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BIBRACTI. L’autre, DEAE BIBRACTISIGNATUM. Sur la plaque on lit DEAE BIBRACTIP. CAPRIL PACATUS imu VIRAUGUSTA. VSLM. Tout cela prouve en effet qu’Autun est l’ancienne Bibracte. Par-là tombe encore le sentiment de M. Mandajors, Maire d’Alais, qui, dans ses nouvelles découvertes sur l’état de l’ancienne Gaule au temps de César, a prétendu montrer par la marche de ce général à la suite des Suisses, que Bibracte n’étoit point Autun, mais Pebrac, bourg aux confins de l’Auvergne & du Gévaudan, parce que la bataille, dit-il, ne se donna point aux environs de Bibracte, mais à 5 ou 6 lieues de-là.

Coquille, dans son Histoire du Nivernais, prend un sentiment mitoyen, & croit que l’ancienne Bibracte étoit sur la cime de la montagne de Beuvray, en laquelle, dit-il, encore aujourd’hui se tient une foire renommée par toute la France, qui représente beaucoup d’antiquité, car elle se tient chacun an le premier Mercredi du mois de Mai. Au temps du Paganisme (ce sont toujours les paroles de Coquille) les Marchands souloient sacrifier & faire leurs vœux à Maia, Déesse, fille d’Atlas, & à Mercure son fils, en ce mois de Mai, pour avoir leur faveur au trafic de leur marchandise. Le mois de Mai est dit Maïus, en l’honneur de la dite Maïa, ainsi que dit Ovide au V Liv. des Fastes. Mercure étoit le Dieu des Marchands, comme se voit au Prologue de l’Amphitryon de Plaute ; & on voit que cette foire est à jour de Mercredi, dit de Mercure, & au mois de Mai dit de Maia. Il est vraisemblable, ajoute-t-il, que les plus anciennes villes bâties après le déluge, aient été mises ès cimes des montagnes, & depuis à cause de l’incommodité de ces lieux hauts aient été transférées en lieux plus bas, & de plus facile accès. Ainsi les habitans de ce haut Beuvray se soient transférés au lieu où est de présent Autun. Coquille. Mais ce ne sont là que des conjectures, la plupart même allez foibles, quoiqu’ingénieuses. Au reste, Eumentus, dans les derniers mots de son panégyrique à Constantin, semble distinguer la capitale des Héduens de Bibracte. Je ne sais pourquoi M. Thomas ni M. Baudot n’ont point touché cette difficulté, qui a frappé quelques Savans, mais qui au fond ne peut détruire leur sentiment : car le Panégyriste a très-bien pu comparer Bibracte avec elle-même, ce qu’elle avoit été, avec ce qu’elle étoit sous Constantin. Bibracte quidem huc usque dicta est Julia, Pola, Florentia : sed Flavia est civitas Heduorum.

Quelques Auteurs prétendent encore qu’Autun est nommé Aurelianum, & Roma celtica, dans les Anciens ; mais d’autres croient que c’est plutôt Lyon, après lequel Autun tenoit le premier lieu dans la première Lyonnoise. Quoiqu’il en soit, le nom d’Autun ou Austun, comme quelques-uns veulent qu’on écrive contre l’usage ; autun, dis-je, s’est formé du latin Augustodunum. L’on a dit, Augstdun, Augstun, Austun, Autun ; & Augustodunum est composé du latin Augustus, & du mot Gaulois dun, qui signifie élévation, montagne, parce qu’en effet Autun est aux pieds des montagnes appelées le mont Céniz ; ou, comme parle M. Baudot, Autun est bâti sur une colline adossée à une montagne ; & selon cet Auteur, c’est le désir de faire sa cour à Auguste qui lui fit prendre ce nom. Il ne paroît pas qu’on puisse douter de cette étymologie ; cependant Jean Picard, dans sa Celtopédie, p. 128, dit que Bartholomæus Chassaneus, dans son lire des Coutumes de Bourgogne, tire le nom d’Autun, Augustodunum, du grec. Picard semble l’approuver, & pour le confirmer, il dit que l’autre nom de cette ville, Hedua, peut paroître venir aussi du grec ἀπὸ τοῦ ἡδέος, qui signifie doux, agréable. Mais Munier rejette avec raison ce sentiment, persuadé que le mot Heduus est purement celtique.

Quelques Auteurs doutent si c’est Auguste fils adoptif de Jules César, ou quelqu’autre des Empereurs suivans, tous nommés Augustus, qui donna ce nom à cette ville ; mais puisqu’il paroît par Tacite, que dès le temps de Tibère elle s’appeloit ainsi, elle ne peut avoir reçu ce nom que d’Auguste, ou de Tibère ; & puisque dès le VIe consulat de Tibère, c’est-à-dire, la septième année de son empire, elle étoit révoltée, il ne semble pas probable que ce soit lui qui lui eût donné ce nom. Ainsi il faut que ce soit Auguste. Constantin lui donna ensuite celui de Flavia civitas Heduorum, (Voyez Eumenius dans les derniers mots de son remerciment à Constantin) ou seulement Flavia heduorum, comme il dit dans les premiers mots de la même pièce ; & les Citoyens s’appelèrent Flavienses. Dans la suite elle reprit son premier nom d’Augustodunum, qui lui est resté. Autun étoit anciennement la capitale d’une des principales Républiques des Gaules. Il paroît par Tacite à l’endroit que j’ai cité, & par Eumentus, qu’il y avoit à Autun une célèbre & nombreuse Académie, où la jeunesse Gauloise alloit étudier. Il est vrai que dans le panégyrique d’Eumenius, Rhénan & Pighius attribuent cette gloire à Clèves, & que le premier a mis Augusto Cliviensium, à la place d’Augustodunensium. Mais Juste Lipse les a très-bien réfutés dans sa note sur l’endroit de Tacite que j’ai indiqué. Les Druides y avoient leur Sénat. Le lieu où il se tenoit, est celui qu’on appelle aujourd’hui le Mont-Dru, Mons Druidarum, comme ce qu’on appelle le Janitois, étoit un temple de Janus; le Mont-Jou, un mont consacré à Jupiter ; & Marchamp, un champ de Mars, Martis campus. Autun est situé sur une petite rivière nommée Arroux, & que M. Thomas, dans le Livre que j’ai dit, écrit Arroux.

Autun a eu des Comtes, sous l’autorité des Rois Bourguignons, qui passerent la Saône & le Rhône l’an de Jésus-Christ 414. Munier dit que quelque recherche qu’il ait faite, il n’a pu découvrir de Comtes d’Autun avant Artalus, dont parle Sidonius Apollinaris, ép. 18, & qui, dit-il, étoit en charge l’an 460. Autun est un évêché suffragant de Lyon. Sa longitude est 22d, 50’. Sa latitude, 46d, 50’, selon la carte de M. de Lisle. Voyez sur Autun le panégyrique ou remerciment d’Eumentus à Constantin ; le Moine Henri, Erricus Monacus, dans le premier Liv. de la vie de saint Germain, D. Thomæ de Antiquis Bibracte seu Augustoduni monumentis libellus, & les Recherches & Mémoires servans à l’Histoire de l’ancienne ville d’Autun, par Jean Munier, imprimé par Claude Thiroux à Dijon in 4°. 1660. Ce Livre contient trois parties ; la première traite de la République des Anciens Autunois ; la seconde, des Comtes d’Autun, & la troisiéme des hommes illustres d’Autun.

Autun. C’est encore le nom d’un village de Dauphiné, que quelques-uns prennent pour l’ancienne Augusta, que d’autres croient être Aoste. Augustodunum. Il est dans le Royans, entre le bourg du Pont en Royans & la ville de Romans.

AUTUNOIS. Augustodunensis pagus, tractus, ager. Autrefois Hedui. Contrée du Duché de Bourgogne. Elle prend son nom d’Autun sa capitale. L’Autunois est une partie du pays des anciens Héduens. Il confine avec le Nivernois, le Bourbonois, le Charolois, le Chalonois, le Dijonois, & l’Aunois. Dumnorix l’un des plus grands Seigneurs de l’Autunois. Munier. César ayant levé le siège de Gergovie, fit refaire des ponts sur l’Allier pour passer en l’Autunois. Id. Autrefois il comprenoit une longue étendue de pays, qui pouvoit contenir six bonnes journées de chemin du septentrion au midi, depuis la ville de Joigny, en l’Auxerrois, située sur la rivière d’Yonne, qui étoit limitrophe, & faisoit les confins de ce côté-là, entre les seigneuries de ceux d’Autun & de Sens, jusqu’à la rivière du Rhône. Pour sa largeur l’Autunois, ou la république Autunoise, contenoit un peu moins d’Orient en Occident, depuis la ville de Nantua, Chastillon, ou Boulogne, à une bonne journée de Genève, jusqu’à Ganat, ou S. Porsin, proche de la rivière d’Allier, mais en deçà de cette rivière, laquelle séparoit la seigneurie d’Autun de celle des Auvergnats, car tout le Bourbonois dépendoit de ceux d’Autun, & étoit de leur vrai territoire, au rapport de César, Liv. I & VI. Le Rhône les séparoit des Allobroges ; la Saône, des Séquanois ; la rivière de Loire, des Berruyers ; celle d’Yonne des Sénonois ; & le ruisseau de Seine, des Langrois. Munier.

AUTUNOIS,