Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/704

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
680
AZY
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

casse le vaisseau, & on pulvérise ce qu’il contient. Dictionnaire de James.

AZY.

AZYGOS. Terme d’Anatomie. C’est le nom grec qu’on donne à une veine qu’on appelle autrement Sans-pair, (c’est ce que signifie azyga) parce qu’elle se trouve seulement du côte droit : c’est le troisième rameau du tronc ascendant de la veine-cave, qui reçoit seize rameaux, huit qui lui viennent des huit espaces des huit côtes inférieures du côté droit, & autant du gauche.

AZYLE. Voyez Asile.

☞ AZYME. adj. de t. g. Terme de l’Ecriture-Sainte. Qui est sans levain, qui n’est pas fermenté. Azymus, non fermentatus. Le même mot employé substantivement au pluriel, désigne la fête que les Juifs célébroient sous le nom de Fêtes des Azymes. Les pains azymes étoient des pains sans levain, que les Juifs mangeoient dans le temps de leur pâque. Les Juifs avoient grand soin pendant leur fête de pâque, c’est-à-dire, pendant sept jours, de n’avoir en toutes leurs maisons que des pains azymes, & ils faisoient pour cela de grandes perquisitions qu’on voit dans le Traité du Pain azyme, que le sieur Compiegne a traduit du Rabbi Moses, extrait du Talmud. J. C. institua l’Eucharistie après avoir mangé l’agneau paschal avec ses Apôtres au temps marqué par la loi, qui étoit le quatorzième de la lune, sur le soir, où commençoit aussi l’observation des pains azymes, c’est-à-dire, sans levain. God. La dispute des azymes n’est point la cause de la rupture entre les Grecs & les Latins. Photius avoit rompu avec les Papes 200 ans avant qu’elle éclatât. C’est Cerularius qui pour cela, dans le XIe siècle, excommunia les Latins. S. Thomas in-4. Sent. dist. II, q. 2, art.2, quæstione 3, dit que dans les commencemens on ne se servoit que d’azymes dans l’Eglise pour l’Eucharistie ; qu’ensuite l’hérésie des Ébionites, qui disoient qu’on étoit encore obligé aux observances de la loi de Moyse, fit que l’Eglise d’Orient & d’Occident usèrent de pain levé dans ce Sacrement ; que cette hérésie étant éteinte, l’Eglise latine reprit l’ancien usage des azymes, & il cite sur cela un Pape Léon.

Le P. Sirmond, dans une dissertation faite exprès, a montré qu’avant le Xe siècle les Latins ne s’étoient point servi d’azymes, & qu’ils communioient avec du pain levé. Le Cardinal Bona, Rerum Litturg. c. 23, p. 185, doute aussi de ce que dit S. Thomas, parce qu’on ne sait quel est ce Pape Léon qu’il cite. Dom d’Achery, & le P. Mabillon dans les Acta Sanct. Sæc. III, Part. I, pag. 45 & suiv. ont tâché de montrer contre le P. Sirmond, que cet usage étoit plus ancien que le Xe siècle. La raison qu’ils apportent, est que les Pères avant Photius ne parlent point du tout qu’on ait rien changé en cela à la manière dont Jésus-Christ consacra en instituant ce Sacrement, quoiqu’ils parlent des autres changemens ; par exemple du jeûne que l’Eglise exige dans les Consacrans & les Communians. Quant aux autorités qu’ils rapportent, ou bien il n’est point parlé de ferment, ni d’azyme, ou il paroît que les mots de ferment & de fermenté ne s’entendent que du mélange de quelque autre chose avec l’eau & la farine ; ou ils disent seulement comme Léon IX, que jamais personne n’a dit, que ce fût un crime de consacrer avec des azymes, comme le disoit Cérularius : mais Léon ne dit pas que l’on n’ait jamais consacré qu’avec des azymes. Ainsi le sentiment du Père Sirmond se soutient toujours. Jean Ciampini fit imprimer à Rome, en 1688, un ouvrage sur les azymes, qu’il intitula Conjecture sur l’usage perpétuel des azymes dans l’Eglise latine, ou pour le moins dans la romaine. On est convenu dans le Concile de Florence, qu’on peut varier sur cette coutume, selon qu’il plaît à l’Eglise. L’Eglise latine a préféré l’usage des azymes, parce que Jésus-Christ fit la pâque le jour des azymes.

