêché d’Ausbourg, Episcopatus Augustanus, un petit cercle de la Suabe renfermé presque entre le Lech & le Vertach, appartient à l’Evêque d’Ausbourg, avec le comté de Dillinghen. Maty. La longitude d’Ausbourg est de 33d, & sa latitude 48d 15′. Voyez Lymnæus, Liv. VII, ch. 4. Imhoff. Notitia Procer. Imp. L. III, c. 9. Le Moine Ardemar dans sa Chronique écrit Osburg.

AUSCH, ou AUCH, ou AUX. Prononcez AUCHE. Augusta Ausciorum, Ausci, Auscum. Ville de Gascogne, sur le Gers, dans le comté d’Armagnac. Elle a un archevêché. Son nom vient de celui des anciens peuples qui l’habitoient, nommés Ausci, & que César place entre les Garites & les Garonnes. Plusieurs savans. & entr’autres Vossius, dans ses Notes sur Méla, Liv. III, ch. 2. p. 234, disent que l’ancienne ville des Ausciens s’appeloit Climberris, ou Ciimberrum, dont parle l’Itinéraire d’Antonin, & que la Table de Peutinger appelle Cliberrum. Méla l’appelle Elusaberris, & sur son autorité quelques Auteurs disent qu’elle eut aussi ce nom ; mais Vossius prétend que c’est une erreur ; que tous les anciens manuscrits ont Eliumberrum, à la réserve de celui du Vatican, où il y a Cliumberrum ; sur quoi Vossius soutient avec assez de fondement, qu’il faut lire Climberrum. Cette ville a 21° 20′, 31″ de longitude, & 43°, 41′, 0″ de latitude. Acad. de Montpel.

AUSCOIS, OISE. s. m. & f. Qui est d’Auch, habitant d’Auch, ou Aux. M. de Marca se sert de ce mot, Hist. de Bearn. Liv. I, p. 35.

☞ AUSE. Rivière de France, en Auvergne, qui prend sa source dans les confins du Forez & de l’Auvergne, passe à saint Antheme, & se jette dans l’Allier. Coul. Riv. de France.

☞ AUSEN. Nom que les Goths donnoient à leurs Généraux, après qu’ils avoient remporté quelque victoire. Ce mot signifioit en leur langue, plus qu’homme, ou demi-Dieu. Mor. qui cite Gornandes.

AUSERON. s. m. Drogue très-rare, qui vient de Perse,