Il y a des médailles sur lesquelles on voit d’un côté, une espèce petit pavillon, qui pourroit passer pour un parasol, avec ce mot grec, ΑΓΡΙΠΑ ; & de l’autre deux épis de blé, avec ces deux lettres, Α d’un côté, & de l’autre, Σ, c’est-à-dire, anno sexto. M. Spanheim s’est imaginé que cela signifioit d’un côté la fête des tabernacles, & de l’autre celle des azymes, ou de pâque, parce qu’on offroit à pâque une gerbe de nouveau blé dans le temple de Jérusalem ; mais deux épis ne sont point une gerbe, & il y a plus d’apparence qu’ils marquent à l’ordinaire une contrée fertile en blés.

Ce mot vient du grec ἄζυμος sine fermento, composé de l’α privatif, & de ζύμα, fermentum.

Les Arméniens & les Maronites se servent aussi de pain azyme, ou sans levain, dans la célébration de la liturgie ; de sorte que quelques Grecs leur ont donné le nom d’Azymites, comme l’a remarqué Abraham Echellensis, dans une lettre qu’il écrivoit de Rome, l’an 1654, au P. Morin de l’Oratoire. Antiquissimus fuit mos iste apud duas orientales nationes, nempè Maronitas & Armenios. Hinc Azymitæ a quibusdam, Scriptoribus Græcis dicti & appellati sunt. Il y a néanmoins peu d’apparence que cet usage soit si ancien chez ces deux nations, principalement chez les Maronites. Car Jean Maron, Auteur d’un Commentaire sur la liturgie des Syriens, qu’Echellensis produit pour montrer l’antiquité du pain azyme, chez les Maronites, n’est pas si ancien que ce Maronite l’a cru. Le Cardinal Bona a remarqué judicieusement, dans son Liv. I des Liturgies, ch. 23, pag. 274, que ce livre de Jean Maron n’a pas l’antiquité que lui donnoit M. Nairon, neveu d’Echellensis. Il ne faut que lire cet ouvrage, dit ce savant Cardinal, pour juger qu’il a été écrit après la dispute des Grecs & des Latins, sur les pains azymes. Patet autem ex contextu, scriptum hunc librum (Maronii) post Græcorum schisma & post lites de azymo excitatas.

Abraham Echellensis prétend encore prouver invinciblement l’antiquité des pains azymes chez les Maronites, par les constitutions de cette Eglise, qui ont été traduites il y a déjà long-temps de syriac en arabe. On lit au chap. 10 de ces constitutions, que Jésus-Christ, lorsqu’il institua l’Eucharistie, prit du pain azyme qui étoit sur la table. Mais il est aisé de juger que ce mot d’azyme a été ajouté après coup ; que les Maronites ont eu plus d’égard en cela, à ce qui se pratiquoit chez eux, qu’a l’institution de Jésus-Christ. Il faut cependant avouer que l’usage des azymes n’est pas nouveau, tant chez les Maronites, que chez les Arméniens ; mais il n’est pas si ancien que ces peuples le prétendent. Comme les uns & les autres ont fait diverses unions avec l’Eglise romaine, & en différens temps, il se peut faire qu’ils aient emprunté des Latins cet usage. L’Auteur de l’Histoire critique de la créance des nations du levant, a fait une remarque au ch. 4 de son livre, laquelle mérite d’être rapportée au long, parce qu’elle éclaircit plusieurs faits qui regardent les coutumes & cérémonies des Chrétiens du levant, & principalement des Maronites. Je passe sous silence, dit cet auteur, quelques actes qui ne se trouvent que dans les livres arabes, & qui ont été composés après la réunion des Maronites avec l’Eglise Romaine. Pour peu qu’on sache l’Hisloire Ecclésiastique, il sera aisé de juger que ces Histoires n’ont aucun fondement dans l’antiquité, & que les Maronites & les autres peuples du levant, qui ne sont point savans dans la critique de l’Histoire Ecclésiastique, ont rapporté à des temps anciens, ce qui n’est en usage parmi eux que depuis quelques siècles seulement. C’est aussi sur ce principe qu’on ne croira pas facilement à l’autorité de Jean Maron, dont le Commentaire sur la Liturgie syriaque de saint Jacques n’a pas toute l’antiquité qu’on lui attribue ; car il contient des faits qui sont postérieurs de plusieurs siècles.

AZYMITE. s m. & f. Qui se sert d’azymes, ou de pain sans levain. Azymita ; qui non pane fermentato utitur. Les Grecs ont appelé les Latins Azymites, parce qu’ils se servoient de pain non levé dans l’Eucharistie. C’est aussi le nom injurieux que Michel Cerularius leur donna, lorsqu’il les excommunia dans l’onzième siècle